Le héros est un handicapé, la concupiscence d’une femme est la cause de tous les tourments et l’épopée finit dans une cité en or au fin fond de l’Amazonie. Un récit de piraterie qui assure le spectacle et sent bon le rhum, la boucane et l’écume.
Long John Silver ? C’est un personnage créé par Stevenson dans L’île aux trésors. Un pirate avec jambe de bois. Xavier Dorison au scénario et Mathieu Lauffray au dessin lui ont inventé une vie après le roman. En quatre tomes et dont le dernier Guyanacapac vient de paraître. L’équipage arrive dans le graal du pirate, la cité perdue de Guyanacapac où l’or coule à flot comme l’alcool dans les bouges de Tortuga.
Seulement voilà, il y a déjà des occupants. Des locaux qui vénèrent des divinités capricieuses et prédatrices à qui une poignée de sacrifices humains ne déplairait pas. Et pour le côté vaudeville, sans les claquements de portes mais avec les claquements de dents, il faut compter avec le mari. Celui de Vivian Hastings, la femme volage à cause de qui l’entreprise a débuté. C’est en effet une lettre de son mari qu’elle croyait décédé qui va pousser la Lady à monter l’expédition. Ça se complique parce-que Madame est enceinte et pas de Monsieur. Les retrouvailles seront sanglantes.
Bouquet final donc dans cet album qui glisse un tantinet vers le fantastique. Le récit est toujours mené avec vivacité. Une histoire de sabres et d’effets réussis notamment grâce aux vertus du trait de Mathieu Lauffray, qui donne un vrai souffle à ce Long John Silver. La BD apporte en plus une réponse à cette question métaphysique et récurrente dans la piraterie: de l’or ou de la postérité, que faut-il préférer ?
Images Long John Silver (c) Dorison & Lauffray / Editions Dargaud