En Sibérie, au fond des mers, avec Pagnol ou dans les toilettes, découvrez des récits de confinés en bande dessinée.
En Sibérie avec Sylvain Tesson
Le confinement, Sylvain Tesson est allé le vivre seul dans la froidure de l’hiver sibérien pendant six mois, à 120 km du premier village. Il en a fait un livre en 2011, Dans les forêts de Sibérie, succès en librairie qui s’est écoulé à plus de 200 000 exemplaires. Il y a eu une adaptation cinématographique en 2016 et fin 2019, la bande dessinée, une première pour un récit de Sylvain Tesson. « Dans ce désert, je me suis inventé une vie sobre et belle, j’ai vécu une existence resserrée autour de gestes simples. J’ai regardé les jours passer, face au lac et à la forêt », écrit Sylvain Tesson dans la bande dessinée qui reprend scrupuleusement les mots de l’écrivain. Virgile Dureuil, dont c’est la première bande dessinée, signe une fidèle adaptation du récit autobiographique. « Pour les dessins, je n’ai pas eu besoin d’en rajouter ou de réinventer grand-chose. Je me suis servi des photos de mon cousin le photographe Thomas Goisque, ami de Sylvain Tesson », explique Virgile Dureuil. Le résultat est un roman graphique réussi qui nous transporte loin là-bas avec ce personnage parfois attachant, parfois consternant qu’est devenu l’aventurier Tesson.
Au fond des océans en U-Boot
Les sous-mariniers sont, avec les astronautes, de vrais spécialistes du confinement. Coupés du monde, sans fenêtre ni lumière du jour et dans un espace réduit, ils vivent cloîtrés pendant plusieurs semaines. Dans Immergés, publié en 2009, Nicolas Juncker nous fait plonger dans la vie de sous-mariniers allemands de 1937 à 1942. Dix-neuf hommes à bord, aux origines, aux parcours, aux destins différents, vont se retrouver ensemble, enfermés dans les profondeurs des océans. L’idée de départ était audacieuse. Il s’agissait de réaliser dix-neuf albums, chacun des opus adoptant le point de vue d’un membre de l’équipage. Les réalités de l’édition ont ramené la série à trois albums qui se lisent tout de même très bien. Nicolas Juncker est un auteur qu’il faut suivre. Il nous avait déjà enchantés avec des récits historiques comme Le Front en 2003 ou Malet en 2005. Dessins et cadrages sont originaux et le récit maîtrisé pour un confinement en profondeur.
A Marseille avec la peste et Pagnol
Je vous avais déjà parlé de l’adaptation intégrale des œuvres de Marcel Pagnol en bande dessinée. Un des derniers albums parus aborde une œuvre moins connue. Les Pestiférés est une nouvelle inachevée de l’auteur provençal. Il se situe au XVIIIe siècle lors de la dernière grande épidémie de peste en France. A Marseille, un tiers des habitants mourra. L’idée de Maître Pancrace, médecin et notable, est de confiner les habitants de son quartier. Vivre reclus, la belle affaire pour se protéger de la male mort qui rôde en ville. Mais l’entre-soi a ses dangers, ses limites. L’information y circule vite, parfois fausse, parfois vraie. Et l’issue ? Serge Scotto et Eric Stoeffel au scénario, Samuel Wambre au dessin servent un récit assez sombre et misanthrope de Pagnol. Le confinement peut devenir aussi effrayant que le fléau qui l’a causé. Ces Pestiférés sont à découvrir donc comme le reste de la collection puisque Pagnol est inépuisable même en bande dessinée.
Dans les toilettes avec Fluide Glacial
Et ça dure depuis 1975. Le 1er avril Fluide Glacial a fêté ses 45 ans avec un slogan : Faites l’umour pas la gueule ! Pas facile pourtant pour le magazine de garder le sourire. Ils avaient prévu de sortir un numéro tout en finesse, spécial "toilettes". Mais un virus est passé par là et un problème avec le prestataire chargé de la distribution a constipé la diffusion du hors-série dans les kiosques. Sauf si vous êtes abonné, vous ne lirez ce numéro spécial, ainsi que le Fluide Glacial d’avril, qu’en mai. En attendant un retour au transit normal dans les kiosques et les rentrées d’argent qui vont avec, Fluide Glacial a ouvert une campagne d’abonnement et de soutien financier sur Kisskissbankbank avec des contreparties, T-shirts, dédicaces ou remerciements. Au fait, pourquoi un numéro spécial « Dans vos chiottes » ? Parce-qu’il paraît que c’est là que se lit le plus le mensuel. Un confinement naturel en quelque sorte qui a permis à Jean-Christophe Delpierre d’être nommé rédacteur en chef. Lors de son entretien d’embauche avec Gotlib, il avoue désemparé qu’il ne lit Fluide que dans les lieux d’aisance. L’argument inattendu plaira à Gotlib qui lui cédera le trône de rédacteur en chef.
Vos librairies étant fermées, Dans les forêts de Sibérie, Les Immergés, Les Pestiférés ou le numéro de mars de Fluide Glacial sont disponibles sur la plateforme de bande dessinée numérique Iznéo. Cliquez sur les liens et vous saurez tout.