Vers une intégration de la Macédoine à l’UE et l’OTAN ?

La Grèce et la République de Macédoine ont signé un accord historique pour le nom de l’ancienne République yougoslave. Un pas de plus pour une intégration à l’UE et à l’OTAN.

C’est dans le village frontalier de Psarades, en Grèce, dimanche 17 juin, qu’un accord historique a été signé, après 27 ans de querelles. Les gouvernements grec et macédonien se sont mis d’accord sur le nom de ce territoire de 25 000 km², auparavant appelé Ancienne République yougoslave de Macédoine (ARYM). Désormais, il faudra parler de la "Macédoine du Nord". Après six mois de négociation, ce sont les ministres des Affaires étrangères Nikos Kotzias, pour la Grèce, et Nikola Dimitrov pour la Macédoine, qui ont signé ce document historique.

Étaient également présents lors de cette cérémonie, entre autres, les Premiers ministres grec, Alexis Tsipras, et macédonien Zoran Zaev. Ainsi que la représentante de la diplomatie de l'Union européenne, Federica Mogherini.

Ratifié mercredi 20 juin, cet accord est loin d’être anodin car il ouvre une nouvelle page dans le processus d’adhésion à l’Union européenne et à l’OTAN pour la Macédoine. Cette procédure avait commencé le 22 mars 2004, lorsque le gouvernement avait déposé sa demande à Dublin, qui présidait alors le Conseil de l’UE. L’année suivante, la Commission européenne l'officialise et le Conseil européen lui accorde le statut de pays candidat. Le 18 février 2008, le Conseil indique les réformes prioritaires dans le cadre d’une adhésion à l’Union européenne. Mais depuis, malgré les demandes de l’UE d’entamer des négociations, la procédure était freinée par ce conflit macédo-grec.

Même avec cette signature, cet accord ne pourra entrer en vigueur qu’après un référendum national. Les Macédoniens seront appelés aux urnes pour se prononcer “pour” ou “contre” cet accord signé avec la Grèce. Certains partis d’opposition ont déjà appelé à voter “non”. Un millier de personnes ont manifesté, samedi soir, dans la capitale Skopje contre le changement de nom de leur pays. Zaev a expliqué aux députés que ce texte offrait à la Macédoine la reconnaissance internationale qu'elle espérait depuis longtemps, indique l’AFP. Après ce vote, le Parlement devra valider la réforme constitutionnelle.

De l’autre côté de la frontière, dans la ville grecque de Thessalonique, plusieurs milliers de Grecs ont manifesté, dimanche, contre l'accord bilatéral. "Politiciens traîtres", pouvait-on lire sur les banderoles brandies par certains des quelque 4.000 manifestants, selon un journaliste de l'AFP, repris par la RTBF. Un conflit qui date de de 1991, lors de l'éclatement de la Yougoslavie avec l’indépendance de la République de Macédoine. Les Grecs refusaient de reconnaître le nom du pays car ils ne voulaient pas partager le même nom entre la région grecque et le pays. La Macédoine avait été admise aux Nations Unies en 1993 sous le nom provisoire d'ARYM, mais plus de 140 pays, dont la Russie et les États-Unis, ont reconnu le pays des Balkans sous le nom de "République de Macédoine". C’est notamment pour cet aspect historique et géopolitique que les partis nationalistes des 2 pays manifestent pour protester contre cette signature.

Avec cet accord, les choses pourraient donc évoluer pour la Macédoine. "Le Conseil de l'OTAN nous a informés de sa décision de mettre à l'ordre du jour du sommet des 11 et 12 juillet, l'invitation adressée à la Macédoine pour rejoindre l'Alliance", a assuré Zoran Zaev. Mais si la réforme constitutionnelle n’aboutit pas, "l'invitation de l'Otan est annulée et les négociations avec l'UE ne bougent pas", prévient le Premier ministre grec Alexis Tsipras.

Valéry Lerouge et Thomas Cuny