Les méchants sont de retour

Dans la BD, les méchants ont la côte. Leurs popularités dépassent souvent celle des héros qu’ils affrontent. Moins lisses et plus complexes, ces sombres personnages ont même parfois leur propre série.Tout cela est-il bien moral?

Olrik cerné par un autre grand méchant, Septimus, dans le nouvel album de Blake et Mortimer (© Dufaux, Aubin, Schréder / Editions Blake et Mortimer).

Olrik cerné par un autre grand méchant, Septimus, dans le nouvel album de Blake et Mortimer (© Dufaux, Aubin, Schréder / Editions Blake et Mortimer).

Et voilà que mes certitudes s’effondrent. Je pensais que le mal incarné était le Colonel Olrik dans Blake et Mortimer. Mais il y a plus mauvais que le mal. Le grand péril est dans L’Onde Septimus, le nouvel album de Dufaux au scénario, Aubin et Schréder au dessin. Le professeur Jonathan Septimus, qui jadis manipula Olrik dans La Marque Jaune, fait ainsi son come-back. Avec une scène "Jacobsienne" où déambulent dans les rues poisseuses des docks de Londres, une multitude de répliques du chercheur fou psalmodiant «Guinea pig». Comme pour semer encore plus le trouble, l’ex-premier méchant en titre, Olrik, y copine avec Mortimer. C’est humain, me direz-vous, dans l’adversité, des âmes opposées peuvent s’entendre. Après avoir lu L’Onde Septimus, il faut plutôt chercher au delà de l’humain…

Monsieur Choc version 2013 du méchant créé par Will et Rosy en 1955 (© Maltaite & Colman / Editions Dupuis).

Monsieur Choc version 2013 du méchant créé par Will et Rosy en 1955 (© Maltaite & Colman / Editions Dupuis).

De l’humain, avec son passé, ses plaies et ses cicatrices, c’est ce qu’ont choisi Colman et Maltaite pour imaginer le pourquoi du comment d’un autre grand Méchant de la BD : Monsieur Choc. Créé en 1955 par Rosy et Will dans Tif et Tondu. Le visage toujours recouvert d’un énigmatique heaume. Cruel, habillé d’une élégance froide, smoking, gants blancs et fume-cigarette. Sa dernière apparition date de 1989. Depuis, il avait disparu des cases. Il revient depuis quelques semaines dans les pages du Journal de Spirou, pas dans Tif et Tondu, mais dans une aventure qui lui est toute dédiée. Grâce notamment au trait de Maltaite qui n’est autre que le fils de Will. Le début du récit, prévu en deux tomes, est prometteur. Il est assez dur, violent même. De ces premières pages en cours de publication, on apprend que les personnages de BD ne naissent pas méchants, ils le deviennent. La faute à la société, elle aussi cruelle et violente.

Méchants

Synthèse sur le sujet, un livre de plus de 200 pages, bien nommé Méchants, crapules et autres vilains de la bande dessinée aux éditions Huginn et Muninn arrive à point chez nos libraires. C’est le Who's Who du bad boy en BD. Zorglub, Joe Dalton, le Bouffon vert, Gargamel, Iznogoud, Docteur Fatalis, Kriss de Valmor, Lefuneste…la liste est longue, plus de 90 au catalogue. Une page de texte et autant d’illustrations par personnage. Complet, bien écrit, on se plaît à (re)découvrir la bio de ces passionnantes crapules. Pour Christophe Quillien, l’auteur de cette encyclopédie du mal, le plus méchant reste Olrik: «Cynique, cupide, machiavélique, il possède quelques belles qualités comme l’audace et le courage… Il faut bien l’avouer: se rêver dans la peau d’Olrik est plus excitant que de s’imaginer en professeur Mortimer».