Les 19 ministres des Finances de la zone euro ont une nouvelle fois échoué à se mettre d’accord sur un déblocage de nouveaux prêts et sur un plan d'allégement de la dette grecque. Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, n’a pas pu cacher sa déception à la sortie des huit heures de discussions de la réunion de lundi soir à Bruxelles: « Nous n’avons pas dégagé d’accord global », mais a ajouté que : « de grands progrès avaient été réalisés sur un paquet de mesures et de réformes structurelles […] nous sommes très proches de cet accord. »
Si le président de l’Eurogroupe semble confiant sur un accord lors de la prochaine réunion du 15 juin prochain au Luxembourg, les nerfs des Grecs sont mis à rude épreuve. En juillet prochain, le pays doit rembourser la somme de 7 milliards d’euros à certains de ses créanciers. Le versement d’une nouvelle tranche du troisième plan de sauvetage (86 milliards d’euros au total) est donc urgente et attendue comme une vraie bouffée d’air pour les autorités grecques.
Pour faire face à son énorme dette publique (179% du PIB), la Grèce s’est récemment engagée à mettre en œuvre une nouvelle série de réformes structurelles, toujours plus asphyxiantes pour la population grecque, dont une nouvelle réforme des retraites, la quatorzième depuis le début de la récession en 2010… Mais cela n’a pas suffit pour convaincre Bruxelles.
Les créanciers en désaccord
En fait, le nœud du problème ne semble pas se trouver du côté de la Grèce qui « a totalement rempli ses obligations et à temps », s’est défendu le ministre grec des Finances, Euclide Tsakalotos. En effet, c’est entre les principaux créanciers du pays que le torchon brûle. Depuis plus d’un an, le ministre allemand Wolfgang Schäuble tente en vain de convaincre le Fonds monétaire international (FMI) de mettre la main au portefeuille pour le financement de ce troisième plan de relance. Cependant, le Fonds considère que la dette grecque n'est pas viable à long terme. Plusieurs fois, le FMI s’est positionné fermement pour un effacement partiel de la dette grecque. Inconcevable pour les Allemands à quelques mois d’élections cruciales… Un avis également partagé par d’autres États membres, tels que les Pays-Bas ou la Finlande.
Ce blocage n’est pas sans conséquence sur la santé économique actuelle du pays: Athènes vient de revoir sa prévision de croissance du PIB à la baisse pour 2017 (passée de 2,7% à 1,8%). Ce malaise est lui aussi contagieux auprès des investisseurs du pays qui se découragent face aux échecs répétitifs des négociations sur le dossier de la dette.
Si les désaccords sont encore vifs, ministres allemand et français des Finances, semblent déterminés de mettre fin à la dernière crise au sein de la zone euro. Ensemble, ils veulent ensuite constituer un groupe de travail pour plancher sur le futur de la zone euro. Un accord grandement souhaité par le président Emmanuel Macron qui a confié à Alexis Tsipras sa volonté de : « trouver un accord prochainement pour alléger dans la durée le poids de la dette. »
G. Mercier & V. Lerouge