On savait les agences de notation capables de défaire les gouvernements (Italie, Espagne, Portugal, Grèce, Irlande etc...), de les faire aussi (Belgique), on découvre à présent qu'elles gèrent directement la zone euro.
S&P a en effet annoncé la mise sous surveillance négative de 15 pays de la zone euro le jour même de l'accord entre Paris et Berlin. Il n'y a évidemment pas de hasard.
Et surtout, l'agence américaine précise qu'elle décidera du sort des quinze pays européens menacés "aussi vite que possible après le sommet européen" de jeudi et vendredi à Bruxelles.
Le message est incroyablement fort : soit le sommet européen résoud définitivement la crise, soit toute la zone euro est dégradée. Avec les conséquences économiques pour l'Europe (et politiques pour Nicolas Sarkozy) que l'on sait.
Jamais une réunion des chefs d'Etats européens ne se sera tenue avec une telle pression extérieure.
Par ailleurs, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont été informés hier matin par Standard and Poor's. Or, on sait qu'avant le week-end, les négociations entre Berlin et Paris étaient trés difficiles. De là à dire que l'accord franco-allemand n'aurait pas été conclu hier sans le coup de pouce de S&P, il n'y a qu'un pas qu'il est impossible de franchir. Mais tout de même, encore une fois, on a le sentiment qu'une décision politique majeure est prise sous la pression des agences de notation. Et qu'en clair, les Etats européens ont perdu depuis longtemps leur souveraineté.