Dans son discours sur l’Europe, le chef de l’État a présenté ses idées pour “relancer” le projet européen. Ce matin, toute la presse allemande salue la volonté du président français de réformer l’Europe.
Pour le quotidien allemand Die Welt, “Macron veut trop, mais au moins il veut quelque chose”, “il n’existe presqu’aucun domaine pour lequel Macron n’a pas proposé une réforme”. Die Zeit salue les propositions de Macron: “L’Union européenne a besoin de cette pression” et souligne que Berlin attendait que la France s’implique plus dans le projet européen: “Ces dernières années, on entendait toujours les mêmes lamentations: on veut faire avancer l’Europe. Mais on ne peut pas faire beaucoup, tant qu’un François Hollande gouverne à Paris.” Le journal poursuit: l’Allemagne aurait espéré depuis plusieurs années qu’un président plus fort vienne diriger la France: “La France a désormais avec Emmanuel Macron un président fort qui place l’Europe au centre de sa politique. Et L’Allemagne a une chancelière affaiblie”. Et le journal de conclure d’une formule lapidaire: vue de Bruxelles, « Angela Merkel est le nouveau François Hollande ».
Les résultats des élections législatives n’ont pas seulement déstabilisé Merkel en Allemagne mais également à l’échelle internationale. La chancelière doit former une coalition avec des partis aux projets diamétralement opposés et ne peut donc pas s’affirmer face à Emmanuel Macron. Le président français risque de se heurter à un obstacle majeur: le FDP. Les Libéraux affirment depuis plusieurs semaines qu’ils ne soutiendront pas les projets de Macron pour l’Europe. L’euro-député Alexander Graf Lambsdorff a déclaré à la télévision publique WDR: “Macron a beaucoup de bonnes idées. Mais aucun budget de la zone euro ne se fera avec le FDP”. Pour le Spiegel, la stratégie de Macron était bien choisie: séduire l’Allemagne pour réformer l’Europe. En proposant une réforme du Traité de l’Élysée et en insistant sur le rôle crucial de la relation franco-allemande en Europe, Macron a cherché à instaurer un climat de confiance pour faire passer plus facilement des propositions auxquelles l’Allemagne n’était pas préparée.
Coalition jamaïcaine: les négociations s’annoncent très longues
Angela Merkel n’a pas le choix: elle doit parvenir à former une coalition gouvernementale avec les Verts et les Libéraux. Les négociations pourraient prendre plusieurs mois. La cause: les élections régionales en Basse-Saxe qui auront lieu le 15 octobre. Pour Horst Seehofer, le chef de la CSU, les partis ne peuvent pas prendre le risque de perdre leurs électeurs régionaux. Selon lui, les compromis faits pour le bien de la coalition leurs feront obligatoirement défaut. Les Verts ont annoncé hier qu’ils étaient prêts à négocier. Cem Özdemir a convoqué 14 membres de son parti pour examiner le projet d’une coalition “Jamaïque”, ainsi nommé en raison des couleurs des trois partis, le vert, le jaune des libéraux et le noir de la CDU, qui rappellent le drapeau jamaïcain.
Ce matin, le quotidien allemand Bild explique que tous les espoirs d’une coalition Jamaïque reposent sur les épaules d’un seul homme: Peter Altmaier. Le chef de cabinet d’Angela Merkel est un habitué des négociations compliquées. Déjà sous le chancelier Kohl, Altmeier avait créé la “Pizza-Connection”: des rencontres politiques avec des élus de différents partis. Lors d’un tout premier diner, Peter Altmaier de la CDU, avait déjà échangé avec Cem Özdemir et Katrin Göring-Eckardt des Verts.
Siemens et Alstom: fusion de deux concurrents
C’est dans un bref communiqué que le groupe français Alstom a confirmé lundi “l’existence de discussions avec Siemens relatives à un possible rapprochement [avec] la division Mobility de Siemens.” Tout est ensuite allé très vite. Mardi soir, le directeur général de Siemens, Joe Kaeser a confirmé qu’une alliance allait être signée et a déclaré: “Nous réussissons avec nos amis d’Alstom à devenir le nouveau champion européen de l’industrie ferroviaire”. L’entreprise allemande qui négociait depuis plusieurs mois avec le canadien Bombardier a finalement choisi son concurrent français Alstom. Le carnet de commandes alléchant du groupe français a permis de rassurer les employés du groupe Allemand.
Au total, ce sont pas moins de 62 300 postes qui devraient être conservés, grâce à cette union. Les deux constructeurs du TGV et de l’ICE espèrent concurrencer la Chine avec un nouveau projet européen. Les dirigeants de Siemens et Alstom devraient officialiser la création de “Siemens-Alstom” lors d’une conférence qui se tiendra, cet après-midi, à Paris.