Olivier Deniaud, un entraîneur international pas comme les autres

Lors des Championnats d’Europe d’athlétisme 2018 à Berlin, Olivier Deniaud (à gauche sur la photo) pose avec des athlètes handisports français présents. Pour l’occasion, les tricolores ont décrochés 39 médailles, dont 17 d’or.

Olivier Deniaud entraîne l’équipe française handisport en vue des prochains jeux paralympiques qui se tiendront au Japon en 2020. Nous l’avons rencontré lors de l'Handisport Open de Paris organisé les 29 et 30 août au stade Charléty. Un meeting international qui s’inscrit dans les phases de sélection.

Coach d’athlètes valides depuis 1991 et d’invalides depuis 1994, Olivier Deniaud a déjà fait ses preuves comme entraîneur de l’équipe de France paralympique. Déjà à la manœuvre aux Jeux Paralympiques de Rio en 2016, il parvient alors à hisser la France en douzième position au tableau des médailles, avec 9 d’or, 5 d’argent et 14 de bronze. Ce Calédonien de 55 ans ne manque pas d’humour. "Olivier nous avait lancé un pari : ‘si vous ramenez des médailles, je fais le tour du stade en slip. On attend toujours", lâche Nicolas Brignone, un sprinter en fauteuil roulant de 27 ans en lice pour les JO de 2020.

Nicolas Brignone (à gauche) aux côtés de Pierre Fairbank. Deux athlètes en fauteuil en lice pour la sélection au JO 2020 en catégorie T53, dont Olivier Deniaud est également coach individuel.

Olivier Deniaud est d’ailleurs aussi le coach individuel de Nicolas Brignone. Mais aussi celui d’un autre un sprinter en fauteuil : Pierre Fairbank. À 48 ans, ce dernier affiche un palmarès impressionnant : 8 médailles aux JO et 14 en championnat du monde. Lui aussi est candidat à la sélection des Jeux Paralympiques de Tokyo. "J’ai perdu l'usage de mes jambes vers 7 ans après avoir été vacciné contre la poliomyélite. À ma sortie de l'hôpital, j'étais en fauteuil. Mais à cette époque, je ne vivais pas la situation comme un traumatisme : j'étais assis, il fallait que je m'adapte...", se rappelle-t-il. "Je ne me demandais pas si je remarcherais un jour. J'étais un gamin joyeux, turbulent, je le suis resté. Ce fauteuil, c'était ni plus ni moins qu'un skateboard ou un vélo pour moi. Avec lui, je faisais de la vitesse, je dévalais les buttes, je roulais jusqu'à la ville... Chaque côte était un défi ! En fauteuil ou valide, je devais essayer, avant de dire que c'est impossible."

De son côté, Nicolas Brignone a perdu l’usage de ses jambes lors d’un accident de moto. "Il n'a pas perdu de temps. Six mois après, il était sur les pistes avec moi à l'entraînement", témoigne Olivier Deniaud.

"Il nous met la niaque"

Olivier Deniaud a fait d'eux des athlètes de haut niveau. Ses qualités de coach, humaines et techniques, sont reconnues dans le milieu. "Pendant les séances d’entraînement, Olivier prend parfois la voix de Robert De Niro ou de Johnny Hallyday en nous lançant ‘Allez les garçons, allumez le feu !’. Il nous met la niaque", raconte Pierre Fairbank.

Fleur Jong

La néerlandaise Fleur Jong, équipée de "lames" de nouvelle génération, a battu le record du monde du saut en longueur en  catégorie T62, en inscrivant 5,21m .

Depuis ses premiers Jeux paralympiques, à Atlanta en 1996, Olivier Deniaud suit de près l’évolution technologique du matériel des athlètes, élément capital de leurs performances sportives. "Les lames (atèles des coureurs unijambistes ou amputés des deux jambes ndlr) étaient initialement droites. Elles sont aujourd’hui incurvées pour procurer un plus grand renvoi vers l’avant", précise-t-il à Franceinfo.  Elles étaient aussi plus longues. Celles du sud-africain Oscar Pistorius, premier athlète amputé à concourir au championnat du monde pour les valides en 2011, mesurait une dizaine de centimètres de plus que celles homologuées aujourd’hui. Résultat : sa foulée atteignait 2,8m. Pouvant coûtée quelque 10 000 euros, leur taille est désormais plus raisonnable, autour de 2,5m.

"Les fauteuils ont aussi beaucoup changé", précise egalement Olivier Deniaud. "A Séoul en 1988, ils étaient équipés de quatre roues alors qu’ils n’en ont plus trois aujourd’hui, dont une seule à l’avant. Ce qui les rend plus aérodynamiques. Ils sont tous en carbone, donc beaucoup plus légers, et leur profil aérodynamique a été amélioré. Enfin, ils sont fabriqués sur-mesure."

Une moisson de médailles à l'Handisport Open de Paris

"Le binôme entraîneur-athlète est l’une des principales clés de la victoire", souligne Tony Estanguet, ex-athlète spécialiste du slalom en canoë monoplace. Le président du comité d'organisation des JO de Paris 2024 lui non plus ne pouvait pas manquer l'Handisport Open de Paris organisé au stade Charléty les 29 et 30 août derniers. "Je vérifie que la pression de l’événement ici est bien reçue par les binômes entraîneur-athlète pour être à la hauteur de l’exigence attendue à Paris en 2024", nous confie-t-il.

Sur piste de Charléty, la course en fauteuil atteint 35 km/h.

Les premiers résultats sont là. A Charléty, Pierre Fairbank décroche 4 médailles d’or sur 100, 200, 400, et 800m sur fauteuil. Quant à Nicolas Brignone, il remporte 6 médailles : l'or sur 1500m, l'argent sur 200m (en battant son record personnel) et sur 5000m, ainsi que le bronze sur 100, 400 et 800m sur fauteuil.

A ces médailles, il faut ajouter celles de Thierry Cibone : l'or au poids assis et l'argent au javelot assis. L'or au poids également et au disque petite taille pour Rose Vendegou. Joanne Lhuillery décroche le bronze sur 100m, et termine 4ème sur le 200 et le 400m. Enfin, Marcelin Walico décroche l'or au javelot et l'argent au poids assis et Sylvain bova, blessé, et son guide Germain Haewegene, terminent courageusement à la 5ème place sur le 400m non voyant. «Des résultats satisfaisants», juge Olivier Deniaud.

Prochaine étape dans le parcours pour la sélection aux Jeux paralympiques 2020 : les championnats du monde d’athlétisme handisport 2019 qui se dérouleront à Dubaï (Emirats Arabes Unis) en novembre.

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Publié par Clara Crochet-Damais / Catégories : Non classé