[JOUR J 9h00] Le Casino

Il est déjà 8h30 ! Les gars de la troop 1 ont l’air sérieusement coincés au pied du casino, on peut pas faire grand chose avec nos mitrailleuses. Le bruit court que là bas, Rollin et notre médecin, le capitaine Lion ont été descendus par des tirs de snipers.

Là ça ne rigole plus, la mort nous attend à chaque coin de rue. Les Allemands sont tout proches. On continue de courir comme on peut vers la troop 8 en empruntant le boulevard d’Angleterre. C’est marrant comme nom, ici dans cette ville, c’est comme un signe du destin, on vient quand même de passer plusieurs années là bas…

On couvre le lieutenant Hubert et le groupe Coste qui s’approchent d’un énorme blockhaus près de la plage. ça tire dans tous les sens. Avec Andriot je me jette dans un cratère d’obus, on n’a pas le choix, on forme des cibles idéales. On est pris au piège.

Par dessus le bruit des armes automatiques, j’entends un cri qui me glace le sang. J’aperçois Hubert qui s’écroule, atteint d’une balle en pleine tête. C’est pas possible, on va tous y passer ! On n’arrive à rien. Andriot démonte son arme qui vient encore une fois de s’enrayer, la culasse pleine de sable.

Je sens bien qu’on perd du terrain et qu’on commence à lâcher prise. Marcel Labas qui n’arrêtait pas de dire qu’il allait mourir en Normandie vient à son tour d’être tué, tout près de Hubert. Le pauvre il venait juste de se marier. Il connaîtra jamais son gosse...

Amaury est toujours avec nous et nous ordonne d’avancer encore et encore… On n’hésite pas une seule seconde, on avance. Mieux vaut déguerpir d’ici plutôt qu’être tué comme un lapin.