Un pari osé. Avec Rogue One : A Star Wars Story, qui sort le 14 décembre au cinéma, les studios Lucasfilm et Disney ont décidé d'offrir du nouveau aux fans de la saga. En proposant de suivre les aventures d'un groupe de rebelles déterminés à voler à l'Empire les plans de l'Etoile noire, ce spin-off ne s'inscrit pas directement dans l'une des trois trilogies. S'il entretient des liens avec elles, ainsi qu'avec la série Star Wars Rebels, ce long-métrage affiche clairement ses différences.
Un saut dans l'inconnu aussi excitant qu'inquiétant, au vu des nombreuses rumeurs qui ont fait état de dissensions entre le réalisateur, Gareth Edwards (Godzilla, Monsters) et les patrons des studios. Avant d'embarquer dans cette aventure inédite, Pop Up' vous propose de découvrir cinq informations importantes. Et vous dit, sans spoil, si le pari est réussi.
1C'est le premier film issu de l'"univers étendu"
Sortir des sentiers battus. Lorsque Disney a racheté, en 2012, à George Lucas les droits de la saga, la firme aux grandes oreilles ne s'est pas juste lancée dans une nouvelle trilogie. Elle a décidé d'exploiter au maximum l'"univers étendu" de Star Wars, c'est-à-dire tout ce qui est en rapport avec la franchise : les romans, les comics, les jeux vidéo ou les séries TV. Objectifs : optimiser au maximum le merchandising, mais aussi développer de nouveaux films qui ne s'inscrivent pas directement dans les trois trilogies.
Pour Rogue One, par exemple, l'histoire se situe ainsi entre les épisodes III et IV et porte à l'écran des aventures évoquées dans le film sorti en 1977, quand les chefs de la Rébellion expliquent qu'un groupe de rebelles a sacrifié sa vie pour obtenir les plans de l'Etoile noire. Ces spin-offs offrent deux avantages à Disney. D'abord, cela permet au studio d'assurer une production annuelle de films pour entretenir la passion chez les fans de Star Wars. La méthode : alterner, depuis Le Réveil de la Force l'an dernier, une année sur deux, nouvel épisode de la trilogie et spin-off. Ainsi, Rogue One sera suivi par l'épisode VIII en 2017 et un spin-off sur la jeunesse de Han Solo est programmé pour 2018, avant le dernier épisode de la nouvelle trilogie en 2019.
L'autre avantage est de s'affranchir de certains codes de la saga et de donner une tonalité différente aux films. Pour Rogue One, par exemple, le réalisateur Gareth Edwards expliquait en avril que son long-métrage s'appuierait sur des grands classiques du film de guerre, tels que La Chute du Faucon Noir et Il faut sauver le soldat Ryan. "Il n'y aura ni Jedi, ni aucun dieu pour sauver l'univers. Pas d'espoir. Oui, il sera bien plus sombre que les précédents volets de la saga", affirmait-il, comme le rapporte Le Figaro. A noter d'ailleurs que, pour la première fois depuis 1977 et le début de la saga, ce film ne débutera "probablement" pas avec le mythique générique déroulant. "Nous en parlons constamment, a confié, en juin, à Entertainment Weekly (en anglais) la patronne de Lucasfilm Kathleen Kennedy. C’est un élément vis-à-vis duquel nous sommes actuellement à la croisée des chemins, donc je ne peux pas dire ce que nous ferons. Le texte déroulant et certains des aspects [de Star Wars] vivent de manière si spécifique au sein des films de la saga que nous avons beaucoup de discussions sur ce qui va définir les spin-offs."
2Un possible lien avec l'épisode VIII
Et si... Et si Rogue One n'était pas uniquement lié aux deux précédentes trilogies ? L'hypothèse est apparue à la suite de la diffusion, le 22 novembre, d'une vidéo par Entertainment Weekly. Dans cette séquence du site généralement très bien informé, on découvre une infographie qui lie la dernière production de Lucasfilms au futur épisode VIII, qui doit sortir en décembre 2017.
De quoi soulever de nombreuses questions et autant d'hypothèses. L'un des personnages de Rogue One pourrait-il être un membre de la famille d'un des héros de la nouvelle trilogie, se demande ainsi The Hollywood Reporter ? Et si l'un des protagonistes de l'épisode VIII était même carrément présenté dans le film de Gareth Edwards ? Des pistes intéressantes, mais qui n'ont pas le charme de la théorie reposant sur Dark Vador. Le magazine américain avance ainsi que l'emblématique seigneur Sith pourrait être le fil rouge entre les deux films. Kylo Ren, qui voue une fascination morbide à son grand-père, pourrait ainsi détenir certains secrets de Dark Vador dévoilés dans Rogue One et les utliiser dans l'épisode VIII pour prendre sa revanche.
3La production a été chaotique
A la fin mai, on apprenait dans la presse américaine que Disney avait demandé des "reshoots" pendant l’été. L’objectif : rejouer certaines scènes et en tourner de nouvelles. Un mauvais signe, pour de nombreux observateurs hollywoodiens. Certains avancent même que 40% du film a été revu et corrigé. Il se murmure alors que Christopher McQuarrie, le réalisateur de Mission Impossible : Rogue Nation, aurait été appelé à la rescousse. Lequel est obligé de démentir, sur le site Slashfilm (en anglais) : "S’il y a des reshoots sur Rogue One, je ne les supervise pas." Finalement, The Hollywood Reporter révèle que c’est Tony Gilroy (Jason Bourne) qui a collaboré avec Gareth Edwards.
En fait, les "reshoots" sont plutôt courants pour des blockbusters, rappelle Première, mais ils signifient souvent que les producteurs n’ont pas trouvé le film assez bon et que le projet prend l’eau. "Historiquement, on fait avec ce qu’on a et les reshoots n’interviennent que s’il y a de gros problèmes. Mais ce n’est plus le cas", a défendu James Gunn sur Twitter. Lequel avoue y avoir eu recours sur Les Gardiens de la galaxie. "Ils peuvent aussi aider à améliorer un très bon film", note encore le cinéaste de l’écurie Marvel.
Reshoots can be trying to fix a broken movie. But they can also help to enhance a great one. I dig having the option https://t.co/qPmWTyHgBy
— James Gunn (@JamesGunn) 5 septembre 2016
Ce mélodrame estival traduit surtout les attentes énormes des producteurs de Star Wars, qui souhaitent développer les spin-offs autour de la saga originale de George Lucas. Et la création d’un univers dépend évidemment des résultats au box-office de Rogue One.
4George Lucas a aimé le film
"Je peux mourir heureux." Le réalisateur de Rogue One, Gareth Edwards, n'a pas caché sa joie, dimanche 4 décembre, lors d'une conférence de presse dans le quartier général de Lucasfilms, à San Francisco. En compagnie d'acteurs et de l'équipe du film, le Britannique a confié que George Lucas, l'une des rares personnes à avoir vu le film dans son intégralité, a été emballé. "Il y a deux jours, nous avons montré Rogue One à George, a-t-il ainsi lancé, comme le rapporte le site Joblo. J'ai pu lui parler hier. Je ne veux pas parler à sa place, mais je peux honnêtement dire que maintenant, je peux mourir heureux. Il a vraiment aimé le film, donc ça veut dire beaucoup."
Une vraie bouffée d'air frais pour Gareth Edwards, qui a essuyé de nombreuses rumeurs négatives à la suite des "reshoots" organisés cet été. "Je ne veux pas offenser quiconque ici, mais c'était la critique la plus importante à mes yeux, a d'ailleurs ajouté le réalisateur. Vous êtes également importants, mais lui est une sorte de Dieu. Je vais emporter notre conversation dans ma tombe. C'était un vrai privilège. Son opinion compte énormément pour moi."
Un avis d'autant plus flatteur que le père de la saga Star Wars avait durement critiqué Le Réveil de la Force. "Ils voulaient faire un film rétro. Je n'aime pas ça. J'ai fait mes films de manière complètement différente : différentes planètes, différents vaisseaux, pour les rendre nouveaux", avait regretté, en novembre 2015, George Lucas, qui a vendu en 2012 les droits de sa saga à Disney pour 4 milliards de dollars, estimant que l'épisode VII n'était qu'un reboot de l'épisode IV. Il avait toutefois rétropédalé début janvier, affirmant qu'il était "ravi que Disney possède la saga et l'emmène dans des directions aussi excitantes au cinéma, à la télévision et dans des parcs d'attractions. Disney fait un travail extraordinaire pour étendre l'univers de Star Wars".
5Le résultat est à la hauteur des attentes
Pari réussi. Dès le début du projet, Disney avait affiché ses ambitions avec Rogue One : proposer une histoire originale qui ne fasse pas partie d'une des trilogies de la saga. L'objectif étant d'explorer l'"univers étendu" de Star Wars et de livrer un film à la tonalité différente. Nous suivons ainsi un groupe de rebelles, évoquée dans l'épisode IV, lancé dans une mission secrète périlleuse pour découvrir les plans de l'Etoile de la mort. Les premiers échos laissaient ainsi entendre que Gareth Edwards s'était inspiré des Canons de Navarone ou du Pont de la rivière Kwaï pour réaliser un long-métrage digne des meilleurs films de guerre ou de sabotage.
Et cette volonté transpire à l'écran. Rogue One prend le risque de casser certains codes de la saga pour offrir un film plus sombre où les enjeux sont terriblement terre à terre. Nous sommes loin des préoccupations des Jedi et de leurs nobles élans, mais au cœur d'une Rébellion très humaine, qui n'hésite pas à ordonner des assassinats ou à se débarrasser de ceux qui pourraient entraver ses projets. Même chose du côté de l'Empire, où les principaux personnages présents à l'écran sont plus motivés par leurs ambitions personnelles que par des visées politiques.
Gareth Edwards filme ainsi à hauteur d'homme pour nous montrer toute la violence d'un conflit qui ne servait que de trame dans les autres films de la saga. Si l'on retrouve quelques séquences de combats dans l'espace à coup de X-Wings et de Tie Fighters, c'est surtout au sol que se déroulent les affrontements qui, dans le dernier tiers du film, sont plus proches de La Chute du Faucon noir que de la Guerre des clones. Sans oublier l'une des dernières séquences du film, où, en moins de deux minutes, Gareth Edwards nous offre un Dark Vador plus terrifiant qu'il ne l'a jamais été dans toute la saga.
En fait #RogueOne est tt ce que le Reveil de la Force n'est pas : magnifique visuellement, fan service non putassier, vrais risques
— philippe guedj (@JohnPlissken) 12 décembre 2016
Mais si Rogue One n'hésite pas à casser certains codes de Star Wars, il en garde toutefois l'esprit en nous dévoilant, par exemple, de nouvelles planètes, en laissant ici ou là quelques références bien senties et en présentant intelligemment l'épisode IV. A prendre autant de risques, le film commet forcément,du coup, quelques erreurs, comme une mise en place un peu lente pour présenter les nouveaux personnages. En parlant des nouveaux personnages, on pourra aussi regretter un casting inégal où certains acteurs, à l'image de Felicity Jones ou Diego Luna, peinent à insuffler du charisme à leur rôle, ou de Mads Mikkelsen et Forest Whitaker, sous-exploités. Mais Rogue One prend tellement d'initiatives intéressantes qu'on lui pardonne sans problème ses quelques défauts. Mieux, on en redemande.