Des jeunes femmes posant devant le fuselage d'un avion. Ce sont les derniers dessins d’Uderzo. Pas d’Albert, le créateur d’Astérix, mais de Marcel, son frère, dont le trait s'est fait dans l'ombre de son nom.
«Mon père, immigré italien, était très sévère. Il fallait ramener sa paye à la maison, il était luthier, j’ai fait le même métier que lui. Mais ma vraie passion a toujours été le dessin » se souvient Marcel Uderzo. Marcel est le dernier des cinq enfants de la famille Uderzo. Il commence, à l’âge de 14 ans, ce métier de luthier qu'il n'a pas choisi et qu'il fera, résigné, pendant 20 ans.
En 1967, il se décide enfin à pousser la porte de l'atelier de son frère. « J'ai demandé à Albert s'il pouvait m’embaucher. Il a vu avec Goscinny qui était d’accord. Il m’ a dit qu'il fallait que je m’entraîne » ajoute Marcel. Il devient alors la petite main de son aîné. D'abord sur les encrages de Tanguy et Laverdure qu’Albert dessine à l’époque. Puis d’Astérix, pour l’encrage, la mise en couleur et les produits dérivés. «J'ai même travaillé sur Astérix et les Belges, le dernier de Goscinny qu’il n'a d'ailleurs pas pu finir, précise le dessinateur. Puis mon frère a fait une déprime, il souhaitait que je continue avec lui mais j'ai refusé. A partir de 1980, j’ai travaillé tout seul ». Chapeauté par son frère jusque-là, Marcel n’a, en fait, que très peu de contact avec le monde de la BD. Les débuts seront difficiles: « Je voulais prendre un pseudo mais mon éditeur à l'époque ne voulait pas. J'ai bien compris que c'était pour des raisons commerciales alors j'ai signé Uderzo mais avec mon prénom Marcel».
Des BD sur l’aéronautique, un titre chez Dargaud, Marie l’Aventure, des albums adaptés de Jules Vernes. «J’ai fait aussi un album sur l'instruction civique, la pétanque et le PSG » explique Marcel. Le dernier est un portfolio d'illustrations de pin-up prenant la pose devant de belles mécaniques, édité par Idées+ Passion BD. Marcel Uderzo a dessiné plus de trente albums. Mais sans gros succès. Le prénom a fait la différence. «Mon frère a un immense talent, c'est une réussite extraordinaire. Et je l'ai bien vécu. Le seul vrai problème est quand je vois arriver en dédicace des lecteurs avec des Astérix sous le bras. Ils font souvent la tête après leur avoir dit que je n’en suis pas l’auteur» raconte Marcel en souriant. Et justement, le dernier, Astérix chez les Pictes, avec deux nouveaux auteurs Ferri et Conrad, qu’en pense Marcel ? «Non, je n'ai pas lu. Franchement, je n'ai pas le temps de lire de la BD». Astérix n’est maintenant plus dans les mains d’Uderzo, ni d'Albert, ni de Marcel.
Images © Portfolio Pin-up de Marcel Uderzo, Editions Idées+ Passion.