Le président français Nicolas Sarkozy s'est rendu à Francfort au siège de la Banque Centrale Européenne cet après-midi. Il doit y rencontrer la chancelière allemande Angela Merkel et également le président de la commission européenne José Manuel Barroso et le président du conseil européen Herman Van Rompuy. C'est donc bien un "mini-sommet" de crise qui se tient ce soir, alors qu'au départ, il s'agissait simplement de la cérémonie de départ du patron de la BCE, à laquelle Nicolas Sarkozy n'avait pas prévu d'assister.
Alors pourquoi cette accélération des évènements à 4 jours d'un sommet crucial à Bruxelles ? Parce que les discussions entre Paris et Berlin n'avancent pas. Hier, la France a dramatisé les enjeux de la réunion de Dimanche tandis que - comme d'habitude - l'Allemagne a relativisé les décisions qui y seront prises. En fait, la France et l'Allemagne s'opposent sur les deux dossiers principaux : le montant du FESF et l'ampleur de la faillite partielle de la Grèce. Sur le premier point, Paris souhaiterait que le FESF ait un effet de levier maximal pour atteindre 2 000 milliards d'euros. Et la France souhaite toujours que le fond ait le statut de banque. L'Allemagne estime au contraire que les 400 milliards actuels sont suffisants et qu'un "Fesf-banque" serait en concurrence avec la BCE. Sur le deuxième point, Berlin voudrait une décôte maximale de la dette grecque : 50, voire 60 % ou plus. Les banques et les établissements financiers seraient donc perdants d'au moins 180 milliards d'euros (la moitié de la dette d'Athènes). Panique à Paris, parce que comme les banques françaises sont trés exposées aux pays comme l'Italie, l'effet de contagion leur serait préjuduciable. Il faudrait donc les recapitaliser, sûrement avec de l'argent public et notre pays n'a plus un sou et pourrait perdre son AAA.
C'est donc cela qui va se jouer à Francfort, autour des petits fours du pot de départ en retraite de Jean-Claude Trichet...Le pot le plus médiatique qu'ait connu l'Europe depuis bien longtemps.