Le Dernier assaut présente, à travers des originaux, le regard de Tardi sur la Première Guerre mondiale. Un manifeste graphique contre l’horreur et l’absurdité à l’occasion des cent ans du conflit.
« Je n’ai rien à faire avec les personnes qui s’occupent de la Mission du centenaire. Nous nous sommes parlés mais nous ne partageons pas du tout la même vision », explique Tardi au sujet de la très officielle Mission du centenaire, organisme public chargé des commémorations de la guerre de 14-18. L’auteur d’Adèle Blanc-Sec et de Brindavoine est comme ça. L’homme qui a refusé la Légion d’honneur en 2013 ne s’acoquine pas facilement avec le Pouvoir. Il s’en méfie comme s’il y détectait une subsistance de ceux, politiques et militaires, qui ont organisé les champs d’horreurs. Tardi a sa vision de la guerre, engagée, à hauteur d’hommes et de femmes. Ses personnages sont malmenés par ces évènements qui les submergent et finissent par les détruire.
Se faire une idée de la guerre
Cette vision n’est d’ailleurs pas toujours celle de l’historien. Les centaines de spectateurs venus à l’inauguration de l’exposition le 22 octobre 2017 ont pu le constater. Un débat était organisé avec l’historien Stéphane Tison, spécialiste des imaginaires guerriers et pacifiques. Les points de vue de l’artiste et du chercheur divergeaient parfois. Mais Tardi ne prétend pas avoir raison. Dans un reportage de France 3 Pays de la Loire, il explique sa démarche : « C’est un aperçu lointain des choses, tel que je l’imagine. Ce que je voudrais c’est que le visiteur fasse ses recherches de son côté pour aller plus loin et se faire une idée de cette guerre très difficile à aborder ».
Sa vision, il l’offre aux visiteurs par les planches originales qu’il a mises à disposition gratuitement. Elles proviennent de trois de ses albums : Le Dernier assaut, Putain de guerre et C’était la guerre des tranchées. La scénographie est sobre. L’exposition est ponctuée de documents d’archives tirés du fonds départemental de la Sarthe. Un casque, une photo… Fragments matériels d’un passé centenaire, contrepoint historique à l’imaginaire de l’artiste. Le front, la vie à l’arrière du conflit, la dénonciation de la guerre et le pacifisme sont parmi les thèmes abordés au gré des salles de l’abbaye cistercienne qui accueille ses planches.
Immersion dans l’œuvre de Tardi
L’exposition se termine le 11 mars. Il vous reste un peu plus de deux semaines pour la découvrir ou assister aux évènements qui accompagnent encore judicieusement la manifestation. Il y a eu en ouverture, le 22 octobre, un spectacle concert avec la chanteuse et compagne de Tardi, Dominique Grange. A venir, il y a des ateliers familles (28 février et 7 mars), une visite nocturne (21 février), des visites guidées (les samedi à 15h) ou théâtralisées (11 mars). Attention, il est précisé que certaines œuvres peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes. Cette immersion dans l’œuvre de Jacques Tardi et son obsessionnelle plongée dans le premier grand conflit mondial n’a rien d’un jeu d’enfant. La guerre est violence, Tardi ne l’a pas oublié.