"Folle", "bizarre" ou "méritée": la presse allemande analyse la victoire des Bleus

AFP

Une finale complètement “folle”, marquée par l’arbitrage vidéo et un président français plus offensif que l’équipe gagnante. Voilà ce que dit la presse allemande sur la victoire des Bleus.

C’était “la finale la plus folle de tous les temps”, titre le quotidien populaire Bild en faisant la liste : un penalty grâce à l’arbitrage vidéo, un but de Mandzukic contre son camp, une erreur de gardien incroyable, quatre envahisseurs de terrain, et puis le déluge, cette pluie presque mystique qui a accompagnée la victoire des Français dimanche. Le quotidien berlinois Tagesspiegel est d’accord : “Cette finale n’offrait pas seulement plein de buts, mais aussi des scènes bizarres.”

"Vive la vidéo!"

Première bizarrerie relevée par tous les médias allemands : l’usage de l’arbitrage vidéo, qui a joué deux fois en faveur de la France d’après eux. D’abord la non-intervention de l’arbitre vidéo fait revenir un coup franc non mérité à Griezmann qui s’était laissé tomber, puis le recours à la vidéo trahit la main de Perisic et donne le penalty aux Bleus. “Vive la vidéo!”, titre encore Bild, hargneux. Le quotidien n’est pas le seul à se montrer très critique sur les deux premiers buts français, jugés “pauvres” par la majorité de la presse allemande. L’hebdomadaire Die Zeit dénonce la victoire “étrange” des Bleus : “Ils n’ont pas attaqué et ont quand-même marqué beaucoup de buts”.

L’ancien champion du monde allemand Lothar Matthäus prédit dans Bild : “Il n’y aura pas d’ère française! [...] Je ne pense pas que l’équipe tricolore va dominer le football mondial comme l’a fait l’équipe brésilienne dans les années 1960 ou les Espagnols autour de 2010.” Pour lui, “l’équipe n’a pas inventé son style de jeu, ni convaincu par un football fascinant”.

"Une équipe qui le mérite"

Mais les Bleus trouvent aussi des supporters parmi les médias allemands : même si leur jeu n’était “pas un feu d’artifice footballistique”, “l’équipe a brillé avec du pragmatisme froid”, écrit le quotidien Die Welt qui souligne la bonne défense et les contres réussis. Pour le magazine de foot 11 Freunde (“11 amis"), “la France n’est peut-être pas un champion brillant, mais tout à fait digne”. Die Zeit s'enthousiasme : “Une jeune équipe bénie par le talent qui mérite d'être championne.” Le journal s’est notamment réjoui de la manière dont les Bleus ont célébré leur victoire sur le terrain, “à la fois humble et avec une joie enfantine”. Ce seraient des “bon gagnants”.

Didier Deschamps et son équipe célèbrent leur victoire au stade de Moscou. (AFP)

Mbappé et Griezmann, les chouchous des Allemands

Faute d’adhérer au style de jeu de l’équipe tricolore, la presse allemande loue le talent individuel des joueurs. Nombreux sont ceux qui célèbrent Kylian Mbappé, “l’attaquant prodige” comme l’appelle 11 Freunde, un champion du monde de 19 ans avec des “dribbles à toute vitesse” et des buts puissants. Bild y voit déjà “un bon candidat pour le Ballon d'Or 2018”.
Pour d’autres médias, comme le quotidien FAZ, c’est Antoine Griezmann, la “figure centrale de ces champions du monde” : il aura été décisif dans la plupart des buts français au cours de ce championnat et a notamment réalisé les deux standards de ce match. Le magazine sportif Kicker, grande référence quant au foot, lui attribue la meilleure note parmi tous les joueurs français et croates : 1,5 sur 6.
L’attaquant Olivier Giroud en revanche essuie de lourdes critiques : notamment Die Zeit parle de lui comme attaquant “sans but, sans tir, sans effet”.

Une finale politique

Au-delà du foot, on parle aussi beaucoup en Allemagne de la joie du président Emmanuel Macron, qui amuse beaucoup les rédactions : “France : l'attaquant était le président”, titre Die Zeit. La photo le montrant en pose “Elvis Presley” dans les rangs du stade s'affiche sur beaucoup de unes de journaux. “L’image de la soirée”, d’après FAZ.

Pour 11 Freunde, cette victoire devant les yeux du président français était un moment politique : "la France en Marche, championne du monde” a célébré à Moscou un moment de grandeur comme elle n'en avait pas vu “depuis longtemps”. Même si l’Allemagne a bien noté que, sous la pluie battante de la fin du match, Vladimir Poutine a obtenu un parapluie bien avant le président français, et un plus grand qui plus est. Raison pour de nombreux tweetos allemands de s’amuser avec ce jeu de mots qui a fait le tour de la presse : Poutine serait le “maître des parapluies” (Schirmherr), le mot composé allemand signifiant le parrain qui “chapeaute” un événement.

 

Par Anja Maiwald