Des maires inoxydables, ça existe ! Quelques exemples de records de durée.

Partant des 82 villes retenues par FranceTVinfo, extraites des 236 villes de plus de 30 000 habitants pour lesquelles Electionscope à réalisé un décryptage (sur 1983-2013) et une prévision pour 2014 (voir la liste des villes sur http://electionscope.fr), nous pouvons établir le bilan suivant.

34 maires sur 82 ont fait au moins 4 mandats, et deux édiles ont établi un record de durée avec 48 ans de présence de 1947 à 1995, à la tête de la mairie de Bordeaux pour Jacques Chaban-Delmas et aux commandes de la mairie de Marignane pour Laurens Deleuil qui fut le plus jeune maire de France.

Pourquoi une telle longévité ? Les raisons tiennent en 8 points:

1°) La stabilité des caractéristiques partisanes (ville penchant à gauche ou à droite) et socio-démographiques d’une ville
2°) La stabilité aux fonctions, qui rassure les électeurs
3°) La notoriété des élus
4°) La constance de la qualité de la gestion
5°) Les avantages procurés (investissements, infrastructures, services) par le cumul des fonctions, et dont peuvent bénéficier les électeurs. Un député-maire ou député-sénateur peut favoriser l’implantation d’entreprises ou de réseaux de transports et donc agir indirectement sur l’emploi.
6°) La propension à se constituer, dans la durée, une clientèle locale
7°) La faculté à modifier en profondeur et, à son avantage la démographie urbaine
8°) Un environnement économique favorable (stabilité du chômage par exemple).

Où sont ces maires ?

Sur nos 34 cas, on dénombre 20 maires de droite et du centre, 5 maire PCF et 9 maires de gauche non communiste.
Pour plus des trois quart de notre panel,  ils sont en province.

Seuls moins de 25% sont en région parisienne, à savoir :

- Levallois-Perret, Patrick Balkany : 24 ans sur deux périodes distinctes ; il se représente en 2014
- Corbeil-Essonnes, Roger Cambrisson : 33 ans
- Colombes, Dominique Frelaut : 36 ans
- Asnières, Michel-Maurice Bokanovski : 35 ans
- Clichy,  Gilles Catoire : 28 ans ; il se représente en 2014
- Poissy, Jacques Masdeu-Arus : 25 ans
- Puteaux, Charles Ceccaldi-Raynaud : 35 ans Joëlle Ceccaldi-Raynaud (sa fille) a pris le relais en 2004 et elle se représente en 2014
- Bagnolet, Jacqueline Chonavel : 27 ans.

Et en Province :

- Bordeaux, Jacques Chaban-Delmas : 48 ans
- Rennes, Edmond Hervé : 31ans
- Montpellier, Georges Frêche : 27 ans
- Brive, Jean Charbonnel : 29 ans
- Nancy, André Rossinot : 30 ans, ne se représente pas
- Clermont-Ferrand : Gabriel Montpied 29 ans
- Dijon, Robert Poujade : 30 ans
- Toulouse, Pierre Baudis puis Dominique Baudis : 30 ans
- Douai, Jacques Vernier : 30 ans, ne se représente pas
- Calais, Jean-Jacques Barthe : 30 ans
- Caen, Jean-Marie Girault : 31 ans
- Evreux, Roland Plaisance : 24 ans
- Rouen, Jean Lecanuet : 25ans
- Lille, Pierre Mauroy : 28 ans
- Cholet, Maurice Ligot : 30 ans de 1965 à 1995, son épouse Anne France Ligot est candidate en 2014 sur la liste Renaudet
- La Rochelle, Michel Crépeau : 28 ans
- Nice, Jacques Medecin : 24 ans
- Toulon, Maurice Arreckx : 26 ans
- Marseille, Gaston Deferre : 33 ans
- Salon de Provence, Jean Francou : 33 ans
- Marignane, Laurens Deleuil : 48 ans
- Roanne, Jean Auroux : 24 ans
- Metz, Jean-Marie Rausch : 36 ans
- Perpignan, Paul Alduy puis Jean-Paul Alduy : 50 ans
- Pau, André Labarrère : 35 ans
- Bayonne, Henri Grenet puis Jean Grenet : 54 ans

Les femmes sont quasi absentes, exception faite de Bagnolet. Parfois il semble qu’une tradition ou qu’une vocation familiale s’établisse.

On est maire de père en fils …

Mais on ne l’est que très rarement de père en fille. On pourrait citer Puteaux, mais paradoxalement, les liens familiaux n’empêchent pas le père de ne pas soutenir la candidature de sa fille !

…et parfois cela dure un demi-siècle, voire plus

A Toulouse, où Pierre Baudis puis Dominique Baudis tiendront la mairie durant 30 ans. Ou encore à Perpignan, où Paul Alduy sera maire 36 ans puis son fils 16 ans, soit un demi siècle de présence familiale à la mairie. A Bayonne ce fut 54 ans de « règne » pour la famille Grenet.

Mais, cela c’était avant…

Parmi ceux qui ont « duré » jusqu’en 2013, deux maires ne se représentent pas. Il s’agit d’André Rossinot à Nancy et, de Jacques Vernier à Douai. Deux maires retournent  au charbon, Patrick Balkany à Levallois-Perret et Gilles Catoire à Clichy.

2014 annonce l’arrivée d’une nouvelle génération de maires. Aura-t-elle la longévité de ses ainés ? Ceci apparaît plutôt improbable et pose question sur la fonction de maire et ses contraintes. Le maire se plaint parfois, d’être pris à témoin –quand il n’est pas directement tenu pour responsable – de tous les problèmes de sa ville, petits ou grands. L’internationalisation croissante des économies pèse aussi sur le contexte municipal. Paradoxalement, le maire ne peut plus se contenter d’agir local, il lui faut désormais aussi penser global, dans ce cas la proximité avec le terrain n’est plus un avantage. Le maire a désormais besoin de s’appuyer sur des réseaux locaux et nationaux, ce qui est plus facile encore quand on est député-maire.

Mais la loi interdisant le cumul des mandats n’offrira plus cette possibilité à partir de 2017 ….