Sévèrement burné. Avec Deadpool, qui sort en salle mercredi 10 février, les studios Fox lancent dans le grand bain des super-héros le personnage le plus irrévérencieux du catalogue Marvel. Un mercenaire surarmé, Wade Wilson, qui bénéficie d'un puissant pouvoir d'autoguérison à la suite d'expériences censées le guérir de son cancer généralisé.
Sauf que contrairement à Spider-Man, ces grands pouvoirs s'accompagnent chez lui d'une grande... irresponsabilité. Un personnage fou, grossier, défiguré et méconnu du grand public sur qui la Fox a pourtant décidé de miser. Pop Up' vous en dit plus sur cet ovni cinématographique qui connaît une grosse hype depuis plusieurs mois.
1C'est un personnage à part dans l'univers Marvel
Oubliez tout ce que vous savez sur les super-héros Marvel. Certes, Deadpool porte un costume, a des pouvoirs et affronte régulièrement des ennemis surpuissants. Mais ne vous attendez pas à découvrir un clone de Captain America ou Spider-Man. Car contrairement à ses collègues, ce personnage sait qu'il est dans un comic. Depuis son apparition dans l'univers Marvel au début des années 1990, Deadpool a brisé le quatrième mur en s'adressant directement au lecteur et en commentant ses propres aventures.
En tant que super-héros, il sait qu'il n'est pas réel et n'hésite jamais à critiquer le scénario ou les dessinateurs. Il lui arrive ainsi régulièrement de s'arrêter en plein milieu d'une baston pour regarder le lecteur et lui expliquer que ce combat est décidément bien ennuyeux. Une tendance au bavardage, à l'insolence et aux vannes bien senties (et salaces) qui lui ont d'ailleurs valu le surnom de "The Merc with a Mouth", que l'on pourrait traduire par "Le mercenaire à la grande bouche".
Autre différence notable avec ses collègues Marvel, Deadpool n'est ni gentil, ni méchant. Bien au contraire. Son instabilité dans ses alliances (tantôt ennemi, tantôt allié des X-Men par exemple) n'a d'égal que son mental trouble (psychopathe, mégalomane...) et son statut de mercenaire. D'ailleurs, comme il le dit dans le trailer du film, il n'est pas "un super-héros", juste "un putain de super-héros". Un personnage bien barré qui a même eu droit à son anthologie en France - Je suis Deadpool - sorti le 3 février aux éditions Panini.
2Ryan Reynolds <3 Deadpool
Deadpool et Ryan Reynolds se tournent autour depuis plus de dix ans. Dès 2005, l'acteur canadien, qui commence à peine à se faire un nom à Hollywood, annonce au cours d'une interview qu'il est intéressé par une adaptation ciné des aventures du "Merc with a Mouth" avec comme scénariste David S. Goyer (Suicide Squad). Il attendra quatre ans avant de voir ses projets se concrétiser... en partie. Car si l'acteur incarne bien Deadpool, il le fait en tant que rôle secondaire dans X-Men Origins : Wolverine. Pire, le film avec Hugh Jackman est une catastrophe et le personnage de Deadpool est complètement raté car il ne ressemble en rien à ce que l'on trouve dans les comics. Une déception pour les fans et Ryan Reynolds, qui loupe son premier rendez-vous avec le mercenaire.
Frustré, l'ex-mari de Scarlett Johansson se lance alors dans une autre adaptation de super-héros : Green Lantern. Deuxième catastrophe puisque le film de Martin Campbell, sorti en 2011, est totalement ridicule et fait un four absolu au box-office malgré son budget de 169 millions de dollars. De quoi vous enterrer une carrière d'acteur et vous passer le goût d'enfiler un costume en Lycra. De fait, Ryan Reynolds va un peu disparaître des écrans radar, mais il n'abandonne pas l'idée d'adapter Deadpool au cinéma.
Mais cette fois, pour être sûr de ne pas rater son rendez-vous, l'acteur s'investit à fond dans le film. Déjà, il décide d'être coproducteur. "Je voulais que Deadpool soit le plus proche possible du vrai personnage puisque dans X-Men Wolverine, j'avais incarné la version la moins authentique de Deadpool. (...) J'ai donc pris part à la production pour que ça reste conforme à ce que nous avions écrit, explique Ryan Reynolds dans une interview. On nous a accordé un tout petit budget : à peu près l'équivalent du budget coke de n'importe quelle superproduction hollywoodienne. Mon job était que chaque penny soit dépensé au profit du film : pas de dîner classe, pas de billet d'avion en première, ni rien de tout ça."
L'acteur se bat même avec le studio pour que le film conserve la violence et l'humour graveleux propre à l'univers de Deadpool, quitte à ce que le film soit classé "R" (interdit aux moins de 18 ans) aux Etats-Unis, ce qui, évidemment, arriva. Et pour assurer la promotion du film, Ryan Reynolds s'est investi à fond dans une campagne promotionnelle originale et osée sur le net qui est rapidement devenue virale. De quoi donner une vraie hype au film et relancer la carrière de l'acteur ?
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— Ryan Reynolds (@VancityReynolds) 4 Février 2016
3Des premières critiques mortelles
Un vent de fraîcheur (qui pique un peu quand même) souffle sur les films de super-héros. C'est un peu l'analyse des premières critiques de Deadpool. "Reynolds et son personnage sont du gaz hilarant dans un genre qui a tendance à se prendre beaucoup trop au sérieux, lance Entertainment Weekly. Deadpool n’est peut-être pas le summum de la comédie, mais c’est le summum d’un film Marvel. Et en ce moment, c’est quelque chose !"
Le ton du film, porté par Rhett Reese and Paul Wernick, qui avaient déjà travaillé sur le scénario du mythique Zombieland, a visiblement aussi séduit Gamesradar. "Lourd, inventif et scandaleux, Deadpool est un délice, écrit le site spécialisé dans les jeux vidéo et la pop culture. Tout le mérite en revient à Ryan Reynolds et compagnie qui ont eu des couilles en acier pour aller si loin."
Toutefois, si de nombreux critiques sont séduits par le côté barré et jusqu’au-boutiste du film, certains relèvent quelques défauts liés à ces qualités. "En laissant à Deadpool la possibilité d'incarner le gentil et le méchant, avec les prérogatives qui l'accompagnent, il ne reste finalement pas grand-chose pour ses ennemis", estime The Guardian. IGN, de son côté, regrette des effets spéciaux un peu légers, liés au budget relativement modeste du film. Pour Uproxx, le film "n'arrête pas de nous rabâcher à quel point il est sur le fil, malin et foufou, mais ce que l'on voit à l'écran, c'est bel et bien un bon vieux film de super-héros".