La BD de la semaine : "One, two, three, four, Ramones", quatre punks pour le prix d'un album

Il y a deux façons d'appréhender cet album. Soit on a grandi avec les Ramones dans les oreilles depuis sa plus tendre enfance, soit on n'a qu'une vague idée de qui sont ces gens portant perfecto, cheveux longs et esprits rebelles (c'est le cas de l'auteure de ces lignes) et ça n'empêche pas d'apprécier cet album dessiné en noir et blanc, mais haut en couleur.

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Ça parle de quoi ?

Les auteurs choisissent de traiter l'histoire de ce groupe par le biais du parcours de Dee Dee Ramone, de loin le personnage le plus intéressant. Une enfance passée dans une base militaire allemande, entre un père violent et une mère alcoolique, les premiers shoots de morphine dans un hangar abandonné pas loin, le retour au bercail sans papa, mais avec maman et sa gueule de bois, le début de l'aventure avec le recrutement de musiciens plus calamiteux les uns que les autres, le succès (à l'étranger), l'indifférence (dans son pays), les relations toujours compliquées dans le groupe, surtout quand on la joue famille avec le même patronyme...

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La saga d'un groupe qui décoiffe les coupes bien peignées des fans des Beatles. "On se rêvait en rock stars, on était affamés, prévient Dee Dee dans les premières pages. Londres, Tokyo, Buenos Aires, j’y ai cru… J’ai tout pris et la célébrité qui va avec. Mais rien ne peut durer. Reste juste le manque."

Pourquoi on adore ?

Avant le côté rock, Xavier Bétaucourt et Bruno Cadène nous content avant tout une histoire incroyable, avec un riff, pardon, un rythme échevelé. L'histoire d'imposteurs qui vont décrocher la gloire, l'argent mais pas le bonheur avec trois accords de guitare et des textes écrits par un parolier déserteur. Crayonnés et charbonneux, les dessins d'Eric Cartier, dessinateur venu de l'underground, remarqué avec le très rock – déjà – Route 78, accentuent ce côté nerveux. L'auteur s'est plongé dans l'expérience au point de littéralement se transformer en rock star. Jugez plutôt : voilà sa photo officielle... et ce à quoi il ressemble désormais. Qu'on soit fan ou bizuth, on dévorera aussi les notes de fin d'album, formidablement érudites et proprement incroyables.

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C'est pour vous si...

Vous cherchez une histoire vraie qui ferait pâlir la fiction, si vous avez grandi en écoutant les Ramones, si vous êtes totalement passé à côté, si vous êtes mélomane, et même si vous avez renoncé à toute idée de jouer d'un instrument depuis une expérience traumatisante en compagnie d'une flûte à bec en sixème.

One, two, three, four, Ramones par Xavier Bétaucourt, Bruno Cadène et Eric Cartier, éd. Futuropolis, 96 p., environ 20 euros.