Durant près de 30 ans, Berlinois de l'Est et Berlinois de l'Ouest ont côtoyé le mur. Ce mur infranchissable qui les éloignait les uns des autres. Comment ont-ils vécu cette longue séparation ? Quel était le quotidien des Allemands à cette période ?
En 1985, le mur est construit depuis plus de vingt ans - 13 aout 1961 - et la vie s'organise de chaque coté du mur. A l'Est, les conditions de vie sont difficiles et le rêve de fuir à l'Ouest murit dans de nombreux esprits. Pour passer le mur, il faut se montrer ingénieux ... Par les airs, en se cachant dans des valises, des coffres de voiture, tout est bon pour rejoindre le coté occidental de la ville.
Mais le régime communiste de la RDA veille au grain. Grâce aux miradors et au no man's land surveillé par des patrouilles armées jour et nuit, les fugitifs sont arrêtés ou abattus. 138 personnes perdront la vie à la frontière berlinoise entre 1961 et 1989.
Le passage de l'Est à l'Ouest, un parcours du combattant
Les Berlinois de l'Est et de l'Ouest ne sont pas logés à la même enseigne en ce qui concerne les droits de passage. Les Allemands de l'Ouest sont relativement libres de franchir la frontière pour rendre visite à leurs proches.
Pour les Allemands de l'Est, les déplacements sont plus compliqués... voire impossible ! Seul le passage des retraités est autorisé dans un premier temps. Les autres habitants n'ont le droit de se rendre à l'Ouest que pour des "raisons familiales urgentes" comme la mort d'un proche, une maladie, un mariage... Mais les formalités bureaucratiques sont lourdes : visa de sortie, passeport, frais importants, permission de l'employeur et interrogatoire de police !
Sur les 100 000 demandes de visa de sortie faites au début des années 80, seules 15 000 à 25 000 ont été accordées.
L'église de la Réconciliation, le symbole de la division
Lorsque le Mur est construit, cette église berlinoise se retrouve au beau milieu du no man's land. Les paroissiens ne peuvent plus y accéder et en 1985 le régime est-allemand prend une décision radicale, en dynamitant l'édifice. La suite, nous vous la racontons dans ce reportage diffusé le 8 juin 2015 dans notre chronique Sans Frontières de Télématin:
Des fractures internes qui persistent
25 ans après la chute du mur, la fracture Est-Ouest est-elle toujours visible ? La réponse est oui. Malgré les gros sacrifices financiers lors de la réunification - 2 000 milliards d'euros ! -, le pays et sa capitale sont divisés.
L'Est reste associé à des régions agricoles, prolétaires, aux revenus inférieurs à ceux de l'ouest du pays. En effet, le salaire brut moyen à l'Est est de 2 317 euros alors qu'il dépasse les 3 000 à l'Ouest. Le taux de chômage reste également plus élevé ; environ 10%. En cause, les grandes entreprises et les pôles de recherche qui rechignent à s'implanter dans ces régions.
On assiste donc à un retour à l'émigration vers l'Ouest, les jeunes quittant leur région pour aller chercher du travail ailleurs. Le vieillissement de la population est donc particulièrement visible dans cette partie de l'Allemagne.
Mais ces clivages tendent à s'estomper par la modernisation des structures économiques et les régions en difficultés ne sont plus l'apanage de l'Est. Mais pour l'instant, pas de quoi évoquer les "paysages florissants" promis par Helmut Kohl aux citoyens d'Allemagne de l'Est, il y a 25 ans.
Par Camille Wormser