Foot féminin: l'élève français en passe de dépasser le maître allemand

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Première au classement FIFA, l'Allemagne domine le football féminin. Mais les défaites en quart de finale de Ligue des Champions du Bayern Munich et de Wolfsburg face au PSG et à l'OL montrent que les équipes françaises peuvent aujourd'hui rivaliser. 

Double succès français face aux meilleures footballeuses allemandes

Après avoir perdu lors du match aller (1-0), les filles du Paris Saint-Germain ont surclassé le Bayern Munich (4-0), en quart de finale retour de la Ligue des Champions féminine, hier soir au Parc des Princes. Les Parisiennes ont fait la différence avec des buts de Delie (4e), Crisitiane (12e) et Cruz (42e), en première période. Cristiane s'est offert un doublé en seconde période (52e). Le Paris SG affrontera donc le FC Barcelone en demi-finale, une équipe qu'elles avaient déjà éliminée la saison passée.

L'Olympique Lyonnais a en revanche perdu 0-1 contre Wolfsburg au match retour, mais son match aller à l'extérieur gagné 2-0 lui assure une qualification en demi-finale. Un double succès français face aux meilleurs clubs allemands qui fait dire à Jean-Michel Aulas, le président de l'OL: "c'est réconfortant pour le football féminin qui a tardé à prendre son envol"

Le foot féminin français apprend beaucoup de l'Allemagne

Si les Allemandes sont sur le devant de la scène internationale, les Françaises sont aujourd'hui juste derrières et se rapprochent petit à petit. Une confrontation entre les deux nations qui s'avère stimulante : victorieuses de la Ligue des Champion 2016 face à Wolfsburg, Jean-Michel Aulas explique alors au Monde que « cette victoire donne une dimension supérieure à l’OL, car le football allemand est supérieur au nôtre. »

Mais la France souffre encore d'un problème d'homogénéité par rapport à l’Allemagne. Le football féminin français est très largement dominé par deux clubs : l’Olympique Lyonnais et le Paris Saint-Germain, qui bénéficient aussi des plus gros budgets (7,5 millions d’euros pour le PSG, 5,5 pour l’OL, certes très loin des centaines de millions des clubs masculins). L’OL et ses trois titres de championne d’Europe, a remporté 14 fois le championnat de France, ne laissant pas beaucoup de chance aux autres petits clubs français. En revanche, l’Allemagne présente plus de diversité avec plusieurs très bons clubs : le Bayern Munich et Wolfsbourg, mais aussi Francfort ou le Turbine Potsdam. Cela permet d’offrir une vraie concurrence lors des compétitions nationales et donc une meilleure progression au sein des clubs.

Si l'Allemagne présente des équipes féminine de cette qualité, c'est aussi parce que les footballeuses sont entrainées dès le plus jeune âge. Un modèle dont la France veut s'inspirer. En 2015 déjà, Brigitte Henriques, à l’époque secrétaire générale de la Fédération française de football (FFF), prenait exemple sur l’Allemagne pour développer les équipes féminines françaises : « lorsqu’on a demandé à nos homologues allemands la base de leur succès, ils nous ont parlé de l’importance de la préformation et du football à l’école. Ils ont plus de dix ans d’avance sur nous, mais cela nous a inspiré l’opération « le football des princesses », à destination des écolières et des collégiennes, ainsi que le développement de centres de perfectionnement dans chacune de nos 26 ligues nationales ».

La progression du football féminin en France

Développée en 2011, l’opération « le football des princesses » s’est déroulée sur plusieurs années afin de promouvoir le football féminin dans les établissements scolaires et les associations sportives. D'autres initiatives se sont développées depuis et elles ont porté leurs fruits. En avril 2016, la FFF a célébrée sa 100 000e licenciée de foot, une progression fulgurante car la Fédération n’en comptait que 51 000 en 2011. Il reste cependant de gros progrès à faire pour atteindre le million de pratiquantes recensées en Allemagne.

Les équipes françaises commencent pourtant à avoir une réelle stature.  Vero Boquete, joueuse espagnole du PSG, confiait notamment au Parisien qu’elle était ravie de jouer au symbolique Parc de Princes pour le match face au Bayern Munich : « c'est un rêve. Même si les filles y ont déjà joué, ce sera une première pour beaucoup. C'est là que tu te rends compte que le football féminin est en plein développement et de plus en plus considéré. C'est une belle opportunité pour promouvoir notre sport auprès du plus grand nombre ». Le foot féminin français fait aussi face à de belles perspectives d’avenir avec la Coupe du Monde de 2019 qui aura lieu en France et qui stimulera d’autant plus l’intérêt des spectateurs pour le sport. Les droits de diffusion de cette 8ème édition ont d'ailleurs été  achetés par TF1, qui espère réaliser de bonnes audiences.

 

Par Sibylle Aoudjhane