Champion du monde junior en 2010, à 14 ans, champion d'Europe en 2016, champion de France en 2017 et 2018, le spécialiste du saut en hauteur et paralysé du bras gauche affiche une carrière déjà longue au plus haut niveau. Il pourrait encore surprendre cet été.
A 22 ans, Alexandre Dipoko-Ewané a le sport dans les tripes. Aussi loin que remonte sa mémoire, il a toujours eu le sentiment d'aimer l'activité physique. "Enfant, j’avais en permanence envie de bouger et de sauter partout", confie-t-il à franceinfo.
Né en 1996 à Saint-Herblain (Loire-Atlantique) d’un père camerounais footballeur et d’une mère française assistante sociale, Alexandre Dipoko-Ewané vient au monde avec le bras gauche paralysé. Certains de ses nerfs ont été sectionnés au niveau de la moelle épinière au moment de l’accouchement. "Avec du recul, je considère ce drame comme une opportunité pour moi qui m'a permis de connaître le sport de haut niveau", affirme-t-il sans détour.
La découverte du saut en hauteur
Dipoko-Ewané n’a jamais rien lâché. Dès l’enfance, il intègre l’historique ASPTT Fédération Omnisports. "J’y ai d’abord pratiqué le football, le roller, le cross et le trail. Puis, j’ai découvert là-bas que j'avais une bonne détente au saut en hauteur", se souvient le sportif. Obtenant de bons résultats dans les compétitions de valides, le jeune homme est très vite repéré Loïc Dalibert, responsable technique du mythique Stade Nantais Athletic Club (SNAC) qui devient son entraineur
Par l'association A-bras qui aide sa mère dans la gestion de son handicap depuis sa naissance, il découvre le handisport puis intègre la filière. En 2010, à tout juste 14 ans, il décroche le record du monde junior de saut en hauteur handisport.
En 2012, le SNAC est rebaptisé Nantes Métropole Athlétisme (NMA). A l'entraînement six jours sur sept avec des séances de kiné quotidiennes, Alexandre Dipoko-Ewané poursuit son ascension. En juillet 2015, c’est la consécration. Il monte sur la deuxième marche du podium aux Jeux paralympiques européens de la jeunesse de Varazdin en Croatie.
Un an après, il franchit une nouvelle étape. Au championnat d’Europe d’athlétisme de Grosseto (Italie), il décroche une médaille d’or handisport (catégorie T47) avec un saut à pas moins de 1,88 mètre. Désormais, il faudra compter sur lui. En 2017, Mike Falélavaki, ex-athlète du Stade Laval et désormais coach, rejoint Loïc Dalibert pour entraîner le jeune Nantais.
Les JO de Paris en ligne de mire
Le 15 juin à l’occasion de l’Handisport Open Paris, Alexandre Dipoko-Ewané a battu son record personnel en sautant à 1,94 mètre, et a décroché l'or. Une semaine plus tard, il a remporté une deuxième médaille d’or aux championnats de France Elite d'Athlétisme Handisport à Belfort (avec un saut à 1,90 mètre). Fort de ces résultats, il est désormais sélectionné pour participer aux Championnats d'Europe d’athlétisme qui se tiendront du 7 au 12 août à Berlin. Il compte bien y remettre son titre en jeu.
Pour la suite, l’athlète a les Jeux paralympiques de Tokyo de 2020 en ligne de mire avec une médaille dans la tête, puis ceux de Paris en 2024... "J'espère de tout cœur que les JO de Paris seront aussi un tremplin pour l'handisport en France et à travers le monde", lâche-t-il pour terminer.
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