Trois anciens SS, gardiens présumés d'Auschwitz, ont été arrêtés en Allemagne début février, selon une information rapportée mercredi 19. Ils sont soupçonnés d'être impliqués dans la mort des personnes déportées. Depuis peu, la traque des criminels nazis s'est élargie aux individus ayant occupé des postes subalternes sous le troisième Reich.
Trois arrestations, huit inculpations. L'enquête de l'Office central sur les crimes du national socialisme a porté ses fruits.Trente dossiers d'anciens gardes de camps de concentration avaient été confiés aux parquets des Länder allemands en septembre, pour les charger de retrouver les anciens SS.
Aujourd'hui âgés de 88 à 94 ans, les interpellés ont été placés dans un hôpital carcéral en raison de leur grand âge.
- Rattrapés par l'histoire
Soixante-dix ans après les faits, la traque se poursuit pour retrouver chaque personne impliquée, directement ou non, dans les crimes de guerre commis par les nazis. Et la donne a changé.
Après 1945, seuls étaient poursuivis les individus accablés par des preuves ou des témoignages. Mais en mai 2011, John Demjanjuk, un ancien gardien présumé du camp de Sobibor en Ukraine, a été condamné à 5 ans de prison sans qu'aucun lien direct avec un meurtre n'ait été établi.
Son cas a permis à la justice allemande d'élargir la qualification de complicité de meurtre à des personnes ayant occupé des fonctions subalternes sous le régime nazi.
- Opération de la dernière chance
A ce jour, 120 nazis seraient encore en vie à travers le monde. Un nombre qui ne cesse de diminuer étant donné l'âge avancé des anciens SS. Pour le centre Simon Wiesenthal, le temps est compté pour rendre justice.
Cet été, l'association de commémoration de la Shoah a lancé une campagne d'affichage dans les rues de Berlin, Hambourg et Cologne. Sous le slogan "Tard mais pas trop tard", l'ONG promet 25 000 euros à toute personne apportant des preuves permettant à la justice de condamner un criminel nazi.
- Inculpés pour meurtre
Fin janvier, deux SS ont également été retrouvés et inculpés à Cologne et à Brême. Anciens membres du tristement célèbre 4eme régiment SS de Panzergrenadier, ils sont soupconnés d'avoir participé au massacre d'Oradour-sur-Glane le 10 juin 1944, lors duquel 642 personnes ont trouvé la mort.
Parmi eux, Werner C, 19 ans à l'époque. Il aurait pris part à l'exécution de 25 hommes dans une grange du village, puis y aurait mis le feu. Aujourd'hui âgé de 88 ans, l'homme reconnait s'être trouvé sur place mais clame son innocence quant aux meurtres perpétués.
L'ancien SS Werner C. "Présent mais pas coupable" from France 2 Berlin on Vimeo.
Reportage : Arnaud Boutet, Thomas Henkle, Micaela Werth, Clara Desse
Témoignage d'un autre SS présent ce jour là qui parle de sa culpabilité et de sa responsabilité
Article : Marine Ditta
Mise à jour : Ulysse Coulon du Lycée français de Berlin