Dur, il cogne dur, le soleil dans Canicule, le roman de Jean Vautrin adapté en BD par Baru. Un polar céréalier dans une Beauce qui, durant l’été, devient blonde et cruelle.
Mauvaise pioche pour Monsieur Cobb, malfrat en cavale et blessé. Après avoir planqué le magot du braquage, il va s’échouer dans une ferme au milieu de champs de blé, en pleine Beauce. Ça va susciter bien des vocations dans ce petit monde agricole moisi et passablement dégénéré. Au jaune doré des blés mûrs, va succéder le rouge sang de la cupidité et des haines.
Yves Boisset avait réalisé en 1984 une prenante adaptation au cinéma de Canicule. Au casting, Lee Marvin, pas moins, dans le rôle de Jimmy Cobb aux côtés de Victor Lanoux, Miou-Miou et Jean Carmet. Baru ne démérite pas, ni au film, ni au roman. La tension du récit est bien là. Le découpage y est pour beaucoup. Avec un remarquable travail sur les couleurs, Baru réussit à peindre le cagnard. La lumière est crue, âpre. La campagne baigne dans une lourdeur estivale.
Canicule tient aussi à la puissance malsaine et viciée des personnages. Et les auteurs nous offrent une belle galerie : le père alcoolique et violent, le fils demeuré, la nymphomane déjantée, la vieille bonne maltraitée et suicidaire. Baru a le trait pour ça, il sait dessiner les visages abîmés. Canicule n’est pas une comptine pour enfants, on s’en doute un peu, ça finit mal pour Monsieur Cobb…mais pas forcément comme prévu.
Images Canicule (c) Baru & Vautrin / Editions Casterman