Quoi de mieux qu’une conférence de presse de rentrée pour répondre à ses adversaires? Son concurrent, Martin Schulz reprochait depuis plusieurs semaines à la chancelière d’éviter les sujets sensibles: l’immigration et la crise du diesel. Alors c’est sur ces mêmes thèmes qu’Angela Merkel a débuté ce traditionnel rendez-vous de la fin de l’été avec la presse. Sur l’immigration, aucune surprise mais des clarifications. La chancelière est revenue sur les propositions faites la veille à Paris, lors d’un sommet réunissant dirigeants de pays africains et européens. Elle souhaite que les pays d’Afrique s’investissent plus dans l’accueil de réfugiés, pour limiter les arrivées de migrants en Europe. Si cette proposition apparait comme une contradiction avec sa politique d’accueil, Merkel justifie sa décision prise en 2015: “Il était juste et important que nous nous occupions de ces personnes en état d’urgence.” Quant au diesel, elle évoque “une grande déception” face aux comportements des constructeurs mais reconnait que la crise de l’industrie automobile ne peut être le sujet principal de cette campagne. Pas de propositions concrètes donc pour sortir de la crise, un secteur qu’elle a toujours défendu.
Si la liste des thèmes évoqués pendant ces 90 minutes est longue, aucune nouvelle proposition n’a été présentée. Interrogée sur sa possibilité de surprendre encore les journalistes, Merkel souhaite, sans ironie, “faire de son mieux” à l’avenir, affirmant même qu’elle trouve cette campagne « passionnante »… Pour la Süddeutsche Zeitung, « Merkel a rarement été aussi calme et sereine qu’hier. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour Martin Schulz ». Et la FAZ de souligner: « cette campagne ressemble à ce qu’est la politique sans la cirque habituel. A chaque élection, on s’attend à ce que Merkel sorte les couteaux et attaque son adversaire. Est-ce vraiment si grave si elle ne le fait pas ? Est-ce vraiment ennuyeux ? »
Avalanche de plaintes contre Merkel pour « haute trahison »
Si la chancelière Angela Merkel est toujours largement en tête dans les sondages et devrait rempiler pour un quatrième mandat consécutif, elle ne fait pas pour autant l’unanimité. Selon le quotidien régional allemand Mannheim Morgen, plus d’un millier de plaintes pour « haute trahison » ont été déposées contre elle depuis la crise des réfugiés en 2015. La quasi-totalité vient des sympathisants et militants du parti d’extrême-droite allemand “Alternative pour l’Allemagne” (AfD) qui reprochent à la chancelière d’avoir ouvert les portes de l’Allemagne à plus d’un million de réfugiés en 2015 et 2016. Le porte-parole du Parquet fédéral de Karlsruhe (Bade-Wurtemberg) assure que ces “plaintes contre la chancelière se sont toutes avérées sans fondement”. Mais les populistes poursuivent leur stratégie de harcèlement, on l’a vu encore hier lors d’un déplacement de la chancelière à Bitterfeld-Wolfen (Saxe-Anhalt). Angela Merkel a été accueillie par des “Dégage, dégage” et a été copieusement sifflée pendant toute la durée de son discours. Même ambiance, plus tard dans la soirée, à Brandebourg sur Havel. Imperturbable, Angela Merkel a préféré insister sur le fait que ce n’était “pas les cris mais en discutant” qu’on pouvait résoudre les problèmes.
Le mariage pour tous provoque un bug dans l’administration allemande
Tout est allé très vite, sans doute un peu trop vite. Le 7 juin dernier, la loi instaurant le mariage pour tous a été votée au Bundestag. En moins d’une heure, le mariage gay était légalisé. Mise en œuvre prévue: à partir du 1er octobre. Plusieurs centaines de demandes ont déjà été enregistrées. Mais tout est allé trop vite pour l’administration: le logiciel de l’état civil n’accepte que les couples mixtes. Un homme peut épouser une femme mais pas un homme avec un homme. Si le logiciel pourra être changé dès le 1er novembre, les futurs mariés devront attendre encore avant de voir afficher sur leur registre de mariage, “Monsieur …” marié à “Monsieur…”, et devront se contenter de la mention “Ehegatte”, un terme allemand neutre désignant “les époux”.