La BD de la semaine : "Grass Kings", la dernière terre promise

Si vous n'en pouvez plus des atmosphères très urbaines des comics, notamment ceux mettant en scène des super-héros, Pop Up' vous propose cette semaine une promenade à la campagne. Direction le centre des Etats-Unis, au milieu de nulle part, pour un polar rural qui ne vous laissera pas indemne.

Ça parle de quoi ?

Là-bas, la peinture des voitures s'écaille. Les habitants passent la nuit dans des caravanes, des mobil-homes, ou des tours bricolées avec des containers. Ils sont une poignée, pas bien riches, mais libres. Eux, ce sont les habitants du Grass Kingdom, improbable principauté rurale d'une vingtaine d'âmes, qui accueille les marginaux, ceux qui se sentent en marge de la société, sous l'égide du chef, Robert, de son frère Bruce qui fait office de flic. Le troisième de la fratrie, Ashur, a encore de l'acné et peu de poil au menton.

Un havre de paix où nul n'a le droit d'entrer sans y être invité, sous peine d'être éconduit un revolver sous les omoplates. Un havre de paix à côté de la grande ville du coin, Cargill, et sa dynastie de shérifs violents. C'est alors qu'une jeune femme débarque (au sens littéral) en sortant du fleuve qui traverse le Grass Kingdom, sous les yeux de Robert, qui avait bu une bière de trop, pour changer. Elle, c'est Maria, la femme du shérif de Cargill. Elle veut fuir son mari violent. Les ennuis commencent.

Pourquoi on adore

Une petite ville avec des cadavres dans tous les placards, des personnages taiseux qui ruminent de lourds secrets, un adversaire irresponsable prêt à dégoupiller et des décors de western déglingué. C'est peu dire que Matt Kindt pose de bonnes bases scénaristiques pour une série à tiroirs (terminée aux Etats-Unis, et croyez-nous, ça vaut le coup d'aller jusqu'au bout) avec des dialogues rares, mais efficaces et des personnages qui se dévoilent par petites touches. Le coup de pinceau de Tyler Jenkins laisse la part belle aux ciels interminables et aux couleurs délavées, comme pour signifier le côté fataliste de cette histoire qui va mal finir, c'est écrit. Scénaristiquement et graphiquement, c'est impeccable.

C'est pour vous si...

Vous êtes en manque de polar rural taiseux depuis la fin de la première saison de True Detective ou si vous pleurez encore la fin de la (formidable) BD Scalped. Ou si vous êtes fan de camping-car, vu que Grass Kings a été sacré "best trailer-park story since 8-Mile" ("meilleure histoire de mobil-home depuis '8 Mile'") par le site américain Comicsverse.

Grass Kings, tome 1 de Matt Kindt et Tyler Jenkins, disponible le 16 janvier aux éd. Futuropolis, 176 p, environ 22 euros.