L’innovation à la conquête du marché alimentaire « healthy » au Royaume-Uni

Crédits : Gato&co / Rebel Kitchen

Le marché du « free from » ne cesse de croître au Royaume-Uni. Les étiquettes « gluten free » ou « dairy free », pour les produits « sans gluten » et « sans laitage », sont de plus en plus présentes dans les rayons et les britanniques de plus en plus adeptes de ce mode de consommation sain. Même si cette tendance suscite quelques avertissements de certains nutritionnistes, elle motive de nombreux jeunes entrepreneurs à innover dans ce secteur. Houmous parfumé, fondant au chocolat à base d’aubergine, boissons laiteuses et yogourts sans laitage, l’imagination ne manque pas !

Kantar Worldpanel, entreprise spécialisée dans la recherche sur les modes de consommation, s’est penchée sur cette tendance. Le chercheur Fraser McKevitt explique que si environ 5% de la population évite certains aliments par obligation médicale, 54% de celle-ci se serait volontairement jointe à la tendance en ayant consommé au moins un produit de la sorte depuis le début de l’année 2017.

« Généralement, les consommateurs associent le “sans” à une forme naturelle de santé », a-t-il déclaré à la chaîne britannique BBC. Une meilleure digestion pour moins de ballonnements, un sommeil moins perturbé pour plus de vivacité, un poids contrôlé, les effets recherchés sont divers.

L’industrie alimentaire britannique connaît donc une forme d’adaptation aux besoins et aux désirs des consommateurs. Reprendre en main sa santé, c’est la tendance actuelle. Et elle encourage donc les supermarchés ou magasins spécialisés à proposer de plus en plus de produits végétariens, voire végétaliens pour s’orienter vers le gluten free et le dairy free.

Crédits : Chicpfood (instagram)

Crédits : Chicpfood (Instagram)

Pour cela, des propositions innovantes voient le jour. ChicP fait partie de ces jeunes entreprises qui combinent créativité et « manger-sain. » Elle propose de l’houmous exclusivement produit à base de légumes crus et revisité grâce à des parfums originaux : carotte-gingembre-curcuma, betterave-raifort-sauge, banane-cacahuètes-cacao, banane-avocat-cacao. Tous sont sans gluten, sans laitage et sans sucre. L’idée est encore plus utile lorsqu’on sait que les produits sont réalisés à partir d’excédents de légumes pour limiter le gaspillage alimentaire.

Crédits : Gato & Co

Crédits : Gato & Co

En termes d’innovation et d’originalité, la start-up Gato & Co, fondée par une jeune française installée à Londres, ne peut pas décevoir les adeptes du « free. » Manger un fondant au chocolat à seulement 170 calories ? C’est possible ! Cette entreprise propose ce fondant dans lequel l’aubergine remplace le beurre. Pas de goût d’aubergine (28% du produit) mais bien de chocolat noir pour un dessert évidemment « gluten & dairy free » tout comme les deux autres douceurs de la jeune marque : un brownie à la noix de coco et un gâteau éponge à l’orange et à la cardamone, les deux pour moins de 220 calories.

Enfin, pour ceux qui souhaiteraient se tourner vers des produits sans laitage, il n'est plus obligatoire de supprimer le lait ou les yogourts de son alimentation. Kitchen Rebel les produit notamment à base de lait de noix de coco, le dairy free sous-entendant la suppression des laitages provenant de l'exploitation laitière animale et non pas végétale. Du lait de coco à la banane, au thé vert, au chocolat, des yogourts saveur vanille, café ou cacao, le choix est varié.

Le développement du marché « healthy » (litt. sain) est tel qu'il est désormais possible d'adapter son alimentation en se privant de moins en moins.

Pourtant, de nombreux experts affirment qu’il n’est pas bon pour la santé de supprimer totalement un ingrédient de son alimentation. Pour Olivier Coudron, médecin nutritionniste, « c’est une dérive dangereuse », à l’origine de carences et de déséquilibres alimentaires. Il explique notamment dans le magazine Enquête de santé (France 5) que certaines personnes pensent que le lait est la cause de leurs soucis de santé alors qu’ils sont en réalité dus à « un excès de produits laitiers par rapport à un modèle où on ne mange pas assez de fruits, de légumes, de fibres, par rapport à un manque d’hydratation, de sommeil, d’activité physique… »

« Il n’y a pas d’aliment coupable, mais un contexte », précise-t-il.

En ce qui concerne les régimes sans gluten plus particulièrement, les accusations sont plus nombreuses. Des recherches ont démontré que la production des biens « gluten free » compensait parfois cette suppression par de nombreux additifs qui ne sont pas forcément neutres pour la santé. Récemment, des études scientifiques ont également prouvé que les adeptes du « no-glu » étaient plus fortement exposés à certains métaux lourds, comme l’arsenic et le mercure, ainsi qu’à un risque plus élevé de diabète de type 2.

Si une consommation modérée et équilibrée du gluten et des laitages est préconisée par les spécialistes, comme pour de nombreux autres aliments, les consommateurs doivent malgré tout rester prudents sur leur élimination complète.

Marine Clerc avec Loïc De la Mornais