L'hiver est arrivé. Le dernier épisode de la saison 5 de Game of Thrones a été diffusé, lundi 15 juin, et tout s'est subitement accéléré au royaume de Westeros. Au terme d'un final plus que sanglant, la saga de George R. R. Martin a encore su nous surprendre malgré une première partie pour le moins ennuyeuse. Pop Up' revient sur une saison 5 marquée par les polémiques et les révélations [attention SPOILER].
La critique générale
Vous vous souvenez de ces heures à patienter dans la file d'attente qui devait vous mener au dernier manège le plus cool de l'histoire des parcs d'attractions ? Cette excitation qui laisse peu à peu place à l'agacement puis à la lassitude, limite au dégoût lorsqu'après deux bonnes heures de queue, vous vous installez enfin dans le manège ? Et puis, votre charriot s'est mis en route, et vous avez pris une claque aussi violente et intense que brève. Voilà ce que l'on ressent au bout des 10 épisodes de la saison 5 de Game of Thrones.
Pendant longtemps, cette saison s'est montrée paresseuse en exposant lentement les différentes intrigues des personnages sans qu'il se passe grand-chose. Les principaux protagonistes voyageaient, mais ils étaient frappés d'immobilisme comme Tyrion. Ils dirigeaient, mais étaient prisonniers de leur propre royaume comme Daenerys. Et quand ils prenaient des décisions, comme Jon Snow, on ne voyait pas trop ce que ça pouvait changer. Il aura fallu attendre en fait six épisodes, et le viol de Sansa Stark, pour qu'enfin la machine Game of Thrones se mette en marche et emporte tout sur son passage. Au terme d'une fin de saison ébouriffante, qui a enchaîné les scènes spectaculaires (la bataille de Durlieu, l'affrontement dans l'arène de Meereen...) et les séquences marquantes (le premier assassinat d'Arya et sa cécité soudaine, le sacrifice de la fille de Stannis Baratheon, la marche expiatoire de Cersei...), la saison 5 s'est achevée sur une scène qui a laissé les téléspectateurs sans voix, et passablement furieux, avec la mort de Jon Snow.
Alors oui, les mécanismes de la série commencent à se voir (rien ne se passe pendant la moitié d'une saison, puis boum, tout s'accélère). Oui, elle tombe parfois dans la facilité pour susciter la polémique. Oui, elle respecte de moins en moins les livres de George R. R. Martin et oui, il ne fait définitivement pas bon être un Stark à Westeros, mais putain, quel pied. On excuse au final ces heures passées à s'ennuyer et on se remettra volontiers dans la file d'attente l'année prochaine pour prendre une nouvelle claque. Mais attention, l'exercice est risqué car le jour où Game of Thrones ratera son final, il ne restera pas grand-chose pour sauver sa saison.
Le meilleur épisode
Le choix est aussi simple que compliqué. Simple car, au final, seuls quatre épisodes, les derniers, sortent du lot. Mais compliqué, car tous offrent des scènes marquantes. Mais les épisodes 8 et 10 tiennent la corde. Le 8 pour son armée de Marcheurs blancs déchaînés et sa bataille à faire pâlir d'envie les amateurs de films de zombies. Les internautes d'IMDB l'ont d'ailleurs rapidement classé meilleur épisode de toute la série, c'est dire. Jon Snow était de retour dans le game, Tyrion endossait son rôle de beau parleur auprès de Daenerys, Theon entamait une timide mais prometteuse rébellion. Game of Thrones nous avait habitués à tout donner dans l'épisode 9, mais c'est l'épisode final qui nous a collé un grand coup derrière la nuque cette fois-ci. Autant dire que peu d'entre nous avaient vu venir la mort de Jon Snow, qui fera longtemps pleurer les fans de Kit Harington. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir vu les Stark tomber les uns après les autres au fil des saisons. Quant à Stannis, si sa mort est moins surprenante, et probablement moins triste, elle laisse un sacré vide en réduisant le nombre de prétendants au trône.
Le personnage le plus cool
Euh, le chef des Marcheurs blancs, on en parle ? Non seulement, il est quasi-increvable, mais en plus, il lui suffit de lever les bras pour lever une armée. On n'aimerait pas croiser sa route, mais on veut voir ce qu'il a dans le ventre pour la suite.
On les a peu vues, mais elles sont prometteuses : les Sand Snakes, filles d'Oberyn Martell, qui ne désirent rien tant que venger leur père. Ces sœurs badass prêtes à prendre les armes à la moindre occasion seront les bienvenues pour mettre un peu d'ambiance dans la saison 6. Sansa Stark, toujours un peu lente au démarrage, reste le personnage le plus résilient, la personnalité la plus complexe de la série. Celle qui accepte les pires traitements sans mot dire, mais prépare sa revanche, plus subtilement qu'Arya. On l'attend au tournant. Ne nous déçois pas, Sansa (si tu n'es pas morte).
Le personnage le plus décevant
A trop jouer avec le feu, Stannis Baratheon a fini par se brûler les ailes. L'héritier légitime du Trône de Fer pouvait nourrir de hautes ambitions dans cette saison. Après avoir sauvé la Garde de la nuit et montré un leadership convaincant, on le voyait aisément en sauveur de Winterfell et on était même prêt à lui pardonner sa manie de mettre tout le monde sur un bûcher à condition qu'il file une bonne fessée aux Bolton.
Las, Stannis a enchaîné les mauvaises décisions dans la saison 5 (tuer Mance, partir à l'assaut de Winterfell malgré la neige...) jusqu'à sacrifier sa propre fille sur un bûcher sur les conseils toujours illuminés de lady Melisandre. Une faute impardonnable qui lui a coûté la moitié de son armée, qui a préféré déserter, sa femme, qui s'est pendue, et la victoire face aux Bolton. Le tout pour finir décapité, semble-t-il, car étrangement, la scène n'est pas montrée à l'image, par Brienne de Thorth.
La scène la plus dingue
Ça devient une tradition dans Game of Thrones. Chaque saison a droit à une scène complètement folle qui laisse les téléspectateurs à genoux, comme le combat prise de tête entre Oberyn Martell et La Montagne dans la saison 4. Et on peut dire que l'on a été gâtés cette année entre le viol polémique de Sansa Stark (lire ci-dessous), le sacrifice de la fille de Stannis Baratheon, l'assaut de l'arène des gladiateurs par les fils de la Harpie ou le meurtre de Jon Snow, façon Jules César. "Tu quoque mi fili"
Mais c'est surtout la bataille de Durlieu qui a marqué les esprits. Dans une scène de 20 minutes qui conclut l'épisode 8, Jon Snow et les sauvageons restés de l'autre côté du Mur doivent affronter, pour la première fois, une horde de morts-vivants menée par les Marcheurs blancs. Un affrontement épique et sanglant sous la neige digne d'une production hollywoodienne telle que le Seigneur des anneaux. Une scène tournée durant un mois dans des conditions particulièrement "épouvantables", révèle Kit Harington, alias Jon Snow, qui glisse au Huffington Post qu'"il faisait froid, humide et que tout l'argent de la série a été dépensé pour cette scène et pas pour le confort des acteurs..."
Spectaculaire, cette scène est aussi riche en enseignements. On y apprend, par exemple, que d'autres armes que celles faites en verredragon peuvent abattre les Marcheurs blancs (celles fabriquées avec de l'acier valyrien). On peut aussi observer les pouvoirs de ces créatures qui, dans une dernière séquence filmée dans un silence écrasant, réveillent les morts.
La polémique
Des fans en colère, des millions de tweets outrés et même une sénatrice américaine qui monte au créneau. C'est peu dire que la scène finale de l'épisode 6 a suscité une véritable polémique. Pourtant, la série nous avait habitués à des scènes chocs qui provoquent une vraie colère (la décapitation de Ned Stark, le "Red Wedding"...), mais le viol de Sansa Stark par Ramsay Bolton est allé plus loin. Trop loin, assurent même certains critiques, qui estiment que cette scène est, au mieux, gratuite, au pire destinée à relancer une saison qui ronronnait gentiment jusque-là. Etait-il nécessaire, en effet, de faire encore plus souffrir le personnage de Sansa Stark alors que ce moment est absent des livres écrits par George R. R. Martin ? "Le viol, ici, comme tout le temps, n'est pas nécessaire pour conduire l'histoire", estime ainsi le site féministe The Mary Sue, qui a même décidé de ne plus promouvoir Game of Thrones.
Ce n'est pas l'avis d'Amanda Marcotte, sur Slate.com, qui défend même cette scène. "Pour une fois, un viol est représenté de façon juste : un acte de sadisme et pas une surabondance de passion, explique-t-elle. (...) Le viol de Sansa Stark – tout comme l'exécution de Ned et les Noces pourpres – n'a pas été traité à la légère, mais présenté comme un acte de guerre envers la famille Stark. Oui, c'était horrible. C'était le but." Une chose est sûre, cette scène polémique a complètement relancé la saison. Mais on peut légitimement constater que les scénaristes aiment torturer les femmes, dès leur plus jeune âge (même s'il s'agit de mieux punir leurs bourreaux ensuite).
Les punchlines qui tuent
"Le Nord se souvient", une habitante de Winterfell à Sansa (épisode 3).
C'est le moment où l'on comprend que l'espoir n'est pas mort pour les Stark. Malgré l'aide des Nordiens, Sansa est toujours coincée chez les Bolton. Mais on sent bien que quelque chose se prépare, et que la vengeance des rudes hommes du Nord sera terrible.
"J'ai tué ma mère à ma naissance, et mon père d'un carreau dans le cœur. Je suis le plus grand tueur de Lannister", Tyrion Lannister (épisode 8)
Voilà comment, en deux phrases, le nain le plus célèbre de Westeros livre son CV à Daenerys, qui se demande si elle doit le prendre comme conseiller. Et ça marche. Tyrion réussit ainsi à convaincre Khaleesi de ne pas le tuer grâce à son sens de la formule légendaire.
"L'homme maigre n'avait pas faim aujourd'hui." "Peut-être est-ce pour cela que l'homme est maigre." Arya Stark et Jaqen H'ghar (épisode 9)
L'apprentissage d'Arya dans l'antre du Dieu Multiface a été long et souvent fastidieux. Mais ses échanges avec son mentor Jaqen H'ghar valaient souvent le détour.
Qu'est-ce qu'on attend pour la saison 6
Avec la mort de Jon Snow, la cécité d'Arya et le mystère entourant le sort de Sansa, qui s'est jetée du haut des remparts de Winterfell en compagnie de Theon, la cause des Stark semble perdue. Reste désormais Bran, absent de cette saison depuis qu'on l'a laissé à la fin de la saison 4 en compagnie de la corneille à trois yeux. C'est peut-être lui qui prendra le relais l'année prochaine. Avant de se faire assassiner ? Le retour au premier plan de Varys en compagnie de Tyrion laisse aussi penser que son rôle sera beaucoup plus important à l'avenir, et ses jeux de dupe pourraient bien coûter cher à l'un des personnages principaux : on l'imagine ainsi aisément trahir Tyrion et Daenerys pour le compte d'on ne sait pas encore qui. Surtout, il manque une énorme partie de A Dance with the Dragons, le dernier tome publié par George R. R. Martin : la lente déchéance des Lannister qui voient les membres de la famille mourir aussi vite que des Stark. Mais après sa marche expiatoire, on attend désormais avec envie la vengeance de Cersei, qui pourra compter sur un némésis à la hauteur de sa colère, à savoir La Montagne revenue d'entre les morts.
Reste quand même qu'on se demande bien comment vont faire les scénaristes de Game of Thrones pour la saison 6 car, dans presque tous les recoins des Sept Royaumes, la série a quasiment rattrapé les livres de George R. R. Martin... Et du coup, deux théories s'imposent : est-ce que le show d'HBO va définitivement se départir des livres, ou faudra-t-il attendre que Martin ait enfin pondu le tome suivant pour remettre en marche la machine à télécharger s'abonner à OCS ?