Je suis prof et j’adore ça !

(Crédit AFP)

Les enseignants n’arrêtent pas de se plaindre, c’est bien connu. Champions de la déploration et de la sinistrose, les profs contribuent-ils à donner l’image d’un métier triste et peu épanouissant ? Dans les faits, les raisons de grogner existent mais masquent celles de s’enthousiasmer ; les doléances sont souvent fondées mais cachent les motifs de satisfaction ; les causes de découragement sont nombreuses certes, mais voilent les sources de félicité. 

Alors pour une fois, place au bonheur d’être prof, aux petites et grandes joies que procure ce métier que la plupart d’entre nous ne quitteraient pour rien au monde, malgré tout.

J’ai demandé à mes collègues de laisser de côté les aspects négatifs du métier et de parler de sa part lumineuse. Je leur ai demandé de raconter ce qui fait la beauté du métier de prof, au quotidien ou sur le long terme, ce pour quoi ils se lèvent le sourire aux lèvres la majeure partie du temps, ce qui fait qu’ils rentrent chez eux crevés mais heureux souvent, en se disant : « J’adore mon métier ! ».

Voici ce qu’ils m’ont répondu.

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« J'adore mon métier quand je vois la petite lumière qui s'allume dans les yeux des élèves: ils ont compris, ils repartiront de ma salle avec un peu plus de prise sur le monde » Guillaume

« J'adore mon métier, lorsque la fin de journée arrive et que mes élèves de Grande Section me disent: "Oh! non déjà!" » Bérénice

« Je suis heureuse quand ils arrivent eux-mêmes heureux de rentrer le matin dans la classe, quand je leur dit "oui cet après-midi nous allons danser!", quand leurs yeux s'illuminent d'avoir enfin compris cette notion qui leur résistait tant, quand les parents m'offrent un cadeau estampillé "c'est pas bon pour la planète!" parce que ce projet recyclage, au début, ils n'y croyaient pas et que leurs enfants eux, ont su les convaincre... j'aime mon métier parce qu'il est avant toute chose une expérience concentrée de la vie et des relations humaines avant d'être un "boulot". Enfin, surtout, je crois qu'on ose trop peu le dire, par souci d'éthique professionnelle peut-être, mais dans ce métier il y a de l'amour et du partage, tout ce qui rend la vie belle et colorée quoi! » Armelle

« Les déclics dans la tête des élèves (ça s'entend très bien, les déclics...). Quand le dispositif que tu as imaginé pour les mettre en activité fonctionne comme tu l'avais prévu et que tu n'as rien à faire (ou presque) sinon observer les apprentissages en train de se faire (ça marche aussi quand tu es formateur). “Sois surtout présent quand tu n'es pas là" Fernand Deligny. » Philippe

« J'adore mon métier parce qu'on n'a pas un patron sur le dos, on est libre de s'organiser, faire des choix. J'aime voir les élèves évoluer...ou pas et chercher alors comment faire pour qu'ils y arrivent aussi! Pour résumer j'aime que mon métier ne soit pas monotone ». Mathilde

« Le jour où l'inspecteur vient, une petite m'offre le diplôme de la plus géniale des maîtresse, l'ensemble de la classe me donne une carte de soutien et une blondinette adorable me dit "Maitresse, n'ayez pas peur pour l'inspecteur, il est obligé de voir que vous êtes géniale et que c'est super quand vous nous apprenez des choses. Nous on adore l'école avec vous. » Marlène

« Leurs éclats de rire lorsque je fais le clown en lisant des romans en lecture feuilleton, et qu'ils en demandent encore quand je dis "la suite, tout à l'heure... » Supernana Eol

« Je vais travailler chaque matin avec la joie de retrouver mes collègues; j'aime voir les sourires de mes petits élèves, les regarder écrire pour la première fois leur prénom (pour les ps), les entendre lire des mots inconnus (pour les cp). Je suis certaine de ne pas m'être trompée de métier, et j'espère tenir ces propos le plus longtemps possible ». Gaëlle

« Côtoyer des gens formidables... Il y a beaucoup de talents dans notre profession ». Evelyne

 « Les yeux grand ouverts des enfants, la bouche ouverte en mode "poisson hors de l'eau" lorsqu’ils sont captivés par une histoire... » Isabelle

« Quand l'enfant est au travail, sérieux et calme et que je me souviens dans quel état il est arrivé quelques mois auparavant : angoissé, effrayé, agité, hurlant, jetant cahier et chaise (en ITEP) » Minh-Thu

« Quand mes CP ont appris à lire et qu'ils en sont si fiers! » Chloé

« Maîcresse, t'es belle, maîcresse je t'aime... » Alexandra

« Quand après une séance un peu scabreuse sur les Lieder de Schubert, ils en écoutent un la bouche ouverte et concluent par un "mais en fait, c'est vachement beau". » Emnle

« Le sourire rassuré d'un enfant en difficulté qui te prouve qu'il a compris. » Jess

« C'est tous les jours où je vois ces petites têtes de Yanis, d'Amandine de Soulayman, de Kym, de Nolann et Mahé et où je me dis que nous avons la chance d'avoir une école multiraciale, multi-religions et que ce petit monde cohabite admirablement... » Alain-Pierre

« Une petite fille de 10 ans qui ne sait toujours pas lire, en CLIS depuis 3 ans, qui se trouve "trop bête pour apprendre" et qui répète qu'elle n'y arrivera jamais". Après des mois de travail sur son estime de soi, un jour d'un mois de janvier qui s'annonçait comme les autres, elle arrive à lire seule un petit texte de 5 lignes. Elle se tourne vers moi avec un regard de fierté et me dit "Ca y est maîtresse, je crois que je peux apprendre à lire" et je lui ai répondu "Mais regarde ce que tu viens de faire, tu sais lire ma grande". Et là, je l'avoue, j'ai eu les larmes aux yeux. » Delphine

 « Répondre à des questions qu'ils n'osent (ou ne peuvent) pas poser chez eux, les voir progresser, me sentir utile quelque part, nos moments de complicité, rendre mes enfants un peu jaloux "mais tu les aimes autant que nous ?????". Les fous rires avec les collègues, plein de raisons en fait... » Ben

« Quand j'entends un "HAaaahhhhhh!" difficile à transcrire par écrit mais que tous nous connaissons : celui du déclic ! suivi du fameux "mais alors, maitresse, c'est comme (ci ou comme ça) ! c'est facile !"... » Csil

« Les enfants, les enfants et encore les enfants » Patricia

« 17 décembre 2013 : dans le bus en direction du Louvre-Lens avec mes 4èmes SEGPA. Ils ont le sourire aux lèvres, des étoiles dans les yeux (j'exagère un peu, mais l'idée est là ). "ON VA AU LOUVRE MADAME", j'aperçois Aurélie, qui lorsque tous jouent avec leurs MP4 et autres Smartphones, tient un étrange objet dans la main "Un Livre". Je m'approche. LES MISERABLES. Je m'approche encore  croyant avoir mal lu). LES MISERABLES, toujours. Les vrais Misérables, ceux de Victor Hugo. VICTOR HUGO. Auto-questionnement rapide : pourquoi? Flash-back : En classe la veille : "La liberté guidant le peuple" (censé se trouver au Louvre-Lens, mais absent car endommagé : dommage), L'enfant parisien représenté, Gavroche, Les Misérables... Elle a ECOUTE, elle est allée VOLONTAIREMENT au CDI, elle l'a EMPRUNTE ET elle le LIT (pour de vrai), déchiffrant péniblement chaque ligne. Je sais pourquoi je fais ce métier. » Julie

« Depuis que je suis à la retraite, souvent je rêve que je retourne, ravi, faire la classe; ou bien je rêve aussi que je prépare de merveilleuses et imparables leçons... » Eric

 « Entendre tous les jours les "ouaiii" de ceux qui ont "bon" après avoir eu tout faux ; les "ah ... d accord" de ceux qui ont enfin compris , après avoir bien galéré ; les " t'inquiète je vais t’aider" de ceux qui aident ceux qui rament... ; les "encore un maitresse j aime bien maintenant !" L'élève qui me demande : " tu y as vécu toi maitresse au moyen âge, parce que tu le racontes trop bien...  (je suis en retraite dans 4 mois, heureuse et fière de la tâche accomplie et soulagée d'en finir : h e u r e u s e quoi !) j’en ai des tonnes d’anecdotes comme celles là... de joie, de fatigue extrême, de découragement, d'optimisme, de fou rire et de jeux de mots, d'heures passées à chercher le chemin pour atteindre "untel" et le soulagement d’y être parvenue..., la tristesse de ne pas avoir pu faire grand chose pour un autre, juste lui " éviter de mal vivre à l’école " mais d’y venir avec sérénité et bonheur ; l’enthousiasme d’avoir repoussé nos limites, eux et moi ... ; le miracle de l’apprentissage de la lecture " c’est comme de la magie maîtresse..." bref : la fierté d’avoir enseigné pendant tant et tant d’année sans jamais avoir imaginé pouvoir faire autre chose. »

« … et enfin d’avoir partagé avec eux : des spectacles vus ou réalisés, des jeux, du sport , des sorties vélo, de la voile, des classes poneys, des lectures, poésies et autres romans, des pèches à pieds et le "bien être" de nos animaux de classe, des expos visitées ou réalisées, des voyages de fin d année, des gouters d anniversaire, des règlements de classe pas toujours suivis et réaménagés, des kg de graines plantées dans notre jardin... et encore et encore des fous rire ; MAIS AUSSI : des heures partagées avec MES COLLEGUES... celles et ceux que j’ai détesté  et tous les autres avec qui j’ai A DO RE partager 6h de vie /jrs...LA V R A I E V I E quoi. »

« Quand les élèves de maternelle reprennent le livre raconté la veille, s'installent à ma place et racontent l'histoire en distant "je suis la maîtresse, c'est moi qui lit l'histoire...". Et qui en plus racontent l'album sans rien oublier... » Lydie

« "Maîtresse maintenant je sens que je peux y arriver" ». Laure

« Quand tous ces enfants échoués en ITEP parviennent enfin à être élève, une évidence tellement complexe pour eux (et nous). » Minh-Thu

« Un après midi, chacun à son activité, des déplacements tranquilles, et certains qui se mettent à chantonner en "travaillant ", pas besoin de dire chut, ni rien en fait, je les regarde à l'oeuvre... paradoxe étrange de me sentir utile quand je n’ai rien à faire. »

« Après trois quatre essais, je remets la musique, les petit/es, les grands, les gars, les filles, bouclent, sans se tromper, un cercle circassien collectif, avec ce qui va de fougue et de sérieux, et au moment où le morceau s' arrête, dans leur yeux et leur posture, un truc magique, entre sensuel et intello, " on est capable de faire un truc pareil, tous, chacun, ensemble... et c'était bon " complicité de réussite, et un truc un peu tabou à l'école, le plaisir. » Bérénice

« Enseignante par reconversion volontaire, j'ai trouvé ce que je cherchais dans ce métier : à la fois de la créativité (chaque jour est différent, une certaine liberté des supports d'enseignement...) mais aussi la régularité et le travail d'équipe (lorsque je n'ai plus d'idée ou que le moral est en baisse). Ce que j'aime, c'est voir progresser mes élèves, leur faire découvrir de nouvelles choses, et partager des sourires et des moments de rire. » Christine

« "Madame, ce matin j'ai su me lever vite parce que je savais qu'aujourd'hui je vous voyais" » Vanessa

« Quand j'arrive en classe les yeux bouffis à cause de collègues et qu'une élève (17 ans très réservée) me dit " oh lala m'dame vous avez besoin d'un gros câlin et me tend ses bras " (que j'ai refusés quand même)... et toute cette semaine ces élèves qui ont compris qu'il y a des tensions d'adultes qui m'ont mis des cœurs au tableau (au lycée , c'est très rare) et en toute discrétion... ou encore quand je suis revenue de 7 semaines d'arrêt et que j'ai reçu la plus belle lettre de soutien ... de mes élèves (et rien des collègues). Quand une élève m'"avoue" n'avoir jamais eu un livre en main et qui maintenant en a toujours un dans son sac ... " j'ai eu le déclic grâce à vous" ... ces élèves devenus adultes qui me retrouvent par Facebook et qui me remercient, qui se souviennent de mes cours et me donnent leur note de bac de français... » Tite Delph

« J'aime le petit temps du matin, lorsque j'installe la classe, où tout est silencieux. Et j'attends la sonnerie d'entrée avec une certaine impatience.
J'aime les petits mots glissés dans ma trousse en cachette, les sourires désolés après une bêtise (et il est bien difficile de faire les gros yeux), les élèves excités pendant les travaux de recherche et pressés de partager leur trouvaille, les remerciements chaleureux des parents, les blagues des collègues en salle des maîtres, la tablette de chocolat qu'on se partage autour de confidences, le soir, parce qu'il fait mauvais depuis des lustres et que tout semble aller de travers, préparer les commandes (rêver devant les catalogues, faire une très longue liste, barrer, et barrer encore pour rester dans le budget)... Et aussi j'aime m'apercevoir que j'ai tenu, que j'ai réussi alors que je n'imaginais pas en avoir la force". »

« Voilà 2-3 choses qui me donnent envie d'y retourner le lendemain
Quand ce petit garçon, maître en esquive, répète tout le temps et à tout le monde qu'il sait écrire son prénom en attaché et qu'il me réclame sans cesse des "mots pour écrire".
Quand ils sont TOUS là pour le spectacle de fin d'année, pas UN départ en vacances anticipé, pas UN oubli, beaux et sérieux comme des papes avec chacun le haut blanc demandé prêts à danser ensemble. 
Quand ils trouvent la solution à "comment ressortir un mouchoir sec du fond de l'aquarium ?". Ça éclaire toutes les séances plantées, tous les matins moyens. » Katell

« Les élèves qui reviennent dix ou quinze ans après et me disent : j'ai réussi, j'ai cru en mes rêves comme vous me l'avez dit, je suis kiné ou esthéticienne, ceux qui m'invitent à leur mariage car l'année de CM2 leur a laissé une joie intérieure ... Ceux que je croise qui me disent merci simplement d'avoir été là... » Sylvie

« Le savoir est un pouvoir. J'adore l'idée que ce pouvoir que j'ai reçu, je participe aujourd'hui à le transmettre. Mon grand petit bonheur : quand un élève se découvre du goût pour une œuvre. » Marie-Claude

« Je suis remplaçante, les petites et grandes joies de mon métier sont multiples. Savoir que chaque journée est une journée qui rend service aux collègues et aux enfants. Amener les élèves exactement là où on voulait les faire arriver à la fin d'une séance (ça a du bon de sortir sa bonne vieille séance qui a déjà fait ses preuves mais qu'on arrive toujours à améliorer un p'tit peu d'une classe à l'autre). Lire et relire mon histoire préférée (le marchand de fessées) et s'émerveiller des réactions similaires d'une classe à une autre (du coup anticiper et se délecter encore plus au point d'en avoir la chair de poule et les poils qui se hérissent sur les bras). Avoir le sentiment du devoir accompli à la fin d'un remplacement même si on n'a pas fait tout ce qu'on voulait/espérait/prévoyait/souhaitait. Percevoir les progrès des élèves d'un remplacement à l'autre, et se dire que oui on y est pour quelque chose aussi, même si ce sont eux les principaux acteurs.... Liste non exhaustive, il y a tellement de belles choses, de moments, d'échanges, de satisfactions ... Pour rien au monde je n’échangerai ma place et je me félicite que cette fonction de remplaçante me permette d'avoir assez de recul pour profiter de tous ces merveilleux moments de ... allez lâchons le mot ... bonheur » Bequeenne

« Le regard brillant de Fadhy non lecteur en mars au CP, qui sur le quai du métro, regarde le nom de la station et s'exclame :"Mais Maîtresse c'est le mot que tu as écrit au tableau ce matin......WA....GRAM!!!" Oui Fadhy!!!!C'est ça lire!!! » Sarah

« Cette année un de mes élèves me lit une blague tous les matins, j'adore ! C'est un vrai moment de complicité et de plaisir, une petite blague rien que pour nous deux ! » Nathalie

« J'adore quand enfin je suis inutile dans la classe, quand le groupe est au travail et que chacun avance à son rythme.... ces moments de solitude, je les adore.... excellent projet. » Nob’s Garage

« Ce que j’adore dans ce métier c’est que je ne m’ennuie jamais chaque jour est imprévisible et plein de surprises. » Claire

« Quand le matin, j'entre en classe après qu'ils se soient installés et qu'en cœur ils disent " bonjour maitresse" ! Quand au mois de septembre les ce1 font la queue pour me faire un bisou au portail (dans notre école il y a une cours par niveau). Quand à la fin de l'année le cadeau est un poème inventé par eux et que je garde mes lunettes pour cacher mon émotion... Quand j'ai la boule au ventre la dernière semaine de lâcher mes élèves même Kevin (!!??) qui a passé son année à me pourrir la classe.... Et tant d'autres choses qui font que la balance penche sur "on continue !" » Sophie

« Quand on prépare une pièce de théâtre avec ses élèves et que la représentation finale est une réussite et que tous se sont éclatés ! » Jérôme

« Quand quelques années après, tes élèves deviennent des belles personnes et qu'on arrive à s'organiser des apéros, des restos et des week-end. » Sandrine

 « Pas possible de trier! Trop de choses extraordinaires au milieu des difficultés de la ZEP ! Des échanges, des rires, des colères parfois, la fatigue aussi, mais cette envie tous les matins de les retrouver pour voir ce qu'il y aura de nouveau pour continuer à y croire. Et puis les projets et… la chorale "Jackie, quand je chante, je suis heureux !" Et moi donc !!! » Jackie

« "Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhhhhhhhhh! Mais ça y est j'ai compris!!!!" » Vanessa

« Quand hier, au retour d'une sortie à la basilique de St Denis après un projet sur les rois, mes élèves de grande section dessinent pendant 3/4 d'heure, hyper concentrés : les statues de pierre, l'escalier tout blanc, le cœur du Roi dans un bocal, les tableaux, "les fenêtres avec plein de couleurs"... Et que je me rends compte qu'ils ont vraiment observé et compris tout ce qu'on a appris. » Eléonore

« J'aime quand les élèves sont enchantés par les visites ou projets que l'on fait. Il m'est aussi arrivé d'avoir les larmes aux yeux d'entendre mes élèves participer, répondre à des animateurs lors de visites, ils sont tellement enthousiastes. J'aime voir ces "élèves-chenilles" devenir papillons : pour certains, c'est un travail de longue haleine, mais qu'est-ce qu'on est content de les guider ! J'aime les classes de découverte avec les élèves, où les rapports sont tellement différents. » Stéphanie

« Quand j ai eu à gérer une classe super difficile et qu’un jour alors que j écrivais au tableau et me retourne face à la classe je vois ébahie que la moitié des élèves, hilares, brandissent leur ardoise sur laquelle est écrit "Bon anniversaire! " (c’est vrai comment ont ils su ça? !). »

« Quand lors d'une randonnée en classe transplantée alors que les petits citadins se plaignent d être fatigués Khaled, mon électron libre perturbateur cette année là s'arrête, regarde autour de lui la montagne printanière et me dit avec les yeux qui brillent "maîtresse c est trop beau tout ça"! » Valérie

« Ce que j'aime dans ce métier, c'est que lorsque par la force des choses j'ai dû arrêter pendant un an, je n'attendais qu'une chose: recommencer! Car lorsqu'on fait la classe on ne donne pas: on partage! » Cathy

« Quand j'annonce qu'on fera une évaluation dans 2 jours et que j'entends "Ouuuuuaiiiiiiis !", "On peut pas la faire maintenant ?" » Gaëlle

« C'est à la retraite que j'ai véritablement eu la confirmation que je n'aurais pas pu faire autre chose qu'enseigner, qu'être instit n'avait pas été un hasard mais un choix véritable et pourtant Dieu sait que j'ai pesté pendant plus de 35 années contre la hiérarchie, les caprices des ministres, les aberrations pédagogiques, les manques de moyens etc... mais finalement j'étais heureuse en classe, je ne voyais pas les heures passer. Le temps était intense, vivant ces visages remplis de confiance que j'avais face à moi et je ne retiens que ça… oubliées les heures d'angoisse face à des classes difficiles, oublier les soirs et les we a corriger, préparer, oublier les jours de découragement, l'envie parfois de tout quitter… pas de regrets... » Liliane

« Pour un élève de CE1 que j'ai soutenu en écriture longuement, qui change d'école et qui m'écrit une magnifique carte de vœux l'année d'après à mon adresse personnelle en me précisant qu'il en a bavé pour la majuscule mais qu'il peut bien faire ça pour moi. Pour le bonheur d'une classe qui fonctionne, qui aime ses habitudes et avec qui on peut commencer à plaisanter sans que tout tourne au foutoir parce que le respect et l'affection mutuelle sont installés. Pour mes petits maternelles qui disent OH NOOOOON quand je dis d'un album "et la suite… demain !" » Kashia

« Quand un grand type avec de la moustache naissante attend devant l'école et vient me dire : "Vous me reconnaissez monsieur ? C'est moi Léo l'insupportable, le psychopathe. Et bien je passe en 2nde et si j'y suis arrivé c'est parce que vous m'avez donné confiance sans jamais me rabaisser même quand j'étais super chiant. Merci." » Pianto

« Quand un de mes élèves de Clis 1 éclate de rire à une blague qu’il lit, car il a compris le vocabulaire et surtout accédé aux multiples sens des mots, et au second degré après plusieurs années laborieuses d apprentissage de la lecture et vocabulaire. Ça c’est magique. » Eugénie

« Oui, la reconnaissance des élèves, le sourire des parents, le plaisir d'avoir à s'auto-corriger devant une classe ébahie, car personne n'est parfait, ce qui donne un exemple concret des maximes qu'on leur martèlent, voir des enfants se mettre à faire des efforts pour comprendre ce qu'ils avaient abandonné par défaitisme, se remotiver... et aussi partager de bons moments avec ses collègues… » Eugénie

« Je suis instit en CM1/CM2. C'est ma neuvième année. Un de mes plus grand bonheurs: la dernière semaine de classe l'année dernière quand 3 grands gaillards ont frappé à la porte de ma classe pour m'annoncer qu'ils venaient d'avoir leur bac avec mention très bien et que j'étais la première personne à qui ils l'annonçaient, moi, leur "vieille" instit » Sandrine

« Tous les témoignages de reconnaissance d’affection d’admiration des anciens élèves des parents et des collègues ont largement contribue a me faire aimer ce métier j’en parle encore comme de ma plus belle expérience professionnelle devenir enseignante à 40 ans fut une des meilleures décisions que j'ai prise. » Tsylla

« J'ai une classe de grande section cette année, et je les trouve particulièrement lumineux. Tous les jours, malgré, parfois ou souvent, les moments où hors d'haleine je me demande bien pourquoi exercer ce métier de fou, je réalise bien l'énergie positive qu'ils me transmettent, et ma satisfaction de passer les journées à leurs côtés. Les sourires jusqu'aux oreilles et la fierté qui s'affiche sur leur visage quand je leur dis: "Oooh, magnifique ce que tu dessines!" L'accueil du matin, toujours souriant, toujours heureux à mon égard. La motivation, l'entrain sincère et gai qu'ils montrent pour toutes les activités que je leur propose. Par dessus tout, les débats passionnés, les remarques spontanées, de cette justesse enfantine, qui me font souvent sourire, qui m'émeuvent toujours: "-Qu'est-ce que tu dis là, bien sûr que le père Noël existe, je te dis que j'ai vu ses rennes dans le ciel quand j'étais dans l'avion!"/ "Le paradis c'est les nuages, et on y va après la mort. -Mais non, mais non, on est enterré quand on est mort! - on va au-dessus des nuages, j'te dis!! "/ "Mais maîtresse, pourquoi les mamans doivent aller à l'hôpital pour accoucher? Elles peuvent rester dans leur lit et les papas les aident à faire sortir le bébé en tirant non?" "Mais maîtresse, les gens qui demandent de l'argent dans la rue, pourquoi personne ne leur en donne, si on en a dans le porte-monnaie on pourrait non?" J'aime les écouter, j'aime voir leur petit visage sérieux quand parfois il m'arrive de leur dire que "je ne sais pas", qu'on n'est pas sûr de tout, qu'on a le droit de croire en ce qui nous fait du bien. Leur curiosité sans limite, leur envie d'écrire les chiffres, des lettres, des mots, de chanter, de danser, de jouer, de comprendre, d'écouter des histoires. Ils ont toujours plein d'idées! Ils font des choses magnifiques. Romane qui me dit, après avoir observé leurs productions d'arts visuels que je viens d'afficher: "Ca fait comme quand on regarde les belles choses au musée." Souvent, quand je m'arrête et jette un regard sur mes 27 élèves en train de s'affairer autour des tables pour des travaux de collage, peinture, modelage, en train de me mijoter leurs futures œuvres d'art, en parlant tous en même temps, en faisant tomber les verres d'eau par terre, en faisant du... bruit!!, en bougeant beaucoup, je remercie intérieurement leur vivacité. Ondes positives, énergie, créativité, ces 27 bambins me font du bien ! » Eva

« Les élèves en grandes difficultés qui avancent à pas de géant lorsque la confiance est gagnée, qui sont bien déterminés à ne pas se laisser noyer par le dur contexte familial et qui sollicitent par divers stratagèmes le regard des autres, adultes comme enfants.
Ces « pénibles » qui nous font autant perdre nos nerfs qu’hurler de rire en salle des maîtres, ce sont les mêmes qui nous feront chialer en fin d’année parce qu’ils nous manqueront finalement.
Ces « fragiles » qu’on espère avoir aidé, qui nous feront faire des insomnies, et nous ferons verser des larmes en juin parce qu’on s’inquiétera pour leur avenir.
Ces projets ambitieux, bien ficelés qui ne se passent jamais comme on l’avait imaginé, qui ont tout l’air de capoter parce qu’on a oublié que la classe c’est avec eux qu’on la fait ! 
Ces élèves différents qui nous rappellent à quel point les murs de l’école sont étroits.
Les fulgurances des élèves qu’on n’attendait pas. Et tant d'autres... » Vanessa

« Quand mes grandes sections encouragent Marie Bochet en lui disant bravo pour ses performances aux JO paralympiques de Sotchi, et quand ils écrivent des mots dont ils n'ont pas vu le modèle, mais qu'ils éprouvent le désir d'écrire, alors même qu'ils ne savent pas encore lire. » Evelyne

« Quand mes CE1 sautent de joie quand je sors mon livre du maître de grammaire!!! (le livre bleu comme ils disent). » Laetitia

« Leurs réponses rigolotes: Sur la couverture, il y le nom de celui qui fabrique le livre, c'est l'édi...''gaga''./// Moi: ''c'est ironique!'', Un élève:''c'est qui ronique ?''/// Un ''télégramme'' m'étant destiné: pour Melle X ... Stop ...vous êtes jolie. // » Angeline

« Dans le secondaire : le bonheur et la fierté de voir les adolescents grandir grâce au travail de coopération avec les collègues et surtout les parents  sentir la confiance et le respect dans leurs regards, s'émerveiller de leur progression scolaire, retrouver ce sentiment génial chaque lundi après les vacances ; cette impression que je ne vis et existe véritablement qu'auprès des gamins. » Jérémie

« Sourire à l'idée d'être dimanche soir parce que demain matin, lundi, je suis avec mes élèves... » Stéphane

« Quand tout à coup un élève vous regarde et s'exclame "Alors c'est pour ça que... !" et que vous apercevez une étincelle dans ses yeux ! » Sophie

« Quand ils me disent que plus tard ils veulent être maîtresse comme moi. Quand on se tape des marades de dingues, quand ils me surprennent avec des idées incroyables, quand ils me disent" t'es belle, je t'aime", quand je prépare ma classe en me disant" oh punaise ça va être génial, ils vont adorer", quand un enfant pleure mais qu'il se calme dans mes bras... Quand les parents me parlent sans barrière, avec respect ... C'est un vrai bonheur inégalable... » Lorene

 « Passer de heures à préparer, pour que ça soit intéressant, drôle, touchant, même si j'ai un beau manuel tout neuf à côté moi, me casser la tête pour avoir le lendemain le bonheur d'entendre "ouah c'était trop bien la conjugaison aujourd'hui!", trouver des livres drôles à lire, pour entendre: "et maîtresse tu peux nous la relire en refaisant la voix de l'éléphant, t'es trop drôle" (Si j'te mords, t'es mort, lu à des CM...!), faire du théâtre et voir mon loulou le plus timide devenir tout rouge mais tenir bon, et dire son texte avec un aplomb qui me donne les larmes aux yeux, être fatiguée et avoir la langue qui fourche, avoir des petits frères et soeurs de mes anciens, qui viennent en me disant qu'ils ont trop hâte de m'avoir, et me rappeler mes "écorchages" de mots racontés par les anciens, avoir des anciens élèves collégiens qui reviennent présenter la 6è à mes CM et me faire des petits sourires complices lorsque le principal dit qu'ils ont eu les félicitations, revoir mes anciens élèves qui me font un câlin et m'appellent encore maîtresse, même au collège. Avoir aussi la reconnaissance des parents qui savent dire quand ça ne va pas mais aussi quand c'est chouette, la considération de mes élèves qui me disent "oh la la tout le travail que tu fais maîtresse", ou leur confiance totale quand je leur dis que je les aime tous et qu'ils hochent la tête avec de grands yeux approbateurs, quand ils me manquent en vacances, quand je leur écris un petit texte en fin d'année parce que je serai trop émue le dernier jour pour leur dire tout ce que j'ai ressenti grâce à eux... » Aurélie

« Spectacle de l'école, mes CM2 partent (un très bon cru - comme toujours), et te disent combien ils t'aiment et te regrettent déjà sur scène devant tous les parents! Émue aux larmes, je me cache derrière mon bébé! » Elodie

… ce "livre d’or" du bonheur d’être prof est ouvert, posez-y vos témoignages en commentaire ! Vous pouvez aussi allez voir sur la page Facebook des dizaines d’autres témoignages

Et pour prolonger, voici quelques blogs qui disent le bonheur d’être enseignant :

J’adore mon job

Jean-Eudes

Journal d’une PE

Kashou