Pourquoi Nicolas Sarkozy a-t-il commis des erreurs ? La liste d'excuses d'Henri Guaino

Pas de révélation dans La Nuit et le Jour (Plon) que publie Henri Guaino le 27 septembre. Mais une longue ode à Nicolas Sarkozy. "On se rendra compte du risque que le pays a pris en écartant une telle intelligence et une telle énergie qui l'avaient si bien protégé pendant cinq ans", écrit son ancienne plume.

Le député de la troisième circonscription des Yvelines admet que Nicolas Sarkozy a commis des erreurs, et que sa politique volontariste a trouvé des limites. Mais son essai aligne les mots d'excuse.

La faute de Cécilia

La victoire à l'Elysée fêtée au Fouquet's, le 6 mai 2007, et tardivement regrettée par Nicolas Sarkozy ?  Les quelques jours de vacances sur le yacht de Vincent Bolloré, toujours en mai 2007 ?

Comme la journaliste Catherine Nay (dans L'Impétueux), le député des Yvelines pointe le désir du chef de l'Etat de reconquérir Cécilia, sa seconde épouse, qui l'avait quitté en 2005 pour Richard Attias avant de revenir quelques mois pour la campagne présidentielle.

"Quand il est entré à l'Elysée, Nicolas Sarkozy était un homme profondément meurtri. La campagne avait été en même temps une magnifique aventure politique et un cauchemar personnel."

"Dès qu'on l'a senti blessé et vulnérable, on l'a attaqué souvent avec une incroyable bassesse. Ce qu'on lui a reproché pendant les premières semaines de son mandat s'expliquait par le désespoir dans lequel l'avait plongé le drame personnel qu'il était en train de vivre."

La faute de l'administration

Promis, juré, la RGPP (révision générale des politiques publiques, qui devait se traduire par le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux) "ne relevait pas du tout de la logique sacrificielle. Il s'agissait de faire le tri dans les politiques publiques pour éliminer ce qui ne marchait pas et faire en sorte que l'Etat fonctionnât mieux".

Hélas, "la bureaucratie… a fait de la révision des politiques publiques une simple machine à faire des économies dont certaines pourraient bien coûter plus cher qu'elles ne rapporteront".

Phrase qui réussit un double miracle : dédouaner Nicolas Sarkozy de l'austérité dont il est crédité par ces coupes (auprès de l'opinion), mais également des dérives budgétaires constatées dans le rapport des députés Marc Francina (UMP), Charles de La Verpillière (UMP) et Bernard Derosier (PS).

La faute de l'Education nationale

Suppression de profs, France qui dévisse dans les classements internationaux… Le bilan de Nicolas Sarkozy n'apparaît guère glorieux sur l'éducation. Henri Guaino désigne les coupables :

"Je ne pouvais m'empêcher de ressasser toutes les occasions manquées… Les internats d'excellence auxquels Nicolas Sarkozy tenait tant et qui n'étaient pas assez nombreux parce que l'Education nationale n'en voulait pas. Les écoles de la deuxième chance, pas assez nombreuses non plus et que le Budget ne voulait pas financer."

L'histoire supprimée en terminale S ? "Vous me croirez ou non, le Président n'y était pour rien. Cette décision paraissait tellement insignifiante à ceux qui l'avaient prise qu'ils n'ont pas jugé utile de la soumettre à un arbitrage."

La faute des agences de notation

Pour le louangeur Henri Guaino, "on réfléchira à ce que serait devenu le monde si, dans les crises terribles qui l'ont ébranlé, la France n'avait pas pris l'initiative". Et de défendre bec et ongles le rôle de l'ancien chef de l'Etat dans la crise de 2008.

Certes, les électeurs ont jugé le bilan insuffisant dans un pays où se sont accrus chômage et pauvreté. Mais que pouvait-on faire ?

"Aucun expert n'a envisagé un seul instant de résister à la pression des agences [de notation]. Ils ne pouvaient pas concevoir une telle transgression. C'est ainsi que, au lieu de faire front ensemble contre les agences, tous se sont soumis à leur diktat de rigueur. Mais le virage a été trop brutal. Ce tête-à-queue de la relance à la rigueur en même temps dans tous les pays a précipité l'Europe dans la récession."

La faute de l'Allemagne

Dans le couple Merkel-Sarkozy, c'est la chancelière allemande qui tenait les commandes. Pour le souverainiste Henri Guaino, l'aveu est de taille :

"L'Allemagne serait la première victime d'une déflation européenne qui ferait exploser l'euro. C'est ce que, pendant quatre ans, chaque fois que nous étions au bord du gouffre, nous avons fait valoir aux Allemands. Chaque fois in extremis, l'Europe a évité la catastrophe. Chaque fois l'Allemagne, au dernier moment, a fait le geste qui a retenu l'Europe au bord du vide, mais pas plus… La France a résisté autant qu'elle a pu à la pression en faveur de l'austérité. Mais elle a subi la politique des autres."

Liste non exhaustive : dans le collimateur d'Henri Guaino, il y a aussi la Commission européenne (qu'il rend partiellement responsable du coût de l'énergie), les corps intermédiaires (qui veulent garder leurs "privilèges"), et ces Français qui n'ont pas mesuré l'irremplaçable dimension d'homme d'Etat de Nicolas Sarkozy.

L'ouvrage a un grand mérite :  il pourra demain être partiellement recyclé au profit de François Hollande, qui risque de buter sur les mêmes obstacles.