Accessible Deux mois et demi après son départ de Paris dans son "fourgon adapté", il raconte à franceinfo sa traversée du Canada, de Halifax à Vancouver.
Installé à Grenoble, Samuel Marie menait une petite vie tranquille, entouré de sa famille et ses amis. Ce jeune de 20 ans, adepte de sports de montagne, travaillait comme cordiste. Il intervenait sur des chantiers en hauteur, encordé souvent dans le vide le long de façade d’immeubles, de monuments...
Le 26 juin 2008, sa vie bascule. Il fait une chute de 6 mètres lors d’une mission de débroussaillage sur les remparts de Besançon. Deux de ses vertèbres cervicales se rompent. Tétraplégique, il sera handicapé à vie. S’en suivent quatre longues années de rééducation. Soutenu par ses proches, il décide alors de se lancer un défi : faire le tour du monde. "J’avais déjà au fond de moi cette envie de me dépasser. Mais là, ça était comme un déclic. Ce projet est devenu la ligne directrice positive dont j’avais besoin", lâche Samuel Marie.
Deux ans de préparation
Après deux ans de préparation, avec notamment la conception d’une camionnette 100% adaptée et aménagée pour vivre, Samuel Marie démarre son périple le 10 juillet 2017 au volant de son véhicule ( au sens propre du terme !).
Première étape : traverser l’Amérique du Nord en commençant par le Canada. "J'ai l'impression là-bas que tout est plus facile pour les handicapés en comparaison avec la France. Les gens ne se posent pas de question. Est-ce que j'ai le droit de l'aider ? Comment l'aider ? Ils m'aident avec le sourire parce que cela va de soi", lance l’intéressé. "Par exemple, lorsque mon fourgon a eu une panne mécanique au fin fond de la Colombie Britannique, dans une forêt de sapins sans réseau wifi, j'ai été remorqué par des Canadiens adorables et ‘ma monture’ a été envoyée 15 jours à Vancouver pour réparation."
Pendant ces quelques jours à Vancouver, Samuel a voulu découvrir les sites des Jeux Olympiques d'hiver de 2010. Un rendez-vous important pour lui en tant qu'ex-compétiteur de ski de fond. Il s'est aussi rendu au centre de recherche de l'Icord spécialisé dans la moelle épinière, ainsi qu'au centre de réadaptation GF Strong.
"C’est aussi à nous, les personnes en situation de handicap de donner la possibilité au positif d’exister"
Samuel Marie au Canada, le premier pays qu’il traverse pour démarrer son tour du monde.
Pendant ces quelques jours à Vancouver, Samuel explore l’environnement urbain de la huitième plus grande municipalité du pays qui, très bonne surprise, se révèle "très accessible" en fauteuil roulant.
"L’un des objectifs de mon périple est de contribuer à changer le regard porté sur les personnes en situation de handicap, mais aussi d’informer sur le niveau d’accessibilité des régions que je traverse", précise Samuel Marie.
Finalement, impossible pour Samuel de trouver, durant ces deux premiers mois de voyage, de véritables galères à raconter. "Il y a toujours une corde sensible à laquelle moi, tétraplégique, je peux faire appel chez quelqu’un. Il n’y a pas de cœurs fermés mais des cœurs à ouvrir, estime-t-il. C’est aussi à nous, les personnes en situation de handicap de donner la possibilité au positif d’exister."
Après le Canada, les Etats-Unis
Après son départ de Paris, c'est Max, un collègue infirmier de sa compagne Lise, qui l’épaule durant les premières semaines de son périple. Audrey, également infirmière, le relaye depuis. Tous infirmiers, ils sont surtout pour Samuel des accompagnants précieux. "Des ‘grandes personnes’ avec lesquelles je devais absolument bien m'entendre parce qu’ils partagent avec moi cet ‘handi road trip’ à travers le monde", insiste Samuel Marie. "Avec Max, nous avons, je crois, profité à fond de magnifiques paysages au Canada, en particulier dans la province du Québec ou encore au nord à Inuvik."
En Amérique du Nord, Samuel Marie va sillonner le Canada, puis les Etats-Unis.
Le 25 septembre dans l'après-midi Samuel franchit la frontière pour continuer sa traversée de l'Amérique du Nord via les États-Unis. Il s'attend à y découvrir beaucoup de points communs avec le Canada. Il lui tarde d'admirer les grands Parcs nationaux de l'Ouest américain. Il fera aussi une pause à Houston pour partager la souffrance des handicapés, victimes de l’ouragan Harvey qui a balayé la ville du Texas fin août. "C’est un sujet qui me préoccupe. Les handicapés étant une population particulièrement vulnérable aux intempéries", souligne Samuel Marie.
Samuel nous donne rendez-vous fin septembre pour une nouvelle interview sur son voyage.
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