Cette semaine à Strasbourg, les députés européens ont massivement voté pour l’adoption d’un rapport d’initiative visant à limiter le recours à l’huile de palme sur l’ensemble du territoire européen. L’Union européenne, en tant que deuxième plus grand importateur mondial de cette huile, a lourdement contribué à la plus rapide et la plus grande déforestation connue à ce jour.
« Je suis tombée sur une réelle boite de Pandore dans ce dossier », s’est exprimé Kateřina Konečná, la députée européenne tchèque (GUE) tant le dossier sur l’huile de palme était épineux. En effet, les dommages collatéraux de la consommation européenne de cette huile végétale sont nombreux : 40% de la déforestation mondiale est liée à des plantations en monoculture de l’huile de palme, travail d’enfants, infraction des droits humains, torture, corruption de multinationales… Si une prise de position forte de l’Union européenne (UE) se fait urgente, c’est parce que nous utilisons cette huile partout dans notre vie quotidienne : shampoing, biscuit, pâte à tartiner, pain, carburant, dentifrice…
Alors que les pratiques de cette monoculture intensive se sont fortement dégradées dans les pays producteurs, principalement en Indonésie et en Malaisie, mettant en péril les populations locales et les espèces animales, la consommation d'huile de palme a explosé en Europe ces dernières années. Ce sont sept millions de tonnes qui sont importées chaque année au sein de l’UE, soit une consommation annuelle de plus de 12 litres d’huile de palme par Européen. C’est cependant dans le biocarburant que 60% de l’huile de palme importée en Europe est quotidiennement utilisée. Face à une telle consommation, c’est un réel enjeu environnemental qui est en train de se jouer à nos portes, comme a pu le rappeler la députée tchèque : « Nous sommes en train de détruire les forêts pluviales qui sont les poumons de notre planète ».
« Il faut agir vite »
Le rapport proposé par la commission parlementaire dresse un ensemble de bonnes pratiques pour une consommation plus respectueuse de l’environnement, dont quelques mesures phares telles que : l’élimination d’ici 2020 des huiles végétales tropicales dans les biocarburants, un système de certification unique visant à promouvoir une production durable de l’huile de palme. Parallèlement l’idée est aussi de créer une traçabilité efficace des produits entrant sur le territoire européen afin d’éviter l’arrivée d’huiles illégales ou non durables, ou encore un système d’étiquetage unique pour l’ensemble des consommateurs. Si les ONG rejoignent les députés sur l’ensemble des propositions, elles insistent cependant sur l'urgence de la situation : « Il faut agir vite […] et mettre en place un plan contraignant à une échelle européenne. C’est la Commission qui doit mettre en place un contrôle à grande échelle », rappelle Sébastien Risso de Greenpeace Europe. Le commissaire à l’Environnement, Karmenu Vella, a pour sa part rappelé que le dossier constituait « une priorité pour l’UE et la Commission européenne ».
Si l’ensemble de l’hémicycle européen a accueilli le rapport très positivement (adopté par 640 voix contre 18, avec 28 abstentions), il ne constitue pas encore un acte contraignant. Cette résolution non-législative est maintenant entre les mains de la Commission européenne qui devrait rapidement actionner une procédure législative ordinaire.