La commission européenne devrait annoncer demain matin qu'elle prévoit pour 2013 une croissance française à 0,1 % (peut-être même 0 %), et un déficit de 3,6 %
1/ Pourquoi ces chiffres sont-ils importants ?
D'abord parce qu'en matière budgétaire, la commission européenne a de vrais nouveaux pouvoirs : elle peut exiger d'un Etat qu'il revoie sa copie avant même que le budget passe devant son parlement national. D'ailleurs, un accord politique a été trouvé hier à Bruxelles sur ce point précis (ensemble de nouvelles dispositions baptisées "two pack")
Ensuite, parce que si les prévisions gouvernementales relèvent la plupart du temps de la méthode Coué (elles sont d'ailleurs systématiquement revues à la baisse), celles de la commission européenne - qui concernent tous les Etats de la zone euro - sont plus neutres et donc souvent plus justes.
2/ Ces chiffres sont-ils catastrophiques ?
Non, ils sont mauvais mais pas dramatiques. Ils le seraient si la prévision de déficit frôlait les 4 %. En fait, en révisant à la baisse ses prévisions de novembre dernier, la commission européenne intégre logiquement la contre-performance de l'économie française au quatrième trimestre de 2012. Bien sûr, il serait néanmoins plus présentable pour la France et plus acceptable par Bruxelles et nos partenaires européens d'afficher un déficit de 3,5 % maximum.
3/ La France sera t-elle sanctionnée par Bruxelles ?
Non, en tout cas pas tout de suite. La commission européenne estime que la France fait des "efforts", qu'elle est sur "la bonne voie" même si - me dit on- elle préfèrerait qu'elle fasse plus d'économies et qu'elle mise dorénavant moins sur le volet recettes. Paris devrait donc bénéficier d'un délai, d'autant que l'Allemagne - qui connaît elle aussi un "trou de croissance" ne sera pas en position de force pour exiger des sanctions.
4/ La France devra-t-elle effectuer un nouveau "tour de vis" ?
Oui, car il va manquer au moins 8 milliards d'euros dans son budget l'an prochain. Demain, tout en soulignant la trajectoire positive des finances publiques de la France (analyse identique chez S & P), le commissaire européen Olli Rehn devrait recommander à Paris de faire plus d'économies, de ne pas accentuer la pression fiscale pour "ne pas ajouter de la récession à la récession" et éviter ainsi de casser un éventuel redémarrage de notre économie début 2014. Il devrait aussi encourager l'accélération de réformes strucurelles (marché de l'emploi etc...)
Si Bruxelles devrait se montrer compréhensif pour 2013, ses exigences de réduction de déficit pour 2014 devraient en revanche être supérieures. C'est la contre-partie du délai que la commission européenne s'apprête à accorder à Paris.