Le dessin du nouveau Buck Danny a été confié à un auteur qui débute. Au résultat, pas de miracle, l’album déçoit. Dommage pour cette série culte qui a connu de talentueux auteurs comme Victor Hubinon et Francis Bergèse.
Le premier Blake et Mortimer sans Edgar P. Jacobs fut dessiné par Ted Benoît et scénarisé par Jean Van Hamme. Youri Jigounov et Yves Sente ont succédé à Vance et Van Hamme pour la série XIII. Sans parler d’Astérix dont Uderzo vient de passer le crayon à Conrad et Ferri. Toutes ces grandes séries ont trouvé des auteurs de talent qui ont déjà fait largement leurs preuves. Chat noir, Buck Danny n’a pas eu cette chance pour son nouvel opus.
Avec Tanguy et Laverdure ou Dan Cooper, Buck Danny fait partie du trio des séries franco-belges cultes de la bande dessinée d’aviation. Il a vu le jour en 1948 dans le Journal de Spirou. Durant ses 32 premières années, Jean-Michel Charlier et Victor Hubinon ont présidé à la destinée du pilote américain et de ses amis Tumbler et Sonny. Ensuite, Francis Bergèse a repris le flambeau avec brio maîtrisant seul au bout de quelques albums textes et dessins. L’auteur ira jusqu’au tome 52, puis retraite venant, il décide de passer la main. Il restait à Philippe Charlier, fils du scénariste originel et ayant droit de la série, à trouver des successeurs.
Et c’est ainsi que Frédéric Zumbiehl, ancien pilote de chasse dans la Marine, est devenu le nouveau scénariste. Il a déjà réalisé plusieurs albums d’aviation chez un éditeur, Zéphyr, accoutumé au genre. Il y a du bon et du moins bon, mais les histoires se tiennent. Dans ce tome 53, il semble plus mal à l’aise. La charge d’une des séries les plus longues de la bande dessinée ? Son souci affiché du réalisme confine à l’excès. Beaucoup de termes techniques au détriment d’une histoire qui aurait pu être plus charpentée. On s’ennuie un peu entre deux Tango Charlie.
Quant au dessin, il est dans les mains de Francis Winis, architecte spatial et dessinateur néophyte du 9ème art. Un trait qui a remué les forums spécialisés. Comme souvent dans ces agoras virtuelles, les propos s’envolent et les critiques sont sévères. Quelques exégètes ont comparé avec les anciens albums. Et là, surprise, ils ont trouvé de troublantes similitudes dans certaines des cases. L’auteur est accusé de «pomper» Hubinon ou Bergèse. Emprunts ou pas, l’auteur dessine honorablement les aéronefs mais il est inexpérimenté et maladroit sur ses personnages. Et ça se voit. Il lui manque des heures de vols. Buck Danny méritait une reprise plus réjouissante.
Images (c) Zumbiehl & Winis / Editions Dupuis