Créant la surprise, l'italien Antonio Tajani a été désigné candidat du groupe PPE (Parti Populaire Européen, conservateurs) pour la course à la présidence du Parlement européen. Avec 98 voix, il devance l'irlandaise Mairead McGuinness (57 voix) et le français Alain Lamassoure (38 voix), pourtant donnés grands favoris pour le poste.
Le candidat de la droite conservatrice européenne est en bonne voie pour accéder au perchoir. Après l'annonce de la démission de Martin Schulz (S&D) en novembre dernier, la logique voudrait que le poste échoue aux mains de l'opposition. L'actuel président du Parlement avait en effet négocié son deuxième mandat en 2014 avec, en contrepartie, un pacte parlementaire exigeant que le prochain président soit issu du groupe majoritaire, soit le PPE avec 216 membres.
Mais cette perspective fait grincer des dents. Des eurodéputés refusent de voir les trois principales institutions européennes présidées par le PPE (dont sont issus Jean-Claude Juncker et Donald Tusk, respectivement présidents de la Commission et du Conseil).
De plus, le candidat italien est loin de faire l'unanimité. Antonio Tajani est membre de Forza Italia, le parti du sulfureux ancien Premier ministre Silvio Berlusconi, dont il a par ailleurs été porte-parole. Dans son curriculum vitae, il peut faire prévaloir son mandat de commissaire européen à l'industrie sous José Manuel Barroso, occupé de 2010 à 201, mais son mandat est entaché par le scandale Volkswagen. Antonio Tajani est critiqué pour son inaction dans l'affaire des moteurs diesel aux tests de pollution truqués.
Rien n'est joué
Rompant l'accord passé avec le PPE, le S&D a choisi de présenter son propre candidat à la présidence du Parlement, Gianni Pittella, un italien aussi. Aujourd'hui président du groupe des socialistes et démocrates, il est présenté comme le candidat qui veut tourner la page des politiques d'austérité. Il a aussi justifié sa candidature comme la "seule solution" pour réactiver le clivage gauche/droite, "face à la résurgence des mouvements nationalistes et eurosceptiques".
Cependant, aucun des deux groupes parlementaires ne détient la majorité absolue. Il faudra miser sur les autres groupes susceptibles de faire pencher la balance. L’issue reste ouverte. L'élection du président du Parlement se tiendra le 17 janvier 2017.