Réfugiés: après l'afflux, le plus dur reste à faire

L'ancien aéroport de Tempelhof transformé en centre d'accueil.

Cela se confirme: depuis la fermeture progressive de la route des Balkans, l'arrivée de réfugiés en Allemagne a significativement baissé. L'urgence est passée, mais pour les autorités allemandes le défi reste entier: réussir l'intégration de centaines de milliers de personnes.

En juin, d'après la police fédérale cité par le Rheinische Post, 5000 demandeurs d'asile seulement sont entrés dans le pays. Ce qui représente une part infime du nombre de personnes qui arrivaient en Allemagne à la fin de l'année dernière. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Sur le premier semestre 2016, on comptabilise 211 000 arrivées, soit moins que pour le seul mois de novembre. Depuis, la baisse a été continuelle : 92 000 personnes en janvier, 61 000 en février, 20 000 en mars, 16 300 en mai, et 5000 en juin.

Des centres d'hébergements saturés...

Lors de leur arrivée, les réfugiés bénéficiaient généralement d'un logement temporaire, dans un foyer ou un centre d'accueil de la région. A Berlin, beaucoup d'espaces ont été aménagés en hébergement de secours. Ainsi, l'ancien aéroport de Tempelhof accueille depuis plusieurs mois plus de 1300 réfugiés en attente d'être relogés. L'organisation caritative Malteser Hilfswerk s'était chargée, l'an dernier, de réaménager l'ancienne filiale C&A, un bâtiment de cinq étages situé sur la Karl-Marx Straße pour accueillir jusqu'à six cent personnes. Les salles de sport des écoles avaient été mobilisées en urgence, et tous les lieux potentiellement susceptibles d'accueillir des hommes, des femmes et des enfants dans des conditions relativement décentes, quoique précaires et rudimentaires. Même l'ancien siège de la Stasi, la police politique de la République Démocratique Allemande, composé de sinistres barres de béton, avait été utilisé comme solution d'hébergement. La mairie de Berlin ne savait plus où donner de la tête pour reloger les nouveaux arrivants et les foyers d'accueil étaient submergés.

...qui se vident peu à peu.

Désormais, la situation est beaucoup moins préoccupante. Avec la baisse des arrivées, les centres et foyers d'accueil d'urgence se vident progressivement, au fur et à mesure que les réfugiés trouvent des logements plus durables. Plusieurs d'entre eux ont d'ailleurs fermé, comme celui de Sumte, un village d'à peine 100 habitants qui avait accueilli jusqu'à 600 personnes dans un ensemble de bureaux désaffectés. Mais si l'urgence de l’automne 2015 semble terminée, elle laisse place à une situation toujours préoccupante que les autorités allemandes vont devoir résoudre à l'aide de projets sur le long terme et d'un travail de fond. En première ligne, l'office des migrations, le BAMF, qui va devoir traiter les centaines de milliers de dossiers de demandes d'asile. Pour les autorités fédérales et régionales, il va aussi falloir trouver des solutions rapides pour parvenir à intégrer les demandeurs d'asile sur le marché du travail et leur trouver des solutions de logement durables.

Mais un défi toujours aussi grand.

Selon, une étude publiée récemment par l'Institut de recherche sur le travail allemand (IAB), 154 000 emplois vacants peuvent convenir aux réfugiés. Selon l'AFP, ce chiffre obtenu par l'institut correspond aux demandes d'emploi n'exigeant pas beaucoup de qualifications ainsi qu'une maîtrise partielle de l'allemand. C'est sans compter qu'un grand nombre de demandeurs d'asile sont diplômés et que beaucoup d'entre eux ont profité de leur séjour dans les foyers d'accueil pour apprendre les bases ou perfectionner leur connaissance de l'allemand. Pour un grand nombre d'économistes, toutefois, l'accueil des réfugiés, plus d'un million en 2015, ne peut qu'être bénéfique pour la croissance allemande. En effet, le marché de l'emploi se porte bien, mais le manque de main d’œuvre et la population vieillissante pourraient peser sur la croissance. Des problématiques auxquelles la présence de migrants semblent apporter une réponse.

 

Par Marylou Magal