En offrant plus de visibilité aux comics et aux mangas, le Festival BD d'Angoulême veut voir plus grand pour sa 46ème édition qui se tiendra du 24 au 27 janvier 2019.
« Le festival a retrouvé une ambiance plus apaisée, plus tranquille après avoir fait sa crise de la quarantaine », a expliqué le maire d’Angoulême, Xavier Bonnefont, à la Philharmonie de Paris, où se tenait mardi la conférence de presse du Festival international de la bande dessinée. Les tempêtes qui ont fait tanguer le festival et ses organisateurs les années précédentes semblent être effectivement passées. Exit la polémique autour de la place des femmes dans les sélections du festival. Les organisateurs, éditeurs, auteurs ainsi que les pouvoirs publics semblent avoir trouvé un équilibre pour gérer ce qui devrait être avant tout, une grande fête de la bande dessinée.
Les trois affiches du festival présentées à la Philharmonie de Paris.
Décloisonner comics, manga et BD franco-belge
Le calme revenu, les organisateurs ont choisi maintenant d’abattre les cloisons comme l’explique Stéphane Beaujean, le directeur artistique : « C’est quand même étrange que quand la bande dessinée vient d’Amérique, elle devient un comics et quand elle vient du Japon, elle s’appelle Manga. Pourquoi ? Je crois que les mots ont un sens. Le développement de la BD qui est passée de 700 nouveautés en 1995 à 5000 en 2018 ne s’est pas fait sans acrimonie. Le festival doit servir de plate-forme de rencontre des genres et des cultures. Il doit retisser les liens entre les différentes communautés de lecteurs ».
Stéphane Beaujean, directeur artistique du Festival BD d'Angoulême (photo F. Forget).
Dans sa quête d’une sorte de « vivre ensemble » pour le monde des bulles, le festival a proposé non pas une mais trois affiches cette année. Une réalisée par l’Américain et Grand Prix Richard Corben, la deuxième par le mangaka Taiyou Matsumoto et la dernière par Bernadette Després, illustratrice française de Tom-tom et Nana. Le comics, le manga et la BD franco-belge, un tiercé qui va connaître jusque dans ses infrastructures une réalité pour cette 46ème édition.
Deux fois plus grand pour les mangas
Ainsi la portion manga va plus que doubler de surface en passant de 1000 m2 carré d’exposition à 2500 m2. Ce nouvel espace baptisé Manga city verra le jour sous une grande tente au bord de la Charente. Une exposition sur Tsutomu Nihei, créateur de la série de SF Blame y sera présentée. Le comics sera à l’honneur avec Batman. La nouvelle médiathèque Alpha d’Angoulême sera l’écrin d’une rétrospective qui fêtera 80 ans d’une vie de super-héros. L’exposition sera « immersive et ludique ». Elle amènera le visiteur sur tous les lieux cultes du Chevalier Noir. Comics toujours avec l’exposition sur le Grand Prix, Richard Corben. « C’est un auteur incompris et j’ai un faible pour ce genre d’auteurs, se confie Stéphane Beaujean. Il est incompris jusque dans ses techniques de dessin. L’exposition sera l’occasion d’aller dans ses originaux et de saisir son extraordinaire talent ».
Monstres et humains aux corps déformés de Richard Corben.
Les plus belles années de Futuropolis
Concernant la BD européenne, place sera faite aux dénicheurs de talents qu’ont été les éditions Futuropolis. Dans ses belles années, de 1972 à 1994, sous la férule d’Etienne Robial et Florence Cestac, « Futuro » va bousculer et renouveler les codes de la BD traditionnelle. Tardi, Baudoin, Swarte ou Crumb publieront chez Futuropolis. Un grand moment dans l’histoire du neuvième art à découvrir au Musée de la bande dessinée. La sensualité du trait de l'auteur italien Milo Manara sera aussi mise à l'honneur. Une rétrospective lui sera consacrée avec 150 planches originales dont celles des albums qu'il réalisa avec Hugo Pratt. De plus jeunes artistes seront exposés. L'autrice israélienne, Rutu Modan, a fait la preuve de son talent dans des albums au réalisme et à ligne claire renouvelés comme Exit Wounds ou La Propriété.
L'autrice israélienne Rutu Modan exposera son oeuvre à l'Hôtel Saint-Simon à Angoulême.
Mattotti et Grand Corps Malade
Enfin, la rencontre des genres et des cultures se fera en musique avec deux concerts dessinés. Celui du prodigieux Kim Jung Gi et ses monstres d’Asie. Et hors les murs, le concert dessiné de Lorenzo Mattotti qui se tiendra à la Philharmonie de Paris le week-end précédent le festival (19 et 20 janvier). Une interprétation du conte des frères Grimm, Hänsel et Gretel. Le pinceau noir de Mattotti sera accompagné par la musique de l’Orchestre de Paris et la voix de Grand Corps Malade pour deux représentations exceptionnelles.
Illustration de Lorenzo Mattotti pour Hänsel et Gretel (Editions Gallimard).
Festival internationale de bande dessinée d'Angoulême. Du 24 au 27 janvier 2019. Réservation et programme complet sur le site du festival.
