Le réalisateur des Tontons flingueurs aimait la BD. Il a signé le scénario d’albums, allait aux festivals et avait aussi ses amis dans le monde du 9e art.
«Il nous disait souvent que les Tontons, c’était de la BD. Par exemple, les bruits que font les flingues, ça fait déjà très bande dessinée » raconte le scénariste Philippe Chanoinat. Il fait partie de la bande de copains que Lautner avait dans le milieu des bulles. Avec Tibet (Ric Hochet), Achdé (Lucky Luke), Rodrigue (Cubitus), Marniquet (La Brigade de l'étrange) ou Janvier (Rantanplan). Georges Lautner a signé la préface d’albums de Philippe Chanoinat et ils ont ensemble réalisé le scénario de deux albums: Les Cons ça ose tout et On achève bien les cons. «Je suis très fier. Petit garçon, mon père m’’emmenait voir ses films. Alors, retrouver mon nom à côté du sien dans un album de BD, c’est fabuleux» concède l’auteur.
Philippe Chanoinat réalisera ensuite plusieurs albums hommages au réalisateur avec le caricaturiste Charles Da Costa. Des ouvrages qui reprennent en dessin la filmographie de Lautner. Les Tontons flingueurs bien sûr, mais aussi Ne nous fâchons pas, Les Barbouzes ou Lautner s’affiche. Répliques cultes, caricatures de ses acteurs fétiches comme Bernard Blier ou Lino Ventura, biographie des personnages, tout y est dans ces albums qui sont plus des livres illustrés que des BD. Le trait de Charles Da Costa taille portraits et postures des comédiens avec humour et ressemblance, en phase avec l'univers du réalisateur.
«C’était un grand bonhomme, pas donneur de leçons. Il aimait aussi la musique, s’intéressait à plein de choses. Et il avait de l’amour pour ses amis. Il avait du mal à concevoir une table sans personne autour » raconte Chanoinat. Simple mais reçu « comme un roi », il se rendait dans des festivals de bande dessinée comme celui de Bellegarde dans l'Ain ou d’Igny en Région parisienne. Après son expérience de scénariste, Lautner recevait chez lui régulièrement des BD. Il en appréciait l’humour. « Et la folie aussi. Georges était un peu fou, il était passionné. Il n’avait qu’un défaut, il pouvait être de mauvaise foi, comme Audiard » s’amuse Chanoinat. Avec ses amis, en mémoire du réalisateur, ils se réuniront tous les ans: « Tous ensemble, pour faire une bringue, avec du brutal ! »