Les enfants allemands sont de plus en plus touchés par la pauvreté. Un Allemand sur sept âgé de moins de 15 ans dépend des aides sociales. A Berlin, la situation est encore pire, avec près d'un enfant sur trois dans la précarité.
L'Allemagne est souvent érigée en modèle de réussite économique. Première économie d'Europe, sa croissance devrait atteindre 1,6 % en 2016. Elle enregistre au mois de mai un taux de chômage historiquement bas (6,1%). Mais derrière ces succès se cache une triste réalité : celle de la précarité de ses enfants.
Les jeunes allemands sont de plus en plus touchés par la pauvreté. En 2015, 1,54 million d'Allemands âgés de moins de 15 ans dépendaient des aides sociales de Hartz IV, le système d'allocations allemand. Soit 30 000 jeunes de plus que l'année précédente. En tout, presque un enfant sur sept est concerné par les aides sociales en Allemagne.
Ces chiffres embarrassants proviennent d'une analyse de la députée du parti Die Linke (la gauche radicale allemande) Sabine Zimmerman. Son étude, basée sur des données de l'agence fédérale pour l'emploi, révèle surtout d'importantes inégalités entre les régions.
Ainsi, à Berlin, près d'un jeune de moins de 15 ans sur trois est pauvre: 31,2 % des jeunes Berlinois dépendent des allocations versées dans le cadre de Hartz IV, soit 144 312 enfants. La situation est tout aussi dramatique à Brême. Mais elle l'est moins dans d'autres Länder. Dans la Saxe-Anhalt, 21,8 % sont concernés par ces aides sociales et 20,4 % à Hambourg. La Bavière, le riche Land du sud, enregistre quant à elle le taux le plus faible : 6,5 % des Bavarois âgés de moins de 15 ans sont bénéficiaires des aides sociales de Hartz IV.
Les adolescents ne sont pas épargnés non plus : le nombre de bénéficiaires âgés de 15 à 24 ans des allocations de Hartz IV a augmenté pour la première fois depuis des années.
Beaucoup sont issus de familles monoparentales ou ont des parents d'origine étrangère. Selon Sabine Zimmerman, ces chiffres ne montrent pas seulement la précarité des jeunes Allemands, mais aussi la pauvreté de leurs parents et son impact sur les enfants. « Le nombre énorme de bénéficiaires de l'aide Hartz IV ayant des enfants reflète combien le marché du travail est difficile dans beaucoup de régions, où il n'y a pas assez d'emplois et des salaires trop faibles », a déclaré la députée.
Le porte-parole de l'agence fédérale de l'emploi, Paul Ebsen, relativise cependant ces chiffres. Pour lui, il est encore trop tôt pour parler de tendance durable. « Une explication possible serait l'immigration. Cela veut aussi dire les réfugiés qui viennent chez nous. En général, ils ont plus d'enfants par famille. Et donc, plus d'enfants qui touchent les allocations de Hartz IV. »
Ces chiffres restent préoccupants. D'autant que, comme nous vous l'expliquions l'an dernier, seule une partie des enfants vivant effectivement sous le seuil de pauvreté en Allemagne bénéficie des aides de Hartz IV.
Par Sonia Reynaud