Ce jeudi, la Commission européenne s’est livrée à sa présentation trimestrielle des prévisions économiques. Le commissaire aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, s’est montré assez optimiste sur les résultats de tous les États membres, et met en garde la France …
“Bonne nouvelle, l’économie de la zone euro rentre dans sa cinquième année de croissance ininterrompue”, s’est exclamé le commissaire européen au début de sa présentation des prévisions. La Commission prévoit une croissance de la zone euro de 1,7% en 2017, un peu mieux que le 1,6% en 2016. Pierre Moscovici rappelle aussi que ce chiffre représente une tendance positive étant donné les incertitudes politiques et géopolitiques, les courants populistes et les défis économiques auxquels le continent est actuellement confronté. Et pour la première fois, Bruxelles prévoit une croissance de tous les pays de la zone euro pour cette année et l’année prochaine.
La Grèce sort la tête hors de l’eau
Après les inquiétudes autour de la poursuite du troisième plan de sauvetage et des doutes soulevés par le FMI sur les réformes budgétaires du pays, le dernier trimestre de l’année 2016 de la Grèce a connu une “faible performance économique”. Victime de négociations difficiles avec ses créditeurs, la Grèce a inquiété les investisseurs. Les chiffres ont alors été revus à la baisse. La Commission table sur une croissance de 2,1% en 2017 et de 2,5% en 2018. Alors que le 13 février, lors de ses précédentes prévisions, la Commission s'attendait à une croissance de 2,7% en 2017 et de 3,1% en 2018.
Fin avril, le pays avait cependant déclaré avoir pu dégager un excédent budgétaire primaire (hors paiement des intérêts de la dette) de 3,9% pour l’année 2016, soit près de huit fois supérieur à l’objectif qui lui avait été assigné. "Cela toutefois ne met pas en danger notre calendrier et les objectifs prévus pour l'excédent budgétaire primaire 2017 ", a commenté le porte-parole du gouvernement, Dimitris Tzanakopoulos. En effet, le pays semble respecter scrupuleusement les réformes structurelles imposées par l’UE. Le pays s’engage donc sur la bonne voie.
La France, bientôt «bonnet d’âne » de la zone euro
Pour la première fois depuis 2007, la France devrait revenir à la limite des 3% de déficit public du PIB autorisés par les Traités. Mais pour 2018, la Commission prévoit une dégradation à 3,8% du PIB, ce qui en ferait le plus mauvais élèves de la zone euro, et le seul à ne pas respecter le critère des 3%. Ce n’est pas la première fois que la France est pointée du doigt. Depuis 2009, le pays est engagé dans la procédure pour déficit excessif qui sous-tend la mise en place d’un volet correctif propre au pacte de stabilité et de croissance de l’UE. Ce n’est pas non plus la première mise en garde de Bruxelles envers Paris. Lundi, Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, s’était d’ailleurs exprimé : « Avec la France, nous avons un problème particulier… Les Français dépensent trop et ils dépensent beaucoup dans des domaines qui ne sont pas bons. Cela ne pourra pas perdurer. » Le président élu, Emmanuel Macron qui semble ravir l’ensemble des institutions européennes par sa victoire, est donc attendu au tournant. La pression va se faire de plus en plus forte pour que la France se tienne à ses engagements budgétaires. Emmanuel Macron était d’ailleurs le seul des candidats à la présidentielle à s'être engagé à rester en 2017 dans "l'épure des 3%". Au pied du mur, le nouveau président pourra difficilement faire marche arrière. Il en va de sa crédibilité pour peser au sein des 28.