Marion Montaigne, de "La combi de Thomas Pesquet" à la présidence au festival d’Angoulême

Marion Montaigne, présidente du Grand jury de la 47ème édition du festival d'Angoulême (Photo F. Forget).

L’autrice de "Dans la Combi de Thomas Pesquet" est la présidente du Grand jury de la 47e édition du festival international de la bande dessinée d’Angoulême. Bonne nouvelle pour Marion Montaigne aussi drôle que talentueuse.

Hier matin, Marion Montaigne s’est glissée en souriant dans la combi de présidente du festival d’Angoulême. A Ground Control, dans le vaste entrepôt SNCF reconverti en salle évènementielle de la Gare de Lyon à Paris, elle a annoncé la sélection officielle. Accompagnée au micro par Stéphane Beaujean, le directeur artistique du festival, elle a déroulé la liste des 43 albums en lice. Elle est prête même si elle concède ne pas connaître encore tous les titres en compétition. Elle a un peu temps pour les découvrir, Angoulême se tiendra du 30 janvier au 2 février 2020.

Le Fauve, trophée que se verront remettre par le Grand jury les lauréats de la 47e édition d'Angoulême (Photo F. Forget)

La science du succès

Professeur Moustache, son avatar et personnage fétiche, s’est surtout fait connaître auprès du public pour son talent de vulgarisateur scientifique. Marion Montaigne, qui n’a pas atteint la quarantaine, possède un vrai don pour diffuser en BD la science avec humour, distance et intelligence. Elle s’est faite remarquer dès 2008 avec un blog de vulgarisation scientifique, Tu mourras moins bête. En 2016, après plusieurs albums publiés, Tu mourras moins bête est adapté en dessin animé pour Arte. Son dernier album, Dans la combi de Thomas Pesquet, est un gros succès avec 350 000 exemplaires vendus. Un vrai pari d’auteur puisqu’elle a suivi le spationaute français avant qu’il ne soit sélectionné pour partir dans l’espace. Une belle réussite qui a d’ailleurs reçu le prix du public en 2018 à Angoulême.

France Télévisions parraine le prix du public

Petite parenthèse "corporate", le prix du public portait depuis plusieurs éditions le doux nom de Prix du public Cultura. L’enseigne s’étant retiré du sponsoring en 2019, il n’y a pas eu de prix du public l’année dernière. Il est relancé cette année mais sous la bannière France Télévisions. Un prix qui sera soumis au vote des téléspectateurs. Nous aurons l’occasion de vous en reparler dans quelques semaines…

Mais revenons à Marion Montaigne que je suis allé trouver en fin de présentation à Ground Control. De lauréate, elle est passée maintenant présidente. C’est elle qui va cette année décerner les prix avec le Grand jury.

Alors heureuse ? (cette question, je ne l’ai en fait pas posée, je n’ai pas osé et puis elle est nulle. Mais elle me permet de retranscrire la suite, discussion débridée avec Marion Montaigne)

Marion Montaigne : Quand j’ai reçu mon prix à Angoulême, j’avais envie d’embrasser tout le monde pendant quinze jours. Sérieusement, mes prix (Elle en a en eu deux en 2013 et 2018) m’ont donné un sentiment de légitimité comme si j’avais eu mon permis de dessiner. Il y a eu pour moi un avant et un après. Je suis donc très flattée d’être présidente du jury cette année.

Ce n’est pas cruel pour un auteur de choisir le meilleur album de l’année ?

Nous avons souvent sur ce sujet des discussions entre auteurs. C’est vrai que c’est difficile, je crois que je vais démissionner (me dit-elle avec un large sourire). Est-ce-que les prix ont un sens ? Je pense qu’ils permettent de proposer aux lecteurs quelque chose de différent, un choix peut-être moins grand public, plus exigeant. Un prix est un coup de projecteur sur un travail, un arrêt sur image qui peut donner le ton de l’époque, de ce qui s’est fait en BD sur une année. Et puis c’est réconfortant pour les auteurs. La reconnaissance ça fait du bien pour nous les auteurs qui travaillons souvent seuls, presque isolés je dirais.

Vous êtes une autrice, une femme, le festival a surmonté les accusations de sexisme des années précédentes ?

Le festival a pris en compte certaines critiques. Le jury est en parité. Mais dans la profession, il y a encore des inégalités structurelles et sociétales. Ma volonté est de montrer aux petites filles, comme celle que je fus, qu’elles ont une place en BD, qu’elles font partie du paysage au même titre que les hommes. Après, pour l’attribution des prix, je regarderai surtout la qualité du travail, peu importe qu’il soit fait par une femme ou un homme.