VIDEO. "Violence romantique", le rock hongrois qui aide "à résister contre Bruxelles"

Le groupe de rock nationaliste "Violence romantique" en concert à Erd, près de Budapest, le 17 mai 2014.

Le blog Trans'Europe Extrêmes se rend pendant la campagne des élections européennes dans cinq pays où la droite populiste et eurosceptique est en plein essor. Après la Finlande, le Royaume-Uni, l'Allemagne et l'Italie, direction la Hongrie.

"Ça fait un moment que je n'étais pas allé à un de ces concerts", reconnaît Laslo, 37 ans, qui avait "d'autres choses à faire". Notamment "de la prison pour des bagarres avec des policiers -entre autres-." Accoudé à la barrière qui surplombe la nationale qui permet de quitter Budapest vers le sud-ouest, ce mécanicien sirote une bière locale et très bon marché en attendant le concert de Romantikus erőszak -Violence romantique en hongrois-.

"Bruxelles essaie d'éradiquer notre culture"

"Nous, jeunes qui aimons notre nation, nous avons pas de voix pour nous faire entendre, si ce n'est grâce à ces groupes", reprend le bientôt quadragénaire, ravi d'être de retour. Intarissable sur la Hongrie qui "a su résister à tous, les Turcs, les Russes et maintenant Bruxelles qui essaye d'éradiquer notre culture", il est fier de "défendre l'Ouest contre l'Est".

Devant l'entrée du Borgödör rock club (Club du "Puit de vin") de Erd, un groupe est surplombé par un grand type en total look jean, tatouage "Vive la patrie" en couleur autour du cou. C'est le chanteur de "Violence romantique". "Mon rêve, c'est la Hongrie telle qu'elle existe depuis des siècles, indépendante, forte gérée par des Hongrois et qui fonctionne en auto-gestion", explique Sziva Balazs. "La Hongrie n'a pas sa place dans l'UE actuelle alors il faut en sortir. Cela nous apporte que des inconvénients et pas de bénéfices, on se fait humilier."

(à D.) Sziva Balázs, le chanteur de "Violence romantique", à Erd, le 17 mai 2014.
(à D.) Sziva Balázs, le chanteur de "Violence romantique", à Erd, le 17 mai 2014.

Il admet cependant que le groupe peine parfois à trouver son public. "Malheureusement, nous, ainsi que tous les groupes de rock nationalistes, on avait un public plus large il y a quatre ou cinq ans. Mais tous les jeunes entre 20 et 30 ans, qui représentaient une partie de nos fans, sont partis travailler à l'étranger avec la crise."

"Bonne bière hongroise" et ode au pays

Ce soir pourtant, quelque 200 fans sont au rendez-vous. 500 forints (1,6 euro) l'entrée et les voilà affublés du bracelet rose fluo qui permet d'accéder à la petite cour bâchée, adossée à la voie ferrée de cette banlieue résidentielle de la capitale hongroise.

A l'intérieur , jeunes et moins jeunes en blouson de cuir, pantalon de treillis et godillots militaires se réchauffent à grand renfort de pintes."De la bonne bière hongroise, malheureusement à la fin de la bouteille, on en veut une autre", chante le groupe Turul - du nom de l'oiseau de la mythologie des Magyars, mi-aigle mi-faucon - en guise de première partie. Entre deux odes à leur pays "au dessus de tout, toujours". Ils sont nombreux à avoir le pas de danse titubant, ce qui ne les empêche pas de lever fièrement le poing comme un seul homme à chaque "Oi Oi Oi", cri de ralliement et de lutte des groupes ultra-nationalistes.

SALOME LEGRAND / FRANCETV INFO

"La Transylvanie, un jour redeviendra hongroise"

Entre Les Beaux Jours et le groupe phare Violence romantique, des jeunes requinqués après avoir vomi par dessus un parapet voisin, improvisent un pogo. Et de hurler, en boucle, "Lesz méd Erdély Magyarorszàgué""La Transylvanie un jour redeviendra Hongroise". Cette région, rattachée à la Roumanie après le traité du Trianon en 1920, est l'une des revendications centrales des nationalistes hongrois, nostalgiques de la Grande Hongrie, et dont trois spectateurs au premier rang brandissent régulièrement le drapeau, rayé rouge et blanc.

A leur tour, les musiciens de Violence romantique, qui se sont connus au début des années 90 sur les bancs d'un lycée huppé de Budapest, font vibrer les spectateurs. "Il n'y a pas de justice, pas de paix, les policiers sont tous des racailles", hurle Sziva Balázs dans un micro sourd, tandis que son batteur martyrise l'éventail de têtes de mort chapeautées, emblème du groupe, qui figure sur sa grosse caisse.

Le groupe enchaîne Mindörökké Magyarország (La Hongrie, toujours) et Visszatér (Résultats). "Ceux qui sont Hongrois viennent avec nous/ L'armée s'apprête à la lutte", scande le refrain de la première, "Notre épée s'abat vers les quatre points cardinaux / la Hongrie appartient aux Hongrois", assène celui de la seconde. Et fait sautiller ses fans en hurlant "la Hongrie, la Hongrie, la Hongrie" sur le même air que le "allez, allez allez" des supporters de foot jusque tard dans la nuit.

 

 

Publié par Souriez vous êtes soignés / Catégories : Hongrie