J'habite dans les Yvelines, au Mesnil Saint Denis, seulement à dix kilomètres de mon lycée situé à Montigny-le-Bretonneux. Pourtant, chaque matin, je mets plus de 30 minutes pour aller en cours. Cela peut paraître court me direz-vous, mais à 7h30, être collé à des personnes inconnues et parfois désagréables n'est pas des plus plaisants ! Pour vous donner une idée de mon trajet, j'ai décidé de le raconter.
Par Guillaume Rubio
La foule amassée sur le quai de la gare de La Verrière est figée. Seulement brisée par des usagers qui se frayent un chemin pour aller vers l'avant du train. J'entends des grognements et râles un peu partout autour de moi. Je lève la tête pour consulter le panneau d’affichage. Le train de 7h25 de la ligne N (Rambouillet-Montparnasse) est retardé. Je n'en suis pas mécontent : cela me permet d'observer le déplacement quotidien d'une foule encore endormie.
"Voie 2B. Attention au passage d’un train. Eloignez-vous de la bordure du quai." La voix féminine et robotique de la SNCF retentit. Les trains sans arrêt passent à toute vitesse devant des dos tournés. Ils soulèvent quelques mèches de cheveux. Baigné dans une odeur de cigarette et de parfum, je surprends quelques bribes de conversations sur les cours d'un étudiant.
Le ballet des passagers
Ça y est ! Le train entre enfin en gare. Sept minutes de retard. Les portes s'ouvrent pour laisser sortir le peu de personnes qui s'arrêtent à La Verrière. Le troupeau pénètre dans une grande confusion. Tout le monde se presse pour avoir une place assise.
Je décide d'aller m’asseoir au premier étage, souvent moins rempli que celui du bas. En effet, il n'y a qu'une seule personne par bloc de sièges. Mais l'air y est déjà chaud et malgré l'heure matinale, les premières odeurs de transpiration commencent à pointer le bout de leur nez !
Au niveau de la zone industrielle de Trappes, les voitures tanguent. Les passagers sont balancés légèrement, de droite à gauche. Joli spectacle pour commencer la journée. Tout à coup, de la musique. Du rap, qu'un jeune écoute. Il n'a pas l’air préoccupé de savoir si cela nous gêne. Derrière lui, des flashs jaunes. Le panneau d’informations du train ne fonctionne pas. Il clignote.
Trappes, deux minutes d'arrêt
Le conducteur interrompt le concert privé. Trappes, le train s'arrête pour deux minutes. Les portes s'ouvrent. La même scène se répète. Mais cette fois, plus de gens montent à bord. Ils viennent envahir le premier étage, jusqu'ici délaissé. La musique se tait. Des voix diverses et variées brisent le silence. Beaucoup finissent leur nuit sur leur siège. D'autres sont déjà absorbés par leur écran de smartphone, casque de musique vissé sur la tête. Je me lève. L'arrivée en gare de Saint-Quentin-en-Yvelines / Montigny-le-Bretonneux est imminente.
J'arrive à m'extraire du train dans la plus grande des confusions. Les Saint-Quentinois n'attendent pas de nous laisser descendre pour grimper ! Je me dirige vers la sortie et j'assiste au marathon de certains retardataires qui, malheureusement, n'auront pas le Transilien.
Distribution quotidienne du journal Direct Matin, pains au chocolat, boissons chaudes... Le hall de la gare m'accueille avec toutes ses bonnes odeurs. En passant les portes automatiques, je laisse derrière moi une gare en pleine effervescence. Je la retrouverai ce soir.
Le speed pour prendre le train de 17h42
En sortant du lycée, c'est un peu le speed pour réussir à prendre le train de 17h42. Par chance, il est en retard de quelques minutes. Des personnes fument. D'autres vont s'acheter de la nourriture dans la machine installée à cet effet. Je tente de me frayer un passage pour ne pas avoir à rester debout durant le trajet. Le signal du train à l'approche clignote sur le tableau d’affichage. Le voilà.
Une véritable colonie de travailleurs sort des voitures. Cette file semble infinie. La sirène annonçant la fermeture imminente des portes retentit. Un véritable mouvement de panique envahit tous les usagers. Ceux qui ont réussi à grimper dans le train font barrage pour les bloquer. Finalement, je réussis à me hisser tant bien que mal.
"Salut et à demain !"
Les seules places encore disponibles se situent au rez-de-chaussée du wagon. En descendant les quelques marches, je sens une forte odeur de transpiration qui a imprégné l'endroit. Mais l'ambiance est totalement différente de celle de ce matin. Les gens sont plus détendus et beaucoup d'entre eux sont plongés dans les livres. Assis sur mon siège et collé à des amis, je tourne la tête. J'aperçois des jeunes le sourire aux lèvres.
A Trappes, j'entends le bruit des bisous. Les "Salut et à demain !". Les places vides refont leur apparition et je peux m'installer plus confortablement. Quelques toux et reniflements résonnent dans mes oreilles. "Prochain arrêt La Verrière." La voix robotique annonce la conclusion du périple. En sautant la marche qui me sépare du quai, je me dirige vers les escaliers. Le flot de passagers se divise en deux. Je reste seul, sur le trottoir. Devant l'arrêt de bus. J'attends de rentrer chez moi. Demain, il faudra vivre la même chose qu'aujourd'hui.