C'est aujourd'hui que s'ouvre au public le plus grand salon au monde de jeux vidéos, à Cologne. Un évènement très attendu par les joueurs, mais aussi par les responsables politiques. Hier, c'est Angela Merkel qui est allée draguer cette communauté. Avec un enjeu majeur, voir vital : rajeunir l'électorat de son parti la CDU.
La chancelière avec un casque de réalité virtuelle vissé sur la tête, ou bien jouant à Country Strike, célèbre jeu de tir en ligne ? Le risque était grand de voir Angela Merkel commettre un faux-pas. À l'image d'un Jacques Chirac qui découvre en 1996 devant les caméras l'existence de la souris d'ordinateur. Pas de ça avec la chancelière. Ses conseillers avaient parfaitement balisé cette visite. À un peu moins de 5 semaines des élections législatives, aucune erreur n'est permise. Angela Merkel n'aura pris hier en main qu'une seule fois la manette. Pour jouer à un jeu de... simulation d'exploitation agricole. Zéro risque donc mais un objectif atteint : les photos de la candidate de la CDU regardant des jeunes joués à Gran Turismo ou bien Minecraft inondent depuis sa visite les sites de jeux vidéos. Et touchent donc un électorat jeune.
Une stratégie qui revient à chaque campagne électorale de la CDU, et de sa petite sœur bavaroise de la CSU, et qui s'explique par la démographie. À chaque élection au Bundestag, la CDU perd un million d'électeurs par rapport à la précédente. Des électeurs retraités décédés. Et avec eux, la perte progressive de la base de l'électorat conservateur de la CDU, attaché aux valeurs chrétiennes et au libéralisme économique. Il faut donc séduire un million de nouveaux électeurs tous les quatre ans. La chancelière a appris de ses erreurs. Elle qui déclarait encore il y a quatre ans que l'Internet « est pour nous tous une terre inconnue ». Au stand du géant français du secteur Ubisoft, Angela Merkel l'a même joué technique. « Quelle langage de programmation utilisez-vous ? L'époque de Java et C++ est bien révolue, non ? ».
Il en faudra cependant bien plus pour séduire la communauté des joueurs allemands, estimée à 30 millions de personnes. Parmi les 14-29 ans, ils sont près de 70% à jouer régulièrement. Leurs griefs contre les responsables politiques sont nombreux. Telle la stigmatisation récurrente des jeux vidéos pour expliquer les phénomènes de violence chez les jeunes, ou encore un réseau Internet souvent très lent, même dans les grandes villes. Et jouer quelques minutes à une simulation d'exploitation agricole ne suffira certainement pas pour glaner les voix de ces nouveaux jeunes électeurs.
Par Julien Mechaussie