La BD de la semaine : "Magnus", une enquête dans le "cloud" qui vous emmènera au septième ciel

Les films Terminator, la série Real Humans, les livres d'Isaac Asimov... L'étude des relations entre l'homme et les robots a régulièrement accouché d'œuvres passionnantes. Nouvelle variation sur ce thème, le comic Magnus, du nom de son héroïne Kerri Magnus, psychologue en intelligence artificielle, à qui sont confiés les robots délinquants, comme ce majordome qui vient de massacrer la famille pour laquelle il travaillait.

La jeune femme possède le don unique de pouvoir voyager dans l'IA commune aux robots où ces derniers ont droit à quelques heures de pause quotidienne et où les humains sont théoriquement persona non grata. De quoi soigner les âmes des robots tourmentés, mais aussi, à l'occasion, de mener quelques enquêtes policières à hauts risques. C'est la base de cette nouvelle série captivante.

Ça parle de quoi ?

Les historiens du comics qui nous lisent éprouvent peut-être un sentiment de déjà-vu, et c'est normal. Il s'agit du reboot d'une série de l'âge d'or, avec des différences notables, à commencer par le sexe du personnage principal, devenu femme dans la version contemporaine au lieu d'un clone futuriste de Tarzan dans celle des années 1960. Les auteurs ont choisi de revisiter ce thème en plaçant l'action autour de 2050 (au lieu de plusieurs millénaires après nous dans la version originale) et en abordant de front des questions qui se posent déjà aujourd'hui sur la psychologie des machines. Sans déflorer l'intrigue, on se bornera à dire que l'enquête confiée à la police par Magnus cache un enjeu bien plus important qu'un banal fait divers 2.0. Car le dirigeant d'une des principales société d'intelligence artificielle fait partie des victimes.

Pourquoi on adore

Kyle Higgins est un nom à retenir dans l'univers des comics. On lui doit les très chouettes Hadrian's Wall (éd. Glénat) et C.O.W.L (éd. Urban Comics) où il aborde à chaque fois un thème classique par un angle original (dans le premier, il est question d'un syndicat de super-héros et dans le second d'un meurtre dans une station spatiale sur fond de guerre froide).

Le début de Magnus ne fait pas exception à la règle, avec une héroïne qui pense plus qu'elle ne cogne, différence notable par rapport à l'original. Clairement, on est plus près de Philip K. Dick que d'Arnold Schwarzenegger. Pour ne rien gâcher, Jorge Fornés, aux pinceaux, propose des décors futuristes aboutis en caractérisant bien les deux mondes (le réel et le virtuel) ce qui permet une parfaite lisibilité. Et si, dans certain comics, la colorisation laisse franchement à désirer, ce n'est pas le cas de celui-ci, aux teintes soignées.

C'est pour vous si...

... Vous vous demandez si votre assistant vocal vous espionne en secret en constituant un dossier sur vous dans les serveurs de Google, si vous n'avez pas d'assistant vocal parce que ça vous rebute, et d'une façon générale si vous vous inquiétez du monde d'après-demain.

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Magnus, tome 1 par Kyle Higgins et Jorge Fornés, coll. Paperback aux éd. Casterman, 144 p., 16 euros.