Le faire-part tient en 48 pages. Il est signé par les deux auteurs Julien et MO/CDM. Le space aventurier cherchait une femme, l'histoire a mal tourné. Tragique fait divers d'une fin de soirée dans un bar aux confins de l'espace.
"Ô vanité ! ô néant ! ô mortels ignorants de leurs destinées !" Ce sont les mots de Bossuet dans son oraison funèbre d'Henriette-Anne d'Angleterre. Avec quelques centaines d'années de décalage, il aurait pu l'écrire pour Cosmik Roger. Pas de bol. Roger passait une soirée tranquille (assez arrosée tout de même) au Rendez-vous des deux Anneaux, un établissement tenu par un certain Xub, là-bas, très loin dans l'espace. Et krak, le coup du sort, en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire, Cosmik Roger se meurt, Cosmik Roger est mort.
Revenons sur les faits. Cosmik Roger était depuis quelques années en mission commandée. Il devait impérativement trouver une autre planète, le taux d'occupation démographique de la Terre ayant atteint les 7058% (in Cosmik Roger Tome 2, Une planète sinon rien). La tâche sera plus compliquée que prévu. Une quête qui va l'amener à affronter le terrifiant Général Gore (in Tome 3 Cosmik Roger contre le général Gore). A se comparer à Hercule (in Cosmik Roger Tome 5, les 12 travaux de Cosmik Roger). A essayer vainement de devenir une rock star de l'espace après avoir appris qu'il était un descendant d'Elvis (in Tome 6, in Tragical cosmik tour).
Mais quelle solitude! Le héros, à défaut de gloire, ne connaîtra que la tristesse d'être seul. Celle terrible du célibataire en quête d'une passion amoureuse. Roger est un loser de l'espace. Un Valérian raté, qui ne connaîtra jamais de Laureline. Le dernier opus, le tome 7, Cosmik Roger et les femmes, fait précisément le point sur ce désespoir profond qui explique peut-être son penchant avéré pour les boissons enivrantes. On sait depuis Bossuet, et même un peu avant, que la mort frappe tous les hommes mais là quelle injustice... enfin, pas tout à fait. Car avec son aptitude à descendre les pintes, il a un degré d'alcool dans le sang souvent comparable à celui de son incompétence. Sept albums et aucune Terre digne de ce nom trouvée par Roger ne peut susciter que l'opprobre et la relégation. Il fallait en finir. C'est ce qu'ont décidé les deux auteurs. Une série qui se termine comme qu'elle a commencé, drôle, déjantée et illustrée avec brio par Julien CDM.
Images © Julien & Mo/CDM Fluide Glacial, photo © Francis Forget.