Le réalisateur Kleber Mendoça Filho à Cannes en 2016. © AP Photo/Thibault Camus
C’est l’un des cinéastes les plus doués de sa génération. Le réalisateur brésilien Kleber Mendoça Filho s’est vu confié la présidence de la 56ème édition de la Semaine de la Critique, la compétition du festival de Cannes qui récompense les premiers et seconds films. L’occasion pour le cinéma brésilien, toujours plus contestataire, de briller à l’international.
C’est avec « Aquarius », son deuxième long-métrage, que le réalisateur s’est élevé au rang des plus grands. Cette critique acerbe de la société brésilienne met en scène une femme libre qui entre en guerre contre une entreprise immobilière véreuse. En portant le film en compétition officielle pour la Palme d’Or à Cannes l’année dernière, Kleber Mendoça Filho s’est implanté sur la croisette. Il s’érige désormais en chef de file d’une nouvelle vague de cinéastes brésiliens reconnus à l’international.
Photo du film « Aquarius », 2016 » © 2016 Victor Jucá / CinemaScópio
Le réalisateur est aussi connu des médias brésiliens et internationaux pour son esprit contestataire. L’année dernière, en plein festival de Cannes, Mendoça et son équipe ont profité de la fameuse montée des marches du Palais du Festival pour protester contre la procédure de destitution de l’ancienne présidente Dilma Rousseff, aujourd’hui remplacée par son vice-président, l’impopulaire président intérimaire Michel Temer. La polémique avait enflé au Brésil, si bien que son film n’avait pas été retenu pour représenter le pays aux Oscars. Mendoça n’a pas que des amis au Ministère de la Culture brésilien…
Kleber Mendoça Filho (quatrième en partant de la droite) et l’équipe du film « Aquarius » à Cannes en 2016, protestent contre la destitution de Dilma Rousseff © 2016 Getty Image
Mais cette nomination confirme bel et bien que le cinéma brésilien est en bonne santé, forgé sur des airs de révolte. Avec des films comme « Une seconde mère » d’Anne Muylaert, ou encore « Casa Grande » de Felipe Barbosa, ce cinéma dresse depuis quelques années le portrait d’une société brésilienne inégalitaire, figée dans ses rapports de classe et encore profondément xénophobe. En 2012 Kleber Mendoça Filho est d’ailleurs remarqué pour son premier long-métrage « Les Bruits de Récife », théâtre social et cruel d’une classe moyenne faussement moderne.
Alors que le pays traverse une récession économique historique et que son gouvernement enchaine les affaires de corruption, le réalisateur va-t-il de nouveau témoigner son mécontentement à Cannes ? La compétition commence le 18 mai prochain….
Marlène Haberard spécialiste cinéma pour Fanny Lothaire...