Le second tour de l'élection présidentielle s'est déroulé dimanche 7 mai. Emmanuel Macron, le candidat d’En marche !, a célébré sa victoire sur l'esplanade du Louvre, à Paris. Pour moi, c'était surtout la conclusion de la première campagne présidentielle à laquelle j'ai participé, mais qui a été détestable du début à la fin.
Par Guillaume Rubio
"Macron président ! Macron président !" A l'approche du Louvre, j'entends une clameur comme si je m'apprêtais à entrer dans une arène… Il est 19 heures et la queue pour accéder au lieu, vers lequel les regards de nombreux médias et citoyens du monde sont tournés, est déjà longue. A événement majeur, dispositif de sécurité en conséquence. Les organisateurs nous filtrent, de multiples fouilles sont réalisées avant d'accéder à cette fan-zone politique. Une fois les barrages passés, je prends d'assaut, comme les milliers d'autres personnes, les cartons de goodies. La fosse se garnit peu à peu de drapeaux français. Ce qui m'impressionne le plus, ce sont tous les dispositifs médiatiques mis en place. Jamais je n'avais assisté à un tel événement.
En effet, je suis âgé d'à peine 17 ans et c'est donc la première élection à laquelle je me suis réellement intéressé. Lycéen dans les Yvelines, j'ai décidé, il y a quelques mois, de m'engager en faveur de Benoît Hamon. J'ai donc fait quelques rassemblements politiques... mais celui du Louvre, où étaient regroupés les journalistes des dizaines de chaînes de télévision étrangères, était bien plus impressionnant. Des photographes partout, une zone presse gigantesque mise en place pour l'occasion. J'avais l'impression que le Louvre se transformait en un véritable village médiatique le temps d'une soirée.
"Ce n'est pas la victoire d'un parti, c'est celle d'un mouvement"
"5 ! 4 ! 3 ! 2 ! 1 ! 0 !!!" Le décompte historique est affiché sur les écrans géants du musée parisien. Et c'est dans une foule en liesse qui s'égosille que s'affiche l'image de leur champion ! Si Emmanuel Macron n'est pas mon candidat, c'est important pour moi de venir sur place car son adversaire est, à mes yeux, une ennemie de la République. Ce sont donc mes valeurs républicaines que je suis venu défendre ce soir. Un jeune homme d'une quarantaine d'années me dit : "C'est magnifique de voir ça ! Ce n'est pas la victoire d'un parti, c'est celle d’un mouvement ! C'est une différence fondamentale !" De toutes parts, des "On a gagné !!" et des "Macron président" fusent et se confondent.
Les sets musicaux s'enchaînent sans pour autant rencontrer un franc succès. Cris Cab et sa reprise du tube Englishman In New York chauffent la foule. Son successeur ne connaît pas le même succès. Un groupe de jeunes derrière moi parient sur le nom du DJ : "DJ Snake, David Guetta ou peut-être même Martin Solveig ?! Ce serait du lourd !" Malheureusement, aucun d'eux ne gagnera car ni l'un, ni l'autre ne se présenteront sur scène. Malgré tout, les Magic System ! et leur célèbre titre Magic in the air font honneur à l'atmosphère chaleureuse qui règne dans la fosse.
Une longue attente
L'impatience monte. J'attends la venue du président fraîchement élu. Entre les interventions musicales, celles de différentes figures politiques sur les chaînes de télévision rythment la soirée. Certaines personnalités qui apparaissent sur les écrans, comme François Bayrou ou Ségolène Royal, sont accueillies par des applaudissements nourris, d'autres le sont un peu moins. Nicolas Dupont-Aignan est copieusement hué, les proches du FN connaissent le même destin. Ces sifflets contrastent avec l'ambiance que connaissait jusque-là la soirée et je trouve cela regrettable. Emmanuel Macron dira : "Ne les sifflez pas ! Car ils ont exprimé aujourd’hui une colère, un désarroi, parfois des convictions."
La campagne a été répugnante, les interventions télévisées ne dérogent pas à la règle. Car du début à la fin, toute stratégie afin de décrédibiliser son adversaire aura été bonne. Des révélations du Canard Enchaîné sur l'affaire Fillon, aux défections au PS, en passant par des "fake news" sur différents candidats, personne n'aura été épargné. Je regrette profondément que les Français n'aient pas eu droit à un réel échange politique.
"On a battu Le Pen !"
Aux alentours de 21h10, enfin, Emmanuel Macron prend la parole dans son QG et nous pouvons suivre son allocution sur les écrans géants. Les drapeaux français s'agitent et je peine à l'entendre tellement l’agitation est grande. Mais l'entendre importe peu. "On a battu Le Pen ! Puis, même si des mesures ne nous plaisent pas, on pourra toujours aller manifester alors qu'avec elle ça n’aurait pas été possible !", me dit un jeune de mon âge.
La longue attente du candidat se termine sur les coups de 22h30. C'est au terme d'une longue marche solitaire qu'Emmanuel Macron monte sur la scène. Des sympathisants macronistes escaladent les réverbères du Louvre. Ces images me rappellent celles que j'ai vues lors d'événements sportifs. A chaque fin de phrase, le nouveau président est interrompu par des clameurs. Ses phrases sont courtes, mais l'écho les fait résonner en moi. Je suis fier d'être français !
De la fin de son discours, je retiens cette phrase : "Je vous servirai au nom de notre devise : Liberté, Egalité, Fraternité ! […] Vive la République ! Vive la France !" La devise française est reprise par les milliers de personnes sur place, comme si c'était le symbole de la victoire de la démocratie, cette démocratie que j'avais peur de voir perdre. La Marseillaise est chantée a capella et sera mon hymne pour le restant de la soirée...