Il n'est pas trop tard pour découvrir Master of None. Certes, la comédie d'Aziz Ansari est disponible sur Netflix depuis le 6 novembre. Mais Pop Up' vous donne trois bonnes raisons de vous lancer, si ce n'est pas déjà fait, dans la première saison de cette sitcom à la frontière entre Louie et Parks and Recreation.
Parce qu'Aziz Ansari est encore plus drôle que d'habitude
Peu connu en France, le comédien, l'un des principaux acteurs de la série Parks and Recreation, est une star du stand-up aux Etats-Unis, capable de remplir le Madison Square Garden (19 000 spectateurs) à New York. Là, en plus de jouer le premier rôle de Master of None, l'humoriste signe le scénario de la série avec Alan Yang, un des auteurs de Parks and Recreation. Surtout, les deux acolytes ont écrit un personnage moins caricatural que Tom Haverford, qui a fait son succès. Le comique gesticule moins, se fait plus réaliste. Il interprète un New-Yorkais trentenaire, comédien médiocre, enchaînant les pubs et les auditions, une version probablement inspirée de sa propre histoire. Pari réussi, puisqu'Aziz Ansari se montre plus touchant, plus humain et plus drôle encore qu'on ne le connaissait.
Parce que "Master of None" rigole de sujets sérieux
Dans ses spectacles de stand-up (dispos aussi sur Netflix), Aziz Ansari blaguait déjà à propos de ses origines indiennes, du racisme en Amérique et égrenait ses vannes sur les relations hommes-femmes. Dans Master of None, il retrouve ces thèmes qui l'inspirent. Le harcèlement sexuel, les archétypes à la télévision, l'immigration... Chaque épisode (d'une petite trentaine de minutes) est centré sur un sujet et s'en amuse avec plus ou moins de spleen. Le plus réussi, "Indians on TV", égratigne par exemple le manque de représentativité à la télé et au cinéma, après le refus d'un patron de chaîne de diffuser une série avec "deux Indiens".
Au-delà des répliques tordantes et du comique de situation, on comprend bien qu'Aziz Ansari a souffert de ce genre de remarques, de ces auditions durant lesquelles on lui demande de marquer davantage son accent indien. Master of None s'inscrit alors dans la veine des séries comiques d'autofiction, comme Louie ou Girls, mais Aziz Ansari propose un regard sur sa propre expérience moins désabusé et plus positif que Louis C.K. ou Lena Dunham. Bref, la série de Netflix ne raconte pas que des choses marrantes mais le fait toujours avec le sourire.
Parce que c'est une comédie romantique cool
Cela dit, Master of None n'est pas une série à sketchs. L'un de ses arcs narratifs, parce qu'il faut bien une évolution du personnage principal au fil des épisodes, repose sur la romance entre Dev (Aziz Ansari) et Rachel (Noël Wells, aux faux airs de Zooey Deschanel). A l'instar d'En cloque : mode d'emploi, leur histoire commence par un coup d'un soir. "Mornings", l'un des épisodes les plus cool, quasi expérimental dans sa narration, s'intéresse même aux seules matinées du couple et rappelle parfois le très chouette (500) jours ensemble (de Marc Webb, avec Joseph Gordon-Levitt et Zooey Deschanel – encore elle).
Certes, Aziz Ansari raconte une fois de plus la crise de la trentaine d'un bobo new-yorkais : Dev vit à Brooklyn, galère professionnellement mais profite d'un appartement top, etc. Master of None reproduit parfois ce qu'il y a de plus critiquable dans le cinéma indépendant américain. N'empêche, le comique livre une chronique douce-amère de la vie de couple et des relations hommes-femmes. Il signe surtout la comédie originale la plus fun de l'année. En espérant que Netflix ait la bonne idée de la renouveler pour une deuxième saison.