La réponse est dans le BDM, un pavé de plus de 1000 pages qui recense tous les albums en français de 1805 à nos jours. Une encyclopédie doublée d'un argus puisque les côtes des BD y figurent. Le 9e art est devenu un marché qui s'envole.
Et si vous aviez une édition rare dans votre bibliothèque ? Un Tintin par exemple que votre grand-père vous aurait transmis, cette édition de 1943 du Crabe aux pinces d'or imprimée en noir et blanc. Une BD qui valait déjà 14 000 euros en 2009 et qui se négocie aujourd'hui à 45 000 euros. "Les albums de Tintin continuent à être très recherchés, les prix grimpent. Et notre travail sur ces albums a été énorme, il a fallu recenser toutes les différentes éditions" explique Michel Denni, le directeur de l'édition de cette bible du collectionneur.
Michel Denni, directeur de l'édition du BDM (Paris, mars 2013) © photo Francis Forget.
Michel Denni et sa vingtaine de collaborateurs ont bien du mérite à collecter et compiler sans cesse les résultats des salles des ventes, des librairies spécialisées et des sites de vente sur internet. Il en faut du courage pour sortir tous les deux ans une nouvelle édition du BDM en ayant pris soin d'y rentrer les 10 000 nouvelles BD. "Depuis sa naissance en 1979, le BDM n'a cessé de grossir. Il fait déjà plus de 1000 pages et si on ne veut pas dépasser les 50 euros en prix de vente, nous sommes contraints de faire des choix. Cette fois-ci, nous avons supprimés les Mangas".
L'éditeur annonce plus de 300 000 exemplaires vendus du BDM depuis sa création. Et le cru 2013-2014 réserve quelques surprises. "Depuis que Jean Giraud-Moebius est mort en mars dernier, la côte de ses albums a explosé, elle a été multipliée par trois. Et ceci ne concerne que les ouvrages signés Moebius, les Blueberry pourtant du même auteur mais signés Giraud sont eux restés curieusement stables" constate avec étonnement Michel Denni. Imprévisible marché, comme à la bourse, les prix montent, stagnent et peuvent même redescendre si un stock est tout à coup retrouvé.
Moebius dont la côte des albums s'est envolée après son décès (Exposition Moebius, Fondation Cartier, 2010) © Photo Fondation Cartier
Pas d'emballement, ne regardez pas pour autant votre bibliothèque BD comme une malle au trésor. La grande majorité des albums n'offre des côtes que de quelques dizaines d'euros. Et bon nombre ne sont d'ailleurs même pas côtés. Les premières éditions, que les connaisseurs appellent les EO pour Edition Originale, sont les plus prisées. L'état de l'album a aussi beaucoup d'importance. Collectionneurs et amateurs sont très pointilleux sur le sujet. S'il est rafistolé au scotch ou redessiné en page de garde par votre petit cousin, vous pouvez laisser la BD sur votre étagère plutôt que de la proposer à la vente. L'alchimie des collectionneurs ne transforme pas toutes les bulles en or.
BDM, Trésors de la Bande Dessinée, 2013 -2014. Editions de l'Amateur.
