Les autorités sanitaires berlinoises sont inquiètes : la rougeole fait son grand retour, une épidémie rarement observée en Allemagne. Depuis le mois d’octobre, 574 cas ont été recensés dans la seule ville de Berlin, c’est plus que pour toute l’Allemagne sur l'année 2014. Et la semaine dernière, un nourrisson est décédé des suites de la maladie dans un hôpital de la ville. Un enfant qui était à jour de ses vaccins. Tous sauf un: celui de la rougeole…
En Allemagne, comme en France, la vaccination n’est pas obligatoire, mais seulement recommandée. Et c’est là qu’intervient cette approche très allemande des questions de santé : beaucoup de gens sont convaincus qu’il est bon pour les enfants d’être malades, que cela va renforcer leur système immunitaire. Pour un petit rhume, cela ne pose pas trop de problèmes, mais quand il s'agit de la rougeole, maladie autrement plus contagieuse et dangereuse, un vrai problème de santé publique se pose. Et certains pédiatres vont dans le même sens, affichant leurs doutes sur la qualité et la nocivité des vaccins.
"Ces substances qui sont utilisées dans les vaccins et qui sont censées immuniser, nous n’en connaissons pas encore tous les effets sur le corps humain",
affirme ainsi Michael Freidl, président de « Médecins pour les vaccins volontaires ».
Aujourd’hui, selon un sondage, 21% des allemands sont convaincus que les vaccins provoquent des allergies, 70% pensent même qu’il est bon pour les enfants de contracter des maladies comme la rougeole...
Cornelia Betsch, sociologue à l’université d’Erfurt, a longtemps analysé les ressorts de cette vague anti-vaccination. Selon elle, "il y a eu tellement de personnes vaccinées que nous ne nous rendons plus compte des vrais effets de ces maladies. C’est pour ça que beaucoup de parents pensent que c’est mieux pour leurs enfants de tomber malades plutôt que de leur donner une dose de produit chimique".
Pourtant, l'Allemagne semble sur le bon chemin pour éradiquer la rougeole. Plus de 96% des enfants qui entrent à l'école primaire ont reçu la première dose de vaccin. Mais seulement 92 % ont eu la seconde. Or on estime qu’il faut pour les deux doses un taux de 95% afin d'éradiquer la maladie.
Mais surtout, ce sont les jeunes de 15 à 30 ans qui inquiètent les autorités sanitaires : pour eux le taux de vaccination baisse à 30% seulement…
Cette génération a vraiment grandi dans l'idée que les vaccins ne sont pas bons pour la santé, qu’il vaut mieux attraper des maladies pour renforcer son système immunitaire. Il y a pas si longtemps encore, des parents organisaient même des "boums" spéciale rougeole : des enfants se retrouvaient dans une pièce confinée. L’un d’entre eux était infecté par la rougeole et contaminait donc ses petits camarades… Les pédiatres, dans leur grande majorité, ont toujours considéré cela comme une attitude totalement inconsciente… C'est à cause de ce genre de comportements que le pays a aujourd'hui bien du mal à éradiquer la rougeole.