Trésor d’inventivité d’un auteur et d’un éditeur, Le Château des Etoiles d’Alex Alice est la BD de la rentrée. Les dessins réalisés à l’aquarelle sont à la hauteur du rêve de ses héros, celui d’approcher les étoiles.
Rue de Sèvres est un petit éditeur dont il faut à chaque fois regarder les sorties. Dans le grand déballage de la rentrée BD, il sait souvent glisser de remarquables albums. Il y avait eu le coup médiatique l’année dernière d’Une histoire d’hommes, un Zep pour les grands au dessin réaliste. Début 2014, l’adaptation réussie du Horla de Maupassant par Sorel. Pour cette rentrée, la découverte s’inspire de ces beaux romans d’aventures scientifiques de la fin du XIXème siècle. On pense bien sûr à l’œuvre de Jules Verne même si le Château des étoiles n’en est pas une adaptation.
Le jeune Séraphin et son père (© Alex Alice / Rue de sèvres).
A l’âge où la passion amoureuse fait son apparition dans les esprits, Séraphin lui est accro à l’éther. Pas la substance qui se sniffe, mais celle qui, jadis, était supposée garnir l’espace d’entre les étoiles. Cette dépendance au céleste est héréditaire. Elle lui vient de sa mère, aventurière affranchie décédée dans un mystérieux accident de ballon. L’aventure va conduire le jeune Séraphin et son père ingénieur en Allemagne, dans un château que ne renierait pas Louis II, roi fou de Bavière et région où se situe précisément l’essentiel de l’intrigue de ce premier tome.
En mémoire de feue Madame épouse et mère, le père et le fils vont poursuivre la piste aux étoiles. De la Terre à l’éther, il faut une machine volante qu’ils vont concevoir et fabriquer. Epoque oblige, nous sommes aux alentours de 1870, elle sera en bois et cuivre, tendue de cordages et de toiles. L’espace comme l’amour suscite bien des passions et des convoitises. Leurs travaux vont titiller des puissances plus ou moins étrangères au point de…ça vous le découvrirez en lisant l’album.
La couverture soignée s’inspire des anciennes éditions des Voyages extraordinaires de Jules Verne. Le récit fut prépublié sous la forme d’une gazette avec bonus et articles dans un style qui fait penser au Monde illustré. Et un tirage spécial grand format est proposé aux lecteurs. Le Château des étoiles est bien accompagné par son éditeur. L’auteur du Troisième testament et de Siegfried maîtrise son récit avec un trait délicat et d’exquises couleurs diluées issues de son travail à l’aquarelle. L’ouvrage d’Alex Alice est de très bonne facture et s’adresse à tous. On s’en réjouit tout comme l’annonce du prochain opus, prévu en 2015, qui devrait clore en beauté l’aventure de Séraphin.
Exposition jusqu’au 10 octobre au Dernier bar avant la fin du Monde, 9 avenue Victoria, Paris 1er.
